🇧🇷 Décès du photographe Sebastião Salgado (revue de presse)
Sebastião Salgado, photographe franco-brésilien, est mort à l’âge de 81 ans, a annoncé l’Académie des beaux-arts française, dont il était membre, vendredi 23 mai.
« Photographe parcourant le monde sans arrêt, il a contracté une forme particulière de malaria en 2010, en Indonésie, dans le cadre de son projet Genesis. Quinze ans plus tard, les complications de cette maladie se sont transformées en une leucémie sévère, qui a eu raison de lui », a précisé sa famille dans un communiqué transmis à l’AFP. « À travers l’objectif de son appareil, Sebastião s’est battu sans relâche pour un monde plus juste, plus humain et plus écologique », ajoute-t-elle. Revue de presse.
Voir également : Décès du photographe Sebastião Salgado. « Montrer l’Amazonie vivante » (FALMag 2022)
Mort du photographe Sebastião Salgado : l’Amazonie perd un fervent défenseur (Raphaël Bernard / Reporterre)
Le photographe franco-brésilien décédé le 23 mai aura été l’un des premiers à alerter sur la dégradation de l’Amazonie. Ses photos de la grande forêt et de ses habitants ont marqué le monde et contribué à leur protection.

À première vue, on pourrait croire qu’il s’agit d’une fourmilière. Puis, le regard s’affine, et l’œil commence à distinguer des formes humaines, minuscules et grouillantes, dont les contours contrastent avec le gris terreux de la Serra Pelada, plus grande mine d’or à ciel ouvert du monde, dans l’état amazonien du Pará. Elles restent aujourd’hui parmi les plus célèbres clichés de celui qui fut probablement un des plus grands photoreporters au monde.
Nous étions en 1986, et Sebastião Salgado commençait alors à découvrir l’Amazonie. Contraint de s’exiler en France pendant la période de la dictature militaire brésilienne (1964-1985), il a profité de la réouverture démocratique pour explorer un territoire qui, jusqu’ici, ne bénéficiait pas vraiment de l’attention mondiale.
« Dans les années 1980, ma plus grande curiosité, c’était de connaître les peuples de la forêt amazonienne. C’était un être humain que j’imaginais très différent de moi, mais j’ai tout de suite découvert que nous étions exactement pareils. Tout ce qui était important et essentiel à mes yeux était important et essentiel pour eux aussi », expliqua-t-il à la Folha de São Paulo en 2022.
S’ensuivront au total 48 voyages, qui feront de lui une des plus grandes voix de la lutte pour la sauvegarde de la forêt. « C’était un pionnier dans sa capacité à user de son art et sa visibilité pour faire avancer cette cause de la sauvegarde pour l’Amazonie », dit Ricardo Piquet, directeur du musée du Lendemain de Rio et du musée des Amazonies de Belém, fin connaisseur du travail du photographe.
« Tião [surnom amical de Sebastião Salgado] a donné une dimension à l’Amazonie, il a démontré à quel point l’Homme y est petit », ajoute Izabella Teixeira, ancienne ministre de l’Environnement du Brésil et amie intime du photographe. Très émue, l’ancienne femme d’État insiste sur son rôle dans son pays natal : « Je dis souvent que le problème de l’Amazonie, c’est que le monde entier en est conscient, mais pas le Brésil. Tião a beaucoup travaillé pour que ce soit moins vrai » — bien que la déforestation y continue de plus belle. « Sans lui, nous serions aveugles. Aujourd’hui, nous sommes juste myopes », concède-t-elle.
Engagé politiquement, en premier aux Jeunesses communistes, Sebastião Salgado n’a pas cantonné son travail en Amazonie au simple constat. Plusieurs fois, alors qu’il était en reportage, il a été témoin de violations des droits humains subies par des tribus isolées.
Dans le cadre de son projet Genesis, commencé en 2004, il est ainsi parti à la rencontre de la tribu Zo’é, dans l’état amazonien du Pará. Ces derniers lui firent part de la pollution de leurs cours d’eau, causée par l’activité d’une entreprise minière britannique. Le reporter joua de ses contacts pour faire accélérer la reconnaissance de leur territoire, qui aboutit en 2009. Malgré tout, son rapport à la nature reste entaché de quelques polémiques. (…)
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Sebastião Salgado, l’empreinte d’un colosse humaniste (Patrick Piro / Politis)
Encensé pour ses reportages sociaux et écologiques, le photojournaliste brésilien, l’un des derniers maîtres de l’image noir et blanc, est décédé vendredi 23 mai à Paris, âgé de 81 ans. L’héritage qu’il laisse au monde dépasse les quelques polémiques que son travail a suscitées.
Les hommages pleuvent à verse sur Sebastião Salgado. Voilà le photojournaliste franco-brésilien installé au panthéon des fabricants d’icônes contemporaines, et c’est mérité. Chercheurs d’or embourbés dans la Serra Pelada, Bangladeshis démanteleurs de bateaux à main presque nue, paysan·nes sans terre à l’assaut de propriétés incultes, femmes autochtones hiératiques d’Amazonie, vallées paradisiaques…

Certaines de ses images ont imprimé les rétines, partout dans le monde, avec une rémanence qui doit bien plus qu’à la signature esthétique du maître : il en émane une force suggestive qui porte un message humaniste universel, qu’il s’agisse de témoigner d’une vicissitude humaine ou de la beauté du monde, chacune stupéfiante dans sa catégorie.
Tableaux
Salgado a sillonné la planète des milliers de jours dans des dizaines de pays avec ses appareils, lui qui décrivait son engagement de photographe comme une idéologie. On a pu lui en reprocher certains aspects, comme l’esthétisation de la misère, avec cette manière si particulière d’exacerber la solarisation de ses tirages argentiques en noir et blanc. Ses cadrages, rehaussés, devenaient des tableaux.
A-t-il glissé vers une essentialisation flatteuse pour son œuvre, comme avec la pénibilité du travail (La Main de l’Homme, éd. La Martinière, 2014) qui ne serait que servitude ? Contribué à détourner la compassion de la réflexion, en faisant du lyrisme avec le malheur ? Ou encore alimenté le mythe de la pureté, âmes et corps, par ses splendides portraits de peuples amazoniens et autres autochtones ? (Genesis, 2023 ou Amazônia, 2021, éd. Taschen) ?
Il n’a guère ferraillé pour s’en défendre, défendant la puissance d’évocation du noir et blanc, choix qui caractérise la quasi-totalité de son œuvre, comme un droit à l’interprétation de la réalité mais aussi, et peut-être surtout, comme une manière de magnifier la dignité intrinsèque des femmes et des hommes qu’il portraiturait. Et de fait, l’humanisme de Salgado transparaît dans toutes ses images. Pas de misérabilisme ni de sensationnalisme même chez lui, mais de la sensibilité, de l’empathie, et de l’émerveillement pur quand son objectif penche du côté du spectacle de la nature encore inviolée. (…)
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Sebastião Salgado, photographe franco-brésilien, est mort à l’âge de 81 ans (Le Monde / AFP)
Connu pour ses grandes photos en noir et blanc de conflits ou de la forêt amazonienne, le photographe, né à Aimorés, au Brésil, était arrivé à Paris à la fin des années 1960. […] Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a regretté la mort de son compatriote : « Nous avons reçu une très triste nouvelle (…) : la mort de notre compagnon Sebastiao Salgado, si ce n’est le plus grand, l’un des plus grands et meilleurs photographes que le monde ait connus », a salué Lula lors d’un événement à Brasilia.

Le photographe laisse un héritage unique en images de ses centaines de voyages à travers la forêt amazonienne mais aussi à travers la planète, du Rwanda à l’Indonésie, du Guatemala au Bangladesh, capturant avec son objectif des tragédies humaines comme la famine, les guerres ou les exodes.
Grand témoin de la condition humaine et de l’état de la planète, Sebastiao Salgado concevait la photographie comme « un langage puissant pour tenter d’établir de meilleurs rapports entre les hommes et la nature », rappelle l’Académie des beaux-arts dans sa biographie. Il travaillait presque exclusivement en noir et blanc, qu’il considérait à la fois comme une interprétation de la réalité et une manière de traduire la dignité irréductible de l’humanité (…)
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