Déclaration de Paris (Forum citoyen face au sommet du G20 en Argentine)

ACAF (Assamblée de Citoyens argentins en France), Attac (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne), Alba Paris (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique), Alliance de femmes pour la démocratie, Collectif Effraction: poètes des cinq continents, Emmaus international, France Amérique Latine, Hijos-Paris, Mouvement de la paix, Comité pour la libération de Lula (Paris)
Face à la prochaine réalisation du treizième sommet du G20, le 30 novembre et le 1er décembre 2018 à Buenos Aires, nous déclarons que:
Depuis sa création en 2008, le sommet du G20 qui se réalise à huis clos – composée des 10% des pays qui détiennent à eux seuls 85% du PIB mondial, ainsi que de leurs invités permanents, la Banque mondiale, le FMI ou l’OCDE, parmi d’autres – n’a fait que renforcer l’application des politiques néolibérales des dernières décennies qui ont contribué à privilégier la spéculation financière et la concentration des capitaux, responsables de l’appauvrissement des populations les plus démunies, de la faillite environnementale et d’une crise des sociétés avec des conséquences néfastes, qui mettent en danger les principes mêmes de la Démocratie comme système politique citoyen.
La réunion de Buenos Aires est plus que symbolique car l’Argentine fut dans le passé un laboratoire d’expérimentation du FMI, qui lui a imposé ses plans d’ajustement provoquant le défaut et la crise institutionnelle de 2001. Rappelons qu’en 2001, 57% de la population était sous le seuil de pauvreté, que la famine était présente dans plusieurs régions, alors que c’est un pays de 44 millions d’habitants pouvant produire des aliments pour 300 millions de personnes.
Considérant que ce sommet inscrit dans son agenda 14 thématiques de travail qui touchent directement à la vie quotidienne de tous les habitants de la planète, depuis les finances et le commerce international jusqu’à la santé, l’agriculture, l’emploi, l’éducation et les dérèglements climatiques. L’ACAF a convoqué des associations citoyennes et des spécialistes (Fernando Mordi Guerreiri – biologiste ; Axel Ojeda -juriste ; Eduardo Jozami – militant des droits humains et Bruno Susani –économiste).
Les associations présentes déclarent, suite aux réflexions menées dans le cadre du Forum Citoyen de Paris :
Que le système néolibéral qui régit le monde se trouve dans une crise systémique. La crise financière étant un des principaux révélateurs : 30% de la masse monétaire sert à financer l’économie productive tandis que 70 % sert à « faire » de l’argent.
Que l’évasion fiscale généralisée des grands groupes économiques et des grandes fortunes doit être arrêtée. Il n’y aura pas Démocratie politique sans démocratie fiscale.
Que l’OTAN qui fonctionne comme le ‘gendarme’ du monde possède un budget 120 fois supérieur à celui de l’ONU.
Que les nouvelles formes de coup d’Etat, basées sur les pouvoirs, médiatique, juridique et financier minent les principes de la Démocratie et l’autonomie des peuples qui décident de se développer de manière indépendante.
Que la crise environnementale est le résultat d’un système qui privilégie les finances au détriment de la qualité de vie et des rapports de l’homme avec la nature (monoculture avec des OGM et utilisation du glyphosate, déforestation, contamination de l’air, des fleuves et de la mer, réchauffement climatique…)
Que le modèle néolibéral met en danger les droits humains car la politique de misère s’installe par la répression.
Que la Militarisation du monde est une des causes les plus importante de dégradation écologique.
Que la violence contre les femmes est le plus grand frein au progrès humain et à la démocratisation des sociétés
Nous exigeons :
– Une régulation et un contrôle des flux financiers. Le respect des décisions de l’ONU dans la matière.
– La création d’une instance de contrôle au niveau pénal au sein de l’ONU pour éviter les dérives des corporations au niveau environnementale. L’inclusion de l’écocide en tant que crime contre l’humanité, où les entreprises sont des sujets punissables.
– Des études sur les impacts environnementaux des conflits armés, tel qu’il a été décidé par la commission pour l’environnement des Nations Unies.
– La libre autodétermination des peuples.
– Le respect des peuples originaires et de leur droit d’accès à leurs territoires.
– Le respect du droit des femmes à la maîtrise de la fécondité, droit à la contraception et à l’avortement libre et gratuit pour toutes. Une politique globale pour lutter contre les féminicides et les violences et pour faire advenir des démocraties paritaires.
– Maintient des politiques de mémoire, vérité et justice et respect des lieux de mémoire
en Argentine.
– Respect des libertés individuelles et de la libre pensée au Brésil présidé aujourd’hui par Bolsonaro et son gouvernement néo-fasciste