Droit d’avortement en Colombie (Communiqué FAL / Groupe de Travail Luttes de genre et féminismes)


Colombia se une a la marea verde ¡Las mujeres siguen haciendo historia!

Primero fueron las pibas argentinas, luego las morras mexicanas ¡es el tiempo de las parceras colombianas!

Les féministes célèbrent leur victoire devant la Cour constitutionnelle, février 2022. Photo: Nelson Cardenas.

Le 21 février 2022, la Cour Constitutionnelle de Colombie a statué en faveur de la saisine déposée par le mouvement Causa Justa et ainsi dépénalisé l’avortement jusqu’à la 24e semaine de grossesse. France Amérique Latine et son Groupe de travail Luttes de genre et féminismes accompagnent la victoire historique des parceras colombiennes.

Ainsi, après Cuba, l’Uruguay, Porto Rico, l’Argentine, certains États du Mexique, le Surinam, la Guyana, la Colombie, où au moins 70 femmes meurent chaque année des suites d’avortements clandestins, avance sur le droit à l’avortement. Cette décision est une avancée majeure dans la reconnaissance de la liberté et de l’autonomie reproductive. Tout le mérite en revient aux mobilisations féministes et au mouvement Causa Justa, né en 2017, qui aura permis d’imposer la dépénalisation de l’IVG comme débat national de premier plan, dans le sillage de la marea verde continentale.

À quelques jours de l’adoption d’un texte restrictif portant sur l’avortement en cas de viol en Équateur (face auquel le président a de toute façon déjà annoncé son veto), et alors que le pays de Simone Veil a tout juste adopté un projet de loi prolongeant de 12 à 14 semaines le délai légal de l’IVG, cette décision fait de la Colombie un des pays les plus avancés en la matière et le premier pays latino-américain à dépénaliser l’avortement jusqu’à la 24ème semaine.

Néanmoins les combats restent nombreux. D’une part, si le choix stratégique de mener la bataille sur le terrain judiciaire s’est avéré payant, le Pouvoir Législatif se doit de garantir l’effectivité de cette décision, comme l’a appelé de ses vœux le Conseil Constitutionnel. Le système de santé doit être en mesure de garantir l’accès à l’avortement, en particulier pour les filles et femmes en situation de vulnérabilité et/ou vivant dans les régions éloignées des centres de santé.

Par ailleurs, cette décision ne constitue pas une dépénalisation complète. Au-delà du terme de 24 semaines, les conditions d’accès à l’avortement légal restent inchangées (limitées aux cas impliquant un danger pour la vie et la santé de la mère, aux risques de malformation du fœtus ou aux grossesses issues de viol). Le débat en faveur de la liberté et l’autonomie reproductive, que vise précisément à poser la lutte de Causa Justa, se doit d’être mené, sans que les termes du débat sur l’avortement légal ne se limitent à une grille de lecture imposée par le système patriarcal. Maintenir le débat dans la sphère pénale et hors des domaines de la santé publique, de la justice sociale et de la lutte pour le droit de chacune à disposer de son corps, revient à reproduire les conséquences d’un système injuste pour les femmes et filles les plus vulnérables et permettre la criminalisation de celles qui y ont recours et des professionnel.le.s de santé qui les assistent.

De Baranquilla à Paris, au nom de toutes les Lorena Gelis Palomino, décédée le 8 janvier dernier à la suite d’un avortement clandestin, nous continuerons à nous mobiliser pour la reconnaissance et l’effectivité de notre droit à l’avortement, pour en finir avec une pénalisation injuste, inefficace et contre-productive. Nous poursuivrons nos luttes pour revendiquer la légitimité de nos droits en tant que femmes à décider et disposer de nos corps dans des conditions nous permettant l’exercice de notre liberté de conscience et détruire tout obstacle visant à les affaiblir.


Voir également: Colombie: l’avortement dépénalisé jusqu’à vingt-quatre semaines de grossesse (revue de presse)