🇧🇷 Élection municipale au Brésil : « Nous ne voulons pas que São Paulo soit aux mains de l’extrême droite et des milices », réclame Guilherme Boulos (Luis Reygada / L’Humanité)
Issu du Mouvement des sans-toit, Guilherme Boulos est l’une des grandes figures de la gauche brésilienne. Candidat du Parti socialisme et liberté (Psol) – soutenu par le Parti des travailleurs – à l’élection municipale de la plus grande ville d’Amérique latine, São Paulo, dont le premier tour se tiendra ce dimanche 6 octobe. Le député fédéral pourrait créer la surprise face à deux concurrents d’extrême droite. Entretien.

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Que représenterait une victoire de la gauche dans une ville comme São Paulo ?
Notre candidature est le fruit de la plus grande alliance progressiste de l’histoire des élections municipales à São Paulo. Nous voulons construire une ville plus sûre, plus juste, plus humaine, plus innovante et faire de São Paulo une terre d’opportunités pour toutes et tous. En face de nous nous avons les alliés de Bolsonaro, qui parient sur le passé.
Il y a en réalité deux visages de l’extrême droite à São Paulo. Le premier est représenté par l’actuel maire Ricardo Nunes, qui tente de paraître modéré, mais qui a succombé aux pressions de l’ancien président Bolsonaro pour maintenir sa candidature, avec comme candidat adjoint à la mairie le colonel Mello Araújo, un ancien commandant de la Rota (les forces spéciales de la police militaire de l’État de São Paulo) qui s’est déjà fait remarquer par ses déclarations discriminatoires envers les habitants des quartiers pauvres, des favelas.
L’autre camp est représenté par Pablo Marçal, qui attire une partie importante des partisans de Bolsonaro et incarne tout le sentiment de colère et l’agressivité de l’extrême droite, diffusant des fausses nouvelles et jouant un jeu nauséabond qui déséquilibre le processus électoral.
Nunes, soupçonné de détournement de fonds, fait l’objet d’une enquête de la police fédérale, et Marçal a été condamné à une peine de prison pour fraude bancaire. Tous deux sont liés à Bolsonaro, qui est ce qu’il y a pire dans la politique brésilienne. Nous ne voulons pas que São Paulo soit aux mains de l’extrême droite et des milices…
Que signifie concrètement le bolonarisme au niveau municipal, pour les classes populaires et moyennes ?
Ici, au Brésil, nous avons un exemple très concret de ce que signifie la présence de l’extrême droite milicienne au sein du pouvoir public. La ville et l’État de Rio de Janeiro ont été confrontés à la présence de la criminalité dans les institutions publiques, avec des effets très pervers pour la population : un système de santé au bord de l’effondrement, des institutions démantelées, une corruption débridée.
L’assassinat de Marielle Franco, conseillère municipale de mon parti, le PSOL, tuée pour avoir lutté contre l’accaparement des terres dans les zones miliciennes de la zone ouest de Rio de Janeiro, avec l’implication directe des dirigeants politiques de droite, est un symbole du mal que l’extrême droite représente.
Nous ne voulons pas que la même chose se produise à São Paulo, nous ne voulons pas que les personnes qui ont le plus besoin du soutien des autorités publiques soient négligées ou laissées aux mains du crime organisé. Outre le risque réel de voir la criminalité s’installer au sein des institutions, l’agenda de l’extrême droite creuse les inégalités et affaiblit les services publics et les politiques qui servent la population en première ligne. (…)
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