Élection présidentielle : “Le Chili vit une polarisation et une fragmentation politique”(Olivier Bras / France 24)


Le premier tour de la présidentielle organisée dimanche 21 novembre au Chili voit un scénario très ouvert, avec l’avènement de candidats éloignés des partis politiques traditionnels parmi les sept en lice. Ce scrutin s’inscrit dans le sillage d’un puissant mouvement contestataire qui a débouché sur l’élection d’une Assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution.

Gabriel Boric incarne la nouvelle gauche chilienne à l’élection présidentielle. 
© AFP / Martin Bernetti

Un tel scénario électoral ne s’est jamais présenté au Chili depuis le retour de la démocratie au début des années 1990, après 17 années de dictature d’Augusto Pinochet. Les deux candidats qui dominent les sondages en vue du premier tour de la présidentielle, prévu le 21 novembre, appartiennent aux deux extrêmes de l’échiquier politique local, avec Gabriel Boric du côté de la gauche radicale et José Antonio Kast de celui de l’extrême droite. 

Les trente dernières années ont vu se succéder à la présidence quatre personnalités issues d’une vaste coalition de centre gauche, dont Michelle Bachelet qui a effectué deux mandats, et Sebastian Piñera, candidat de la coalition de droite. Après un premier mandat de quatre ans en 2010, il est revenu au pouvoir en 2018, la Constitution chilienne actuelle ne permettant pas de faire deux mandats consécutifs. 

Ce paysage politique s’est complètement transformé en l’espace de 24 mois. Sebastian Piñera est certes toujours au pouvoir, il y restera même jusqu’à la fin de son mandat, en mars 2022, après avoir échappé à une procédure de destitution lancée dans le sillage de révélations des Pandora Papers sur la vente controversée d’une compagnie minière. Mais sa fin de mandat calamiteuse reflète bien le discrédit généralisé à l’égard des ténors politiques locaux.   

“Depuis le début des années 2000, un bouleversement des champs politiques se produit en Amérique latine, avec des nouveaux acteurs qui se trouvent en dehors des partis traditionnels”, explique à France 24 Christophe Ventura, directeur de recherche à l’Iris et spécialiste de l’Amérique latine. “Le Chili est une nouvelle illustration de ce phénomène. On y constate depuis 2017 l’émergence d’un puissant mouvement de contestation, avec une forte poussée de la gauche et l’irruption de nouveaux visages. Le Chili vit une polarisation et une fragmentation politique”, ajoute-t-il. 

Le piteux héritage de Piñera 

Cette protestation a essentiellement été portée par les mouvements étudiants qui ont réclamé pendant de longues années de meilleures conditions pour l’enseignement, dans un pays où l’éducation est très élitiste. Les lycéens, baptisés “les pingouins” en raison de leurs uniformes obligatoires, et les étudiants se sont mobilisés à de multiples reprises pour tenter d‘obtenir la baisse des frais de scolarité, des bourses pour les plus démunis ou des tarifs de transports plus avantageux.  

Leurs revendications n’ont pas été entendues, ou en tout cas pas suffisamment, par les gouvernements successifs de Michelle Bachelet et de Sebastian Piñera. Et une nouvelle augmentation du prix des transports en commun a mis le feu aux poudres en octobre 2019. Dans les sillages des élèves descendus dans la rue pour dénoncer ces augmentations, un mouvement massif de protestation s’est développé et a tenu pendant plusieurs semaines. Il a été marqué par une intense répression policière critiquée par différents organismes de défense des droits de l’Homme. (…)

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La procédure de destitution contre Sebastian Piñera échoue
(France 24)

Sebastian Piñera, a échappé, mardi, à la destitution. L’opposition avait enclenché cette procédure après les révélations des “Pandora Papers” sur la vente, par les enfants du président chilien, d’une compagnie minière réalisée dans un paradis fiscal.

Ses partisans dénonçaient un “procès politique”. Le Sénat du Chili a voté, mardi 16 novembre, contre la destitution du président Sebastian Piñera, soupçonné de conflit d’intérêt dans la vente d’une compagnie minière en 2010 réalisée dans un paradis fiscal et révélée par les “Pandora Papers”.

Ce vote met un terme à la procédure de destitution qui avait été approuvée la semaine dernière par la Chambre des députés, où l’opposition est majoritaire.

Au Sénat, également dominé par l’opposition, une majorité des deux tiers, soit 29 voix, était nécessaire. Or seuls 24 sénateurs ont voté pour la destitution, 18 contre et un s’est abstenu. (…)

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