Élections présidentielles au Chili : Le peuple chilien ferme la porte à l’extrême-droite avec l’élection de Gabriel Boric (Communiqué de France Amérique Latine)


« C’est un moment historique, plein d’émotion (…). Je m’engage à protéger la démocratie chaque jour de notre gouvernement », affirmait ce 19 décembre pour son premier discours le nouveau président élu du Chili, Gabriel Boric, devant des dizaines de milliers de personnes venus fêter sa victoire. Ce dimanche, la coalition Apruebo Dignidad (qui englobe notamment le Parti Communiste et le Front Large) a triomphé du pinochetiste ultralibéral José Antonio Kast, en remportant avec plus de 55%, la tête du pays andin.

FAL, née en 1970, au moment de l’arrivée de Salvador Allende à La Moneda, ne peut que célébrer l’échec de l’extrême-droite. C’est une claire victoire du peuple chilien, avec un taux de participation historique, et aussi une excellente nouvelle pour l’Amérique latine et la Caraïbe. Le jeune député, et ancien dirigeant étudiant, a battu Jose Antonio Kast avec un programme axé sur davantage de justice sociale, alors que le Chili a connu en 2019 une révolte populaire sans précédent et a montré son rejet du système en place en votant pour de nombreux indépendant.e.s et représentant.e.s des peuples autochtones lors de l’élection de la Convention constitutionnelle, en mai dernier.

Un concert de klaxons a résonné dans les rues de la capitale aussitôt après que M. Kast ait reconnu sa défaite. Le nouveau chef de l’État élu prendra officiellement ses fonctions le 11 mars. Il entend promouvoir une grande réforme fiscale pour faire participer les plus riches, – 1 % des Chiliens détient 26,5 % des richesses – à son programme de meilleur accès à la santé, à l’éducation et à la création d’un nouveau système de retraite, aujourd’hui entièrement privé. Une ambition et un programme économique qu’il a modérés hier soir devant ses électeur-trices : « Cela sera difficile, nous avancerons à petits pas, mais fermement ».

Dans un pays « paradis » du néolibéralisme, gouverné par le centre droit et le centre gauche depuis la fin de la dictature il y a trente-et-un ans et avec un Congrès qui ne sera pas acquis au changement, les défis sont très nombreux. À commencer par la mise en place de la future Constitution d’ici la fin 2022 et l’avancée vers un État plurinational qui rompe clairement avec l’héritage de la dictature. Les mouvements populaires, les féministes, la jeunesse, le peuple Mapuche, les syndicats et tous celles et ceux qui se sont mobilisé.e.s en octobre 2019 entendent bien rappeler au nouveau gouvernement leurs exigences sociales et démocratiques. L’une des priorités, rappelée à G. Boric par la foule rassemblée à Santiago hier soir, est celle du respect des droits humains dont la demande urgente de la libération de tous les prisonnier.e.s politiques victimes de la terrible répression menée par le gouvernement Piñera depuis deux ans.

France Amérique Latine continuera à soutenir ces demandes issues du mouvement social. Et nous tenons aussi à féliciter le peuple chilien pour cette belle victoire. Face à l’extrême-droite qui, ici comme là-bas, cherche à instiller le poison de son discours de haine, nous disons au contraire : solidarité !

Bureau National de France Amérique Latine
Paris, le 20 décembre 2021