Le 19 mai à Cali, au meeting de Gustavo Petro / Ernesto Guzman Jr./EPA/MaxPPP

C’est un petit morceau de papier qui circule de main en main et qui arrache à chaque lecteur un sourire complice : «Nous ne croyons pas aux sondages. Nous croyons aux places publiques remplies.» Autour, environ 50 000 personnes agglutinées sur la place Bolivar de Bogotá écoutent Gustavo Petro, 58 ans, voix cassée et chemise blanche qu’il ajuste de temps à autre par-dessus son gilet pare-balles. Le candidat de la gauche indépendante à la présidentielle donne son dernier meeting dans la capitale avant le premier tour de scrutin, dimanche. Et le petit papier qui circule est à l’image de la campagne à bas coûts de cet ancien guérillero du Mouvement du 19 avril (M19, une guérilla armée devenue un parti politique légal en 1990), ancien sénateur et ancien maire de Bogotá (2012-2015). Ici, pas beaucoup de tracts, peu de tee-shirts ou de casquettes à l’effigie du candidat à la présidence. Les banderoles sont pour la plupart artisanales et personnalisées. «Je m’appelle Cristián et je veux que Gustavo Petro soit mon président», peut-on lire.  La foule, essentiellement jeune, écoute très sérieusement. Le discours va durer plus de deux heures et demie, déclenchant parfois des rires irrépressibles, mais surtout un formidable enthousiasme. Notamment lorsque ce charismatique tribun parle écologie, lutte contre le changement climatique et les inégalités, qu’il promet une éducation supérieure gratuite et accessible à tous ou – et là les applaudissements se déchaînent – de sortir du modèle basé sur l’exploitation du charbon et du pétrole pour remettre l’agriculture au centre de l’économie. Les cris fusent : «Petro, amigo, le peuple est avec toi.» (…)

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