Les enfants de plus en plus nombreux sur les routes d’Amérique latine, pointe l’Unicef (RFI)


Un nombre sans précédent d’enfants migrent en Amérique latine et aux Caraïbes. C’est ce que révèle un rapport d’Unicef publié le jeudi 7 septembre. D’après cette agence de l’ONU, la nature des migrations dans la région a radicalement évolué au cours des dix dernières années et une personne sur quatre est un enfant.

Les moins de 11 ans représentent jusqu’à 91% des enfants déplacés en Amérique latine et dans les Caraïbes, selon un rapport de l’Unicef. AP – Marco Ugarte

Le nombre d’enfants présents sur les routes cherchant l’asile est de plus en plus important en Amérique latine. Ils sont présents sur les trois principales routes migratoires de cette région, à savoir la jungle du Darien entre la Colombie et le Panamá, la route migratoire vers l’extérieur de l’Amérique du Sud, ainsi que les principaux points de transit dans le nord de l’Amérique centrale et au Mexique. La majorité cherche à rejoindre le Mexique, les États-Unis et le Canada.

La dangereuse jungle de Darien, peuplée de serpents venimeux et souvent en proie à des incendies, a vu passer 133 000 personnes vers le Panamá en 2021, dont 29 000 enfants. C’est « cinq fois plus d’enfants que les quatre années précédentes combinées », note le rapport de l’Unicef. En 2022, le nombre de passages a presque doublé, à 250 000 personnes, dont environ 40 000 enfants. Et pour les six premiers mois de 2023, ce sont déjà 40 000 enfants qui ont traversé cette jungle au premier semestre 2023, un record historique, s’inquiète l’Unicef.

« J’étais au Darien, j’étais aussi au Mexique, à la frontière avec les États-Unis et au Brésil. Nous voyons quand nous interviewons ces familles, quand nous leur fournissons de l’aide, nous voyons que ces familles avec des enfants migrent parce qu’elles n’ont pas d’autres possibilités. Elles sont soit menacées par des gangs, elles ont perdu leur emploi, à cause de la pauvreté, à cause des effets de la pandémie ou à cause du changement climatique qui a détruit les cultures, qui a détruit leur maison. Et souvent, ces familles se retrouvent sans alternative. Elles ne peuvent pas rester là où elles vivent et elles ont très peu d’opportunités d’emplois ou d’éducation pour leurs enfants. Ils arrivent à la conclusion que la seule alternative possible, c’est de migrer dans l’espoir d’un meilleur futur pour elles et pour leurs enfants », détaillent Laurent Duvillier, porte-parole régional d’Unicef pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Des personnes vulnérables

Les conséquences de cette migration sont énormes pour les enfants, explique Laurent Duvillier : « On parle d’un voyage sur plusieurs centaines et milliers de kilomètres à travers des zones désertiques, à travers des jungles. Il y a des risques au niveau de la santé. Beaucoup d’enfants qui ont survécu à une traversée de la jungle du Darien de sept à dix jours à pied, souffrent de maladies infectieuses, de maladies pulmonaires. Ils sont déshydratés, ils manquent d’eau. Il y a d’énormes besoins en termes de santé, en termes d’hydratation. Mais également, il y a d’énormes risques pour ces enfants : des risques d’être séparés de leurs parents, de tomber dans des réseaux de trafiquants, de trafiquants d’exploitation de travail, mais aussi des réseaux violents de criminalité, d’exploitation sexuelle […] Et à long terme également, parce qu’on parle d’enfants qui risquent d’être exclus de l’éducation, des services de santé, d’enfants qui risquent de se retrouver sans papiers sur une route, sans possibilité de pouvoir avoir un meilleur futur. » (…)

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