🇬🇹 Crise politique au Guatemala : Arévalo dénonce un « coup d’État en cours » et appelle à la résistance (Luis Reygada / L’Humanité)


Le candidat progressiste victorieux de l’élection présidentielle accuse « les représentants des intérêts de l’élite politique et économique » de chercher à déstabiliser la transition du pouvoir, suscitant des manifestations de soutien à travers le pays.

Bernardo Arévalo célèbre sa victoire à la présidentielle au Guatemala, le dimanche 20 août 2023.

Voir aussi cet article plus récent : Au Guatemala, la saisie des urnes par le parquet soulève la réprobation internationale (France 24 / 13 septembre)


Pas encore président et déjà victime d’un coup d’État ? C’est ce que dénonce Bernardo Arévalo, le candidat progressiste vainqueur du second tour de l’élection présidentielle du 20 août dernier au Guatemala. « Un groupe de politiciens et de fonctionnaires corrompus refusent d’accepter les résultats ; ils ont mis en place un plan pour briser l’ordre constitutionnel et bafouer la démocratie », a déclaré vendredi dernier ce sociologue de 64 ans, sorti gagnant des urnes avec un programme de centre-gauche et la promesse de mettre un coup de balai anticorruption dans un des pays les plus inégalitaires et corrompus d’Amérique latine. « L’appareil judiciaire est utilisé pour violer la justice elle-même ; un coup d’État est en cours », a-t-il fustigé avant de nommer directement plusieurs hauts fonctionnaires, selon-lui à la manœuvre. Parmi eux, les membres du conseil d’administration du Congrès, un procureur spécial, un juge pénal, mais surtout la Procureure générale, Maria Consuelo Porras, « représentante des intérêts de l’élite politique et économique » du pays.

Élu avec 59 % des suffrages (2,5 millions de voix) contre 36 % pour la candidate du parti conservateur UNE, Sandra Torres, Bernardo Arévalo peut compter sur le soutien de larges secteurs de la population qui multiplient les manifestations à travers le pays pour défendre le résultat des urnes et demander la démission de Maria Consuelo Porras.

« Lutter pour éviter la déstabilisation de l’ordre constitutionnel »

Des rassemblements de soutien au président élu se sont tenus en début de semaine dans différentes villes du pays, à l’appel de diverses organisations civiles et indigènes, comme à Totonicapán, capitale du département homonyme, située à 200 kilomètres à l’ouest de la capitale et dont la population appartient très majoritairement à l’ethnie Quiché. Réunis dès le matin devant le bureau du Ministère public, plus d’une centaine de manifestants ont exprimé leur exaspération face à « une mafia » refusant de laisser le pouvoir. « Nous en avons assez de ces voleurs. Consuelo Porras et ses acolytes sont le visage de la corruption, mais tous ensemble nous pouvons les faire dégager », a lancé au mégaphone un leader local.

De son côté, l’organisation communautaire 48 Cantones de Totonicapán – très impliquée dans les mouvements de défense des droits des communautés autochtones dans ce pays où plus de 40 % des habitants sont d’origine indigène – a appelé dans un communiqué à « lutter pour éviter la déstabilisation de l’ordre constitutionnel ». Et de conclure : « Nous avons un rendez-vous avec l’Histoire. Cela fait des décennies qu’ils s’enrichissent (en spoliant) notre pays. Avec les autres peuples indigènes, maintenant nous sommes prêts à défendre la démocratie. »

Deux mois et demi de déstabilisations

« Nous sommes conscients qu’il existe une persécution politique qui est menée par le biais d’institutions, de procureurs et de juges qui ont été cooptés », a déclaré Bernardo Arévalo dès le soir de sa victoire. Si celle-ci a tout de suite été reconnue par l’actuel président, le conservateur Alejandro Giammattei, elle ne l’a toujours pas été par la candidate malheureuse, Sandra Torres. Avec elle, neuf partis conservateurs ont dénoncé des « irrégularités » et des « fraudes électorales » en faveur d’Arévalo. (…)

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Pour rappel, voir :
Au Guatemala, la disqualification du parti du président élu Arévalo suspendue temporairement par la justice (Le Monde)
Bernardo Arévalo élu président du Guatemala (revue de presse)