🇪🇨 Équateur: l’extorsion, la «vacuna», l’autre raison qui pousse la population à émigrer (Éric Samson / RFI)


Les raisons d’émigrer ne manquent pas en Équateur : une violence galopante qui fait du pays l’un des plus dangereux d’Amérique latine, une crise économique et sociale, et des coupures d’électricité atteignant jusqu’à quatorze heures par jour. À cela s’ajoute la « vacuna » ou « vaccin », un trop joli nom pour parler d’extorsion. Cette activité criminelle est en train de saigner le pays à blanc et touche toutes les catégories de la population.

La police procède à l’explosion d’un véhicule suspect, garé non loin de la prison El Inca, à Quito, le 10 janvier 2024. [Image d’illustration]. © Carlos Noriega / AP

Mauricio Nuñez est l’un des chanteurs de musique romantique les plus populaires en Équateur. Il forme avec son frère un duo dont le succès n’a pas échappé aux maîtres chanteurs. « Nos numéros de téléphone sont souvent connus du public. Les délinquants nous appellent, nous menacent, nous demandent de l’argent. Moi, j’ai été victime de la ‘vacuna’ avec mon frère », confie-t-il. « La première fois, on a accepté de payer. La deuxième, on a porté plainte auprès du Parquet, et ils ne nous ont plus contactés. Ils demandaient 1 000 dollars par mois. »

Les journalistes, eux non plus, ne sont pas à l’abri des extorsions. Les groupes de délinquance organisés, ou parfois de simples délinquants se faisant passer pour des mafieux, n’hésitent pas à cibler la presse. Isabela Ponce, éditrice du portail GK, en a fait l’amère expérience. « Après une première menace, un jeudi, j’ai reçu un autre message samedi. Une de nos sources dans la police nous a dit que l’information des menaces semblait tirée d’Internet. Cela nous a tranquillisés, et nous avons porté plainte auprès du Parquet. Ils nous demandaient de l’argent pour toute publication à leur sujet. »

Les villes côtières subissent de plein fouet le fléau de la « vacuna ». À Guayaquil, certains habitants doivent payer simplement pour avoir un toit. Victor Pinta, épicier dans le sud de la ville depuis près de neuf ans, témoigne : « Ils rackettent tous les commerces, même les plus petits. Ils demandent une collaboration pour nous protéger. Mais qui sont-ils pour nous protéger ? »

Victor refuse de céder. Il témoigne à visage découvert, malgré les menaces incessantes. Pour se protéger, il change de numéro de portable régulièrement. « Ils m’ont attaqué trois fois. Une cartouche de dynamite n’a pas explosé. Une semaine plus tard, ils ont réessayé près du garage, et cette fois cela a explosé. Puis, ils ont essayé de mettre le feu… » (…)

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