🇺🇸 🇸🇻 États-Unis – Salvador : l’entente sécuritaire (Les Enjeux internationaux / France Culture)
En accueillant dans sa méga-prison tout juste sortie de terre des individus expulsés par les États-Unis – souvent sans lien avec le Salvador – le président Nayib Bukele scelle une alliance sécuritaire inédite avec Donald Trump.

Dans ce contexte, les deux dirigeants se sont à nouveau rencontrés à Washington lundi 14 avril – une coopération derrière laquelle se dessine une convergence idéologique et stratégique entre deux dirigeants. Comment le Salvador est-il devenu un laboratoire d’externalisation de l’immigration illégale pour Donald Trump ?
Entretien avec David Garibay, professeur de science politique, université Lumière Lyon-2, par Jean Leymarie (France Culture)
Une prison créée pour accueillir des milliers de prisonniers
La prison en question a été construite ex-nihilo par le président Bukele pour accueillir des milliers de prisonniers. Dans celle-ci, les détenus sont “dans des tenues très limitées, ils ont des sous-vêtements blancs, sont tous tondus dès qu’ils arrivent, et avec un caractère un peu panoptique, puisqu’elle est faite aussi pour voir justement tous ces prisonniers”. Les expulsions ordonnées par les États-Unis vers cette prison montrent la recherche d’une “forme d’appui” de la politique de l’administration Trump : “Cela permet de mettre en scène cette détention, de montrer qu’elle est efficace et qu’il y a des personnes qui appuient la politique d’expulsion des sans-papiers des États-Unis.” Les personnes expulsées seraient, selon le discours officiel, des membres d’un groupe criminel nommé Tren de Aragua : or, parmi ces individus, une grande partie est vénézuélienne et beaucoup n’ont rien à avoir avec un groupe de criminalité, mais sont simplement des immigrés aux États-Unis.
Sur quelle base légale Trump se fonde-t-il ?
Parmi les personnes expulsées, il y a aussi des Salvadoriens, comme Kilma Abrego Garcia, expulsé au Salvador à cause d’une poursuite pénale ancienne, mais annulée, sur l’absence de papiers d’identité aux États-Unis. David Garibay explique que les expulsions ordonnées par l’administration Trump n’a pas de réelle base légale : “L’administration Trump, on le sait, s’est appuyée sur une vieille loi de guerre pour justifier l’expulsion de ces Vénézuéliens ; une loi qui autoriserait l’expulsion de personnes qui feraient partie de groupes ennemis des États-Unis dans le cadre de conflits armés, ce qui n’est pas le cas ici. C’est la même chose au Salvador, qui n’a aucune législation qui l’autoriserait à détenir des personnes ressortissantes d’autres pays.” Si la Cour suprême des États-Unis a exigé l’arrêt des expulsions sur la base de cette vieille loi, David Garibay ne les voit pas cesser pour autant. (…)
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