🇨🇴 Paix totale en Colombie: où en est-on? (Najet Benrabaa / RFI)


Réussite ou échec ? Lancée en 2022 par le gouvernement Petro, la politique de « paix totale » en Colombie connaît bien des accrocs – la guérilla ELN refuse de continuer les négociations et les affrontements ont explosé dans plusieurs régions, entraînant des milliers de déplacés. Mais il y a aussi des avancées. RFI fait le point.

Un soldat colombien monte la garde après les attaques des rebelles de l’Armée de libération nationale, dans la municipalité d’El Tarra, en Colombie, le 4 février 2025. © Carlos Eduardo Ramirez / Reuters

Deux ans et demi après le début de son mandat, force est de constater que la loi dite de « paix totale » n’a pas atteint ses objectifs. Lorsqu’en 2022, le premier président de gauche de Colombie, Gustavo Petro, annonçait cette politique, l’ambition était de taille, tout comme les attentes des Colombiens.

Depuis 1998, une sorte d’alternance s’est installée entre des politiques de paix et de guerre concernant la résolution des conflits armés dans le pays. Ainsi, chaque politique a eu droit à son appellation : la « guerre totale », la « paix intégrale », la « guerre intégrale » ou encore la « paix avec légalité ».

La nouveauté avec « la paix totale » de ce gouvernement, c’est la volonté d’entamer des négociations de paix avec l’ensemble des groupes armés et criminels du pays, qu’il s’agisse de guérilla comme l’ELN (l’Armée de libération nationale), des dissidents FARC tel le groupe EMC (l’état-major central), de groupes paramilitaires ou de bandes criminelles et narcotrafiquants comme « el Clan del Golfo ». Onze processus de paix ont ainsi été engagés. Certains avec l’ouverture officielle de négociations, d’autres seulement annoncés, avec la mise en place d’un médiateur pour la paix.

 Parmi les tables de négociation concrétisées, il y a celle avec la guérilla ELN. Mais après plusieurs mois de pourparlers et la signature de plusieurs cessez-le-feu bilatéraux, tout a été suspendu à cause des affrontements survenus dans la région du Catatumbo. Les affrontements ont fait des centaines de victimes et des dizaines de milliers déplacés. À cela s’ajoute la hausse de la violence dans les régions d’Antioquia, du Choco, du Cauca, de la Valle del Cauca et du Nariño.

Pour Germán Valencia Agudelo, professeur de l’institut des études politiques de l’université d’Antioquia et coordinateur du groupe de chercheurs sur le conflit armé et la paix totale, tout n’est pourtant pas à jeter aux orties. « Des progrès historiques ont été réalisés, comme la signature de 28 accords partiels et de plusieurs protocoles de paix. Dans le cadre de ces accords partiels, il faut souligner le cessez-le-feu pendant 360 jours [deux-fois 180 jours, NDLR] avec l’ELN. Cela a permis de réduire l’impact du conflit armé, d’éviter de nouvelles victimes et de stopper les déplacements de population. C’était très important parce que l’ELN est une guérilla présente dans plus de 200 municipalités du pays. » (…)

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