FALMAG re-fait son festival à Avignon en 2022 (Fabien Cohen, secrétaire général de FAL)


Pour la deuxième année, France Amérique Latine – FAL est présente à Avignon, au service de la solidarité avec l’Amérique latine et la Caraïbe avec le comité FAL-Vaucluse !

L’anniversaire des cinquante ans de FAL, l’an dernier, a permis d’ouvrir une belle coopération avec le Festival OFF d’Avignon que nous remercions de nous aider à poursuivre, en 2022, cet évènement au service de la culture latino-américano-caribéenne.

Fidèle à l’appel que nous avons lancé l’an dernier auprès des ambassades des pays latino-américains et du gouvernement français, nous avons souhaité que ces derniers se joignent à nous cette année afin d’aider à la mise en place d’une programmation régulière de cette culture lors de ce festival de théâtre et de danse.

Malgré le refus de nous subventionner cette année en dépit du dépôt d’un dossier conséquent, mais forts du soutien d’Avignon Festival et Compagnies, nous sommes de nouveau présents pour promouvoir le travail de huit compagnies, que nous présenterons le jeudi 15 à 14H30 dans l’espace pro du Village du OFF, à la suite du débat qui se tiendra le matin, à 11H, sur la situation politique,  sociale et écologique en Amérique Latine avec Jean-Jacques Kourliandsky (directeur de l’Observatoire Amérique latine de la Fondation Jean-Jaurès et chercheur à l’IRIS) et Sergio Coronado (journaliste, ancien député des Français en Amérique latine), animé par Cathy Ferré, co-rédactrice en chef de FALMAG. 

Un programme que nous avons pu présenter dans les Halles d’Avignon avec l’aimable accord de sa direction, et qui n’aurait pu avoir lieu sans l’acharnement de Sonia Garcia Tahar et la stagiaire Wendy, ainsi que les membres de FAL 84, et leur président, Bruno Brillard. Qu’ils et elles en soient remercié·es pour leur travail, ainsi que celui d’Amélie Monchaux, service civique, et l’ensemble de l’équipe de FAL.

Les festivités se termineront, ce 15 juillet, par un concert de musiques brésiliennes avec le groupe Fafa Carioca Quartet.

Fabien Cohen


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Quelques photos et un résumé de la journée du 15 juillet


« Ecuador », jusqu’au 30 juillet à 11h30, à l’Ambigu Théâtre, relâche les 20 et 27 juillet. Mise en scène Margherita Marincola.

Et si nous partions en voyage, et plus précisément en Ecuador? Nous irions avec la Compagnie Théâtre le Navire, sur les pas d’Henri Michaux, dont le carnet de voyage a accompagné deux comédien.ne.s très émouvant.es.

Sur les traces du poète, nous irions bien au-delà d’un pays, vers l’autre, vers un imaginaire que chacun porte en soi, et où les écrits traversent le temps.

Nous serions baignés par une musique omniprésente pour mieux faire le lien entre le public et les comédiens, dans ce dialogue avec la vie.

Plus qu’un voyage, c’est un grand moment de spiritualité et de questionnement, d’abandon de soi, que nous proposent l’auteur et la compagnie, un imaginaire qui rencontre le présent, qui nous habite.


« Ce monde pourra-t-il changer un jour ? » jusqu’au 28 juillet à 12h 45, à Alaya l’Espace, relâche les 19 et 26 juillet. Mise en scène Lucas Andrieu avec la Compagnie Ibikeur.

De guerres, comme récemment en Ukraine, en dictatures, comme en a connu l’Amérique Latine, Lucas Andrieu, propose de nouveau cette année, «  Ce monde pourra-t-il changer un jour ?  » qu’il a écrit et mis en scène.

Si c’est de l’Italie des années Mussolini, dont nous parle la jeune Clara, jeune étudiante de 25 ans, de sa famille et de son secret, de la fuite et de l’immigration de par la violence des hommes et du fascisme, son histoire résonne en nous par sa grande actualité, cette dernière décennie, marquée par des Trump ou Bolsonaro, en passant par les Gangs en Haïti.

Saluons ce “seule en scène” porté merveilleusement bien par Sandra Duca, qui permet de nous laisser porter par ce récit et ses deux héroïnes, nous embarquant dans cette saga familiale, avec force et émotion.


« Une femme au soleil », jusqu’au 28 juillet à 17h, à la Scierie, relâche les 19 et 26 juillet. Mise en scène Ivan Sugahara.

Il y aurait beaucoup à dire de la situation brésilienne, depuis le coup d’État jusqu’à l’emprisonnement du président Lula conduisant à l’élection d’un président d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, en 2018, mais c’est du magnifique travail du metteur en scène, Ivan Sugahara, qu’il faut parler.

Certes, le contexte de confinement se retrouve aussi dans le propos tout à la fois danse et théâtre servi par deux excellentes comédiennes d’une grande puissance de conviction, Danielle Oliveira et Maria Augusta Montera, mais c’est bien de la santé mentale gravement menacée qu’il s’agit.

S’appuyant sur la vie et l’œuvre de Maura Lopes Cançado, une écrivaine brésilienne qui a passé de longues périodes dans des hôpitaux psychiatriques, elles nous transportent par la puissance de leur jeu dans l’univers pervers de l’asile, de l’internement, de la ségrégation, de la punition et de la violence contre des personnes en souffrance psychique, et ce jusqu’à l’épuisement, sans nous perdre un seul instant.

Histoire vraie, elle est aussi cette histoire que nous refusons de revivre aujourd’hui !


« Je m’appelle Asher Lev », jusqu’au 28 juillet à 13h 40, au théâtre des Béliers, relâche les 19 et 26 juillet. Mise en scène Hannah-Jazz Mertens.

On pourrait dire que l’on parle de la vie d’Asher Lev, un jeune juif orthodoxe de Brooklyn, qui devra choisir entre rester fidèle à son éducation religieuse et sa famille ou être artiste.

Ou encore comment subir les affres de la création face aux déchirements de l’intime, mais cette pièce d’Aaron Posner tirée du roman de Chaïm Potok est bien plus universelle que cela.

De fait, les trois comédien·es, mis en scène par Hannah-Jazz Mertens, nous parlent du libre choix des enfants, de leur vie face à leur éducation, du monde dans lequel ils ou elles évoluent. Si la musique est très présente dans la tradition hassidique, elle est aussi dans la pièce une illustration de cet univers chaotique de l’enfance à l’âge adulte, sans se renier mais en explorant d’autres cultures. Une histoire aussi vieille que le monde, que cette pièce nous rappelle avec beaucoup de plaisir, de la profondeur et d’humour.  


« Leçons d’émeute », jusqu’au 30 juillet à 20h25, à l’Atypik Théâtre, relâche le 26 juillet. Mise en scène Constantino Isidoro.

Le Fonds d’Art et Culture de l’État de Goiás nous a permis durant ce festival de découvrir une programmation construite au travers du panorama théâtral de son territoire, en plein cœur du Brésil, avec ses artistes.

Parmi celle-ci, Leçons d’Émeute est un véritable petit bijou tant la comédienne, en veille femme indigne, est truculente et décalée. Épuisée, comme le sont les brésilien.nes las.ses de se faire avoir par un gouvernement de voleurs, cette citoyenne âgée mais toujours aussi révoltée décide de prendre son sort en main, et de donner la leçon à son voleur. Mais au-delà de son « ladrón », c’est à la justice humaine qu’elle s’en prend, exprimant le ras-le-bol du peuple, modeste et dénué de tout, qu’elle veut faire entendre. C’est la solitude des personnes du troisième ou quatrième âge, qu’elle veut briser.

De l’arroseur arrosé, à la complainte des sans rien, Renata Caetano et Arilton Rocha, nous font rire, mais beaucoup réfléchir au sort des plus démuni.e.s dont le seul espoir de s’en sortir qui leur est réservé, c’est de voler plus pauvre que soi. Un vrai régal, dommage que cela ne dure qu’une heure !


« Mr Moon », jusqu’au 28 juillet à 18h00, à la Scierie, relâche le 22 juillet. Mise en scène Eva Schumacher et Moon Cabaret.

Ils et elles sont treize sur scène, déjanté·es, sans limite, excellent·es musicien·es comme comédien·es, pour nous transporter avec plaisir durant une heure dans leur monde un brin déjanté.

Venu.es de divers pays, dont des féministes mexicaines de la région de Oaxaca, ces artistes nous enchantent tant par leur musique que par leurs qualités de clown, contorsionnistes ou marionnettistes, farfelu.e.s et espiègles… et surtout parce qu’ils et elles ne manquent ni d’humour, ni de tendresse. Heureux que leur tournée en Europe, leur ait donné l’occasion de revenir à Avignon, après avoir déjà impressionné le OFF, l’an dernier.

La famille Moon, aux quartiers de lunes noire et blanche, formée au hasard des rencontres de son univers, vient donner du bonheur au public le temps trop court d’un spectacle.

Ne manquez pas cette année ces saltimbanques du temps universel, allez les voir sans tarder avant que leur route ne les conduise hors de nos contrées ! Cela donne la pêche !


« Betún », jusqu’au 30 juillet à 19h25, au Théâtre des Barriques, relâche le 26 juillet, durée 1h10. Mise en scène Vene Vieitez.

Quel beau moment de poésie, que nous propose la Compagnie Théatro Strappato. Sans parole mais non sans émotion, elle nous introduit dans le Monde des enfants de la rue, de Bolivie ou d’ailleurs.

« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » damandait le poète. C’est ainsi que nous vivons dit la parole recueillie auprès de ces enfants pour des millions et des millions d’autres. Des propos tenus sur l’asphalte des rues qui ne peuvent nous laisser indemnes.

Et comment ne pas être bouleversé par cette réalité crue, que la parole seule ne peut rendre? C’est en s’appuyant sur le potentiel tragique de leurs masques, que ces deux comédien.nes magique du théâtre muet, nous transportent, après des mois de recherche, notamment en Bolivie.

Si ce spectacle est un cri d’alerte sur la situation de ces enfants victimes d’un système économique et social inhumain, c’est d’abord un magnifique moment de théâtre qui nous ait proposé, accompagné tout le long du jeu par une musique qui valorise la gestuelle chorégraphiée.

C’est un véritable coup de cœur et coup au cœur, qu’il faut absolument aller voir !


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