🇳🇮 Violences contre les femmes. De la révolution aux pactes pour le pouvoir (Nicaragua, 1979-2008) (Delphine Lacombe / Presses Universitaires de Rennes)


Comment comprendre la politisation des violences sexistes et leur perpétuation dans un environnement institutionnel en apparence favorable à leur sanction ? Ce livre retrace la construction en enjeu public des violences contre les femmes au Nicaragua, et la façon dont ce phénomène traverse historiquement trois régimes politiques (de la fin de la dictature des Somoza à l’essai d’instauration démocratique) et une guerre civile en période de guerre froide.

Cet enjeu a été consubstantiel au façonnement du féminisme nicaraguayen de la deuxième vague, en collusion et en collision avec les dirigeants révolutionnaires sandinistes. Puis, il s’est inscrit dans une nouvelle acception des droits humains. L’investissement de ce langage juridique a engendré une production contradictoire du droit, où ont fini par se côtoyer la pénalisation des violences intrafamiliales et sexuelles, et l’interdiction totale de l’avortement. Enfin, ces processus ont paradoxalement contribué au reflux d’une expression latente sur les crimes sexistes perpétrés sur les fronts guerriers.

Cet ouvrage permet de relire l’histoire nicaraguayenne contemporaine à l’aune du genre. Il apporte un regard neuf sur l’imbrication des pactes patriarcaux et de pouvoir dans l’entretien des violences sexistes. Il fournit des éléments de compréhension plus généraux sur la façon dont les politiques contre ces violences sont menées dans une sorte de dissociation instrumentale entre l’objet fédérateur qu’elles représentent, et l’étouffement de controverses plus souterraines qu’elles engendrent à propos de l’impunité masculine.

Un ouvrage publié aux Presses Universitaires de Rennes avec le soutien de l’Institut du Genre

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Delphine Lacombe est sociologue, chargée de recherche au CNRS. Elle a obtenu le second prix de thèse de l’Institut du Genre en 2016. Ses travaux portent sur le genre des formes du politique en Mésoamérique.

Sommaire :

(Dé)faire la révolution. Problématiser la maltraitance conjugale et le viol

  • Les enjeux de genre d’une révolution « civilisatrice »
  • Contre la maltraitance conjugale. L’expérience pionnière du Cabinet juridique de la femme (1983-1987)
  • Entre allégeance sandiniste et tentatives d’autonomisation féministe. Les violences face à l’émergence d’un discours sur la libre disposition de soi (1983-1990)

Contradictions et compromis juridiques. Les violences intrafamiliales et sexuelles

  • Les enjeux de genre dans l’immédiat postsandinisme. Réconciliation, droits humains et violence (1990-1997)
  • Une nouvelle pénalisation des délits sexuels : entre protection de l’intégrité individuelle et préservation de l’ordre patriarcal (1992)
  • De la maltraitance conjugale aux « violences intrafamiliales » (1990-1998)

Le temps des affaires. Les violences contre les femmes dans le système du jeu des concurrents pour le pouvoir

  • L’affaire Narváez / Ortega : les pactes patriarcaux dans le continuum guerre-paix des violences
  • L’affaire Fletes / Fletes : impunité de classe et maternité forcée dans les pactes de « réconciliation »