Fernando «Pino» Solanas est décédé à l’âge de 84 ans (articles et hommages)

Cinéaste, intellectuel, militant politique, ambassadeur en charge de la délégation argentine auprès de l’UNESCO à Paris, Fernando Solanas est décédé du coronavirus, à Paris, la nuit du vendredi 6 novembre après plusieurs semaines d’hospitalisation.

France Amérique Latine s’associe à l’hommage de l’ACAF (voir ci-dessous) à ce grand homme, pour ses prises de position et son combat pour une Argentine démocratique et sociale, comme en rappel aux leçons universelles de ces années noires qu’a vécues l’Argentine. Hommage à ce grand cinéaste, qui a su associer création cinématographique et politique, faisant œuvre aussi de mémoire en aidant à transmettre, par ses films, la souffrance de l’exil et le combat contre l’impunité et pour la vérité.

En ce cinquantième anniversaire, FAL ne cessera d’agir dans la solidarité avec les peuples d’Amérique latine et de la Caraïbe pour une société juste et pour la défense de la souveraineté nationale, comme il y a peu au Chili ou en Bolivie. Mémoire! Vérité! Justice! sonneront encore plus fort, chaque fois que nous reviendrons à sa filmographie et à sa vie.

Fabien Cohen, secrétaire général de FAL 

Compañero Pino Solanas (ACAF)

Los miembros de la ACAF (Asamblea de ciudadanos argentinos en Francia), deseamos trasmitirte este homenaje y nuestro reconocimiento. 
– Reconocimiento por tu creación artística. Ya con tu película “La hora de los hornos”, has logrado asociar el trabajo documental, con la denuncia política en una obra de arte que marcará la historia del cine. 
– Reconocimiento a tu compromiso ético con las luchas sociales, la defensa de los humildes y la soberanía nacional, compromiso que constituye un hilo conductor de tu obra, hasta tu última realización “Viaje a los pueblos fumigados”, que nos muestra con belleza las crueles consecuencias de los intereses financieros. 
– Reconocimiento al maestro que supo transmitir, que jugó un rol esencial en la construcción de la memoria nacional con obras como “Memorias del saqueo”. Muchos de nosotros sufrimos el exilio y nos acordamos con emoción y cariño de tus películas “Tangos, el exilio de Gardel” y “Sur”. 

Queremos acompañar nuestro homenaje de una promesa sencilla: te prometemos que continuaremos, cada uno desde su lugar, a luchar por una sociedad justa y por la defensa de la soberanía nacional. ¡Memoria! ¡Verdad! ¡Justicia!. Seguiremos defendiendo estos principios en un mundo cada vez más contaminado por fake news y law-fare. ¡No te fuiste Pino, tu ejemplo sigue vivo, alimentando corazones, recorriendo caminos!

Article de Carlos Schmerkin (Blog Médiapart)

Le 16 octobre, l’ancien sénateur argentin avait utilisé les réseaux sociaux pour annoncer qu’il avait été infecté par la covid-19 et qu’il était hospitalisé pour observation dans un centre médical de la capitale française. “Mes amis, je suis toujours en soins intensifs. Mon état est délicat et je suis bien soigné. Je continue de résister. Avec ma femme, Angela, qui est également hospitalisée, nous tenons à remercier tout le monde pour votre soutien. N’arrêtez pas de prendre soin de vous”.

Fernando Solanas au Festival de Cannes, en mai 2018.
LOIC VENANCE / AFP

La nouvelle de sa mort a été confirmée par le ministère des Affaires étrangères juste après minuit. “Énorme chagrin pour Pino Solanas. Il est mort dans l’exercice de ses fonctions d’ambassadeur d’Argentine auprès de l’UNESCO. On se souviendra de lui pour son art, pour son engagement politique et pour son éthique toujours au service d’un pays meilleur. Un câlin à sa famille et ses amis »

Cinéaste et militant politique

Son premier film “L’heure des brasiers” (La hora de los hornos,1968), est une gigantesque fresque sur les effets de l’impérialisme sur le pays, qui signifiait une rupture dans la production cinématographique nationale. L’année suivante, 1969, avec Octavio Getino, il créa le “Grupo Cine Liberación”.

Lors d’un reportage réalisé par Juan Ignacio Boido en 1998 Solanas affirmait: «Avec La hora de los hornos, je suis sorti pour découvrir la vérité d’un pays. C’était le moment le plus épique du projet. La discussion à l’époque était celle de la poule et de l’œuf: qu’est-ce qui arrive en premier, la révolution ou le cinéma révolutionnaire? L’Heure des brasiers…ouvrit la troisième voie. Et aujourd’hui, il est très difficile de transmettre la ferveur avec laquelle à l’époque nous allions projeter clandestinement le film. Plus de soixante copies ont circulée pour se faufiler partout, des comités de base aux usines, en passant même par les églises. »

L’étape suivante, également liée à la politique, a été la réalisation avec Getino de “Perón: actualización política y doctrinaria para la toma del poder” (Perón, une mise à jour doctrinale pour la prise du pouvoir, 1971), un entretien approfondi avec le général Juan Domingo Perón pendant son exil à Madrid. 

Après le coup d’État de 1976, le cinéaste est alerté qu’un commando de la Marine tenterait de le kidnapper, alors il décide de s’enfuir en Espagne, puis décide de s’exiler en France.

Le retour de la démocratie en Argentine (1983) est marqué par deux films primés “Tangos, el exilio de Gardel”, qu’il a présenté en 1985, et “Sur”, en 1988, avec lequel il a remporté le prix du meilleur réalisateur à Cannes.

En mai 1991, Solanas est blessé par quatre balles dans les jambes par une rafale de mitrailleuse tirée d’une voiture par deux hommes. Il avait sévèrement critiqué la dérive libérale du président péroniste Carlos Menem qui l’avait poursuivi après avoir décrit le gouvernement comme “un gang d’escrocs, corrompus et traîtres”. (…)

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Voir aussi
Cinéaste et homme politique argentin, Fernando Solanas est mort (Le Monde / article réservé aux abonné.e.s)
Fernando “Pino” Solanas, le cinéaste, documentariste et homme politique, est mort (France Culture)