Le G20 en durabilité contestée (Jean-Jacques Kourliandsky / Espaces latinos)


Rio, toutes les gazettes en parlent, a été à la mi-novembre, le siège d’un G2O. Le G20, est le cercle étroit des vingt économies les plus importantes du monde. En sont membres dix-huit pays, depuis sa création en 2008, par ordre alphabétique, l’Afrique du sud, l’Allemagne, l’Arabie Séoudite, l’Argentine, le Brésil, le Canada, la Corée du sud,  les États-Unis,  la France, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, le Mexique, le Royaume-Uni, la Russie, la Turquie, auxquels il faut ajouter deux ensembles régionaux, l’Union africaine (depuis 2023), et l’Union européenne.

Photo : Espaces latinos

Les responsables de ces pays et institutions étaient tous à Rio. Seule la Russie était représentée par son ministre des affaires étrangères, le président Poutine, poursuivi par la Cour Pénale internationale,(CPI), risquant une arrestation, le Brésil étant signataire du traité de Rome instituant la CPI. Le Brésil avait par ailleurs invité d’autres États, Angola, Bolivie, Chili, Colombie, Égypte, Emirats arabes unis, Espagne, Nigeria, Norvège, Paraguay, Portugal, Singapour, et  Uruguay. Tout s’est passé pour le plus grand bien du multilatéralisme sorti conforté, en dépit de quelques dérapages plus ou moins bien contrôlés. Pour la pays hôte, le Brésil, le bon déroulement de l’exercice, a constitué un plus diplomatique incontestable.  Mais le verre, pourrait  dire un Candide contemporain à un professeur Pangloss d’aujourd’hui, n’est-il pas, aussi, à moitié vide ? Ce G20 ne marque-t-il pas la fin d’une époque ? Pour l’ordre du monde, comme pour le Brésil ?

En effet tout a confirmé le meilleur des mondes possibles. Rio s’était mis dans ses plus beaux atours, d’autant plus lisibles, sur place, par les délégations présentes, comme ailleurs via les télévisions, que sa façade maritime, de Leblon, Copacabana au Musée du futur,(Museu do Amanha),en passant par les plages de Botafogo, Flamengo, Catete et Gloria, avait été fermée à la circulation automobile. La sécurité de tous les congressistes a été assurée par le déploiement exceptionnel de policiers, -municipaux, régionaux, fédéraux, mais également par 7 500 militaires. Compte-tenu du passif mémoriel laissé par les militaires, mais aussi des interdits démocratiques touchant à la sécurité intérieure du seul ressort de la police, un décret spécifique a été adopté et publié, dit de Garantie de la loi et de l’ordre (GLO). La société civile, locale et internationale, avait été conviée à débattre dans des lieux prestigieux et symboliques, «le musée du futur» et les anciens hangars du port recyclés et repeints à neuf.

Le Brésil et son président, Luiz Inacio Lula da Silva, ont fait la une des journaux et des télévisions. Globo noticias/news, la chaîne la plus regardée par la population, a mobilisé ses moyens, pour retransmettre en direct arrivée des vingt responsables du G20, accueillis par leur hôte. La presse écrite, O Globo, à Rio, la Folha de Sao Paulo, et bien d’autres, ont accompagné le mouvement . Rio, selon le mot d’ordre placardé un peu partout par les autorités, a bien été au vu et au lu de tous, «la capitale du G20». Voire pour beaucoup, comme le revendiquait une peinture urbaine en frise sur un pont piétonnier surplombant une autoroute filant vers l’ouest, «Rio, capitale du monde». Ce succés organisatif et d’estime, a été accompagné d’avancées sur divers sujets: la solidarité envers ceux qui souffrent de la faim, la protection de l’environnement, la taxation des très hauts revenus, la réforme du multilatéralisme,  l’adhésion spectaculaire des États-Unis aux propositions brésiliennes. Le Brésil a recueilli le fruit d’une présidence du G20, gérée de façon dynamique. Il a tenu de bout en bout à donner l’exemple. La Banque de développement, BNDES, d’avril à octobre 2024, a doté le fonds climat, créé en 2009, mais sans moyens effectifs, de plusieurs milliards de reals destinés à des projets permettant de lutter contre le changement climatique. Le Sénat brésilien a approuvé le 13 novembre 2024, un projet de loi régulant le marché du carbone, l’Agence brésilienne de promotion des exportations et des investissements a créé une ligne financière encourageant les projets d’énergie renouvelable, une loi sur les combustibles du futur allant dans la même direction a été votée.

Cet élan a eu un effet d’entraînement, lisible au fil des réunions préparatoires des 15 groupes de travail. L’ Alliance globale contre la faim, l’un des projets phares du Brésil, avait dés avant le premier jour du G20, reçu l’aval d’une quarantaine de gouvernements, le soutien officiel de treize institutions intergouvernementales, dont  la Banque mondiale, et la FAO. La taxation à hauteur de 2 %, des grosses fortunes, dépassant un milliard de dollars a obtenu une large adhésion. Une inclusion dans les principes de fonctionnement de l’OMC, d’un lien entre commerce et développement durable a été actée dés avant Rio. D’autres questions mises sur la table par le Brésil n’ont pas pu faire l’objet de consensus similaires: la réduction des inégalités salariales, en particulier entre hommes et femmes, la lutte contre les discriminations raciales. La réforme de l’ONU et de son Conseil de sécurité, afin de démocratiser la gestion du monde, évoquée dans bien des enceintes, a été réactivée sans trouver l’écho recherché. Cela dit la signature d’un accord sur les énergies renouvelables entre Brésil et États-Unis, le déplacement du président Biden en Amazonie, ont compensé les incertitudes. D’autant plus que l’actuel résident de la Maison Blanche, a annoncé le versement de 50 millions de dollars au Fonds Amazonie. (…)

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