Guatemala, capitale pro-mort ! La haine n’est pas une “valeur familiale” ! Non à la loi 5272 ! (Communiqué FAL/Groupe de travail Luttes de genre et féminismes)


Ce 8 Mars 2022, le Congrès guatémaltèque a adopté une loi des plus régressives en matière de droits des femmes et des minorités de genre, le président déclarant tambour battant, dès le lendemain, Guatemala « capitale Pro-Vie » de l’espace ibéro-américain.

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France Amérique Latine affirme son soutien à toutes les voix qui s’élèvent pour rejeter la « Loi pour la Protection de la Vie et de la Famille » ainsi que toute mesure régressive en matière des femmes et des minorités de genre.

Cette loi vient durcir les poursuites pénales déjà existantes pour une IVG, augmentant les peines de prison encourues de cinq à dix ans (voire plus) contre trois auparavant. D’autre part, elle interdit officiellement le mariage homosexuel et empêche tout enseignement relatif à la théorie du genre et à la diversité sexuelle dans les établissements éducatifs publics et privés.

Quelle date plus stratégique que la journée internationale de lutte pour les droits des femmes pour voter une loi misogyne, transphobe et homophobe? C’est une terrible nouvelle en matière de droit des femmes et des personnes LGBTQI+ et une provocation politique et symbolique inqualifiable qui a marqué ce 8M au Guatemala: après plusieurs années de débats, c’est ce 8 mars 2022 qu’a été approuvée par un congrès composé majoritairement d’hommes cisgenre, la Loi 5272, dite « Loi pour la Protection de la Vie et de la Famille », qui ne pourrait mettre plus en évidence la persistance de la haine contre les femmes et les personnes LGBTQI+ au Guatemala.

Le lendemain, en écho à cette première attaque contre les droits des femmes et des personnes LGBTQI+, afin d’afficher encore davantage une profonde volonté de domination patriarcale, le président Alejandro Giammattei célébrait dans la contestation la nouvelle « Journée nationale pour la vie », en déclarant la ville de Guatemala « capitale Pro-Vie » de l’Amérique latine.

Le Guatemala fait partie des pays les plus violents, injustes et inégalitaires pour les femmes et les minorités de genre. Rappelons qu’entre janvier et août 2021, ce sont au moins 3 200 adolescentes entre dix et quatorze ans qui ont dû poursuivre une grossesse issue de violences sexuelles. Le nombre de femmes et jeunes-filles décédées des suites d’avortements clandestins ou de complications de grossesse est inconnu faute de suivi statistique : leur invisibilisation parle d’elle-même de l’estime des « Pro-vie » pour la vie des femmes. Combien en faudra-t-il encore pour montrer que les politiques dites « pro-vie » ne sont rien d’autres que des politiques mortifères ? Rappelons aussi que depuis le début de l’année 2022, ce sont soixante femmes qui ont été victimes de féminicides. En 2021, six-cent-cinquante-deux femmes ont été assassinées (soit 28 % de plus qu’en 2020), ainsi que vingt-huit personnes appartenant à la communauté LGBTQI+. Sous la présidence de Giammattei, qui prétend dire « oui à la vie », combien de nos sœurs devront-elles tomber, combien de nos camarades devront-ielles disparaitre sous les coups de la violence machiste et patriarcale ?

Face à ces régressions graves en matière de droits des femmes et personnes LGBTQI+, alors même que plusieurs pays d’Amérique Latine ont récemment permis des avancées significatives, face à ces provocations et face aux violences politique, symbolique, physique et psychologique qui continuent de sévir contre les femmes et les membres des communautés LGBTQI+ au Guatemala et ailleurs, élevons nos voix contre l’affirmation d’un axe ibéro-américain machiste, patriarcal, régressif et répressif à l’égard des femmes et des minorités de genre, défendons les conquêtes issues de la pression des mouvements féministes et soutenons, dans chaque espace, la déferlante de la Marea Verde !

  • Nous exigeons, ici et là-bas, l’égalité en droit des hommes et des femmes,
  • Nous exigeons, ici et là-bas,  l’accès à l’avortement libre, gratuit et sûr et le droits des femmes à décider et disposer de leurs corps,
  • Nous exigeons, ici et là-bas, l’égalité en droit des personnes hétérosexuelles et homosexuelles,
  • Nous exigeons ici et là-bas, une protection intégrale des femmes et des personnes LGBTQI+

Bureau National de FAL
Groupe de travail Luttes de genre et féminismes de FAL

Paris, le 11 mars 2022


Information de dernière minute : après deux jours d’intenses manifestations, le président de la République Alejandro Giammatei a demandé au Parlement d’archiver la loi 5272. Il a précisé que son gouvernement n’était pas à l’origine de cette initiative. Il a annoncé que l’Exécutif s’opposerait à sa promulgation car ce texte violé la Constitution guatémaltèque ainsi que des traités internationaux signés par le pays. Affaire à suivre donc.

Voir aussi notre revue de presse : Le Guatemala durcit la répression de l’avortement et interdit le mariage gay (L’Express / AFP)