Le Guatemala durcit la répression de l’avortement et interdit le mariage gay (L’Express / AFP)


Le Parlement du Guatemala, dominé par les conservateurs, a singulièrement alourdi, en pleine journée internationale pour les droits des femmes, les peines de prison réprimant l’avortement et interdit le mariage entre personnes du même sexe ou l’enseignement sur la diversité sexuelle.

Manifestation en défense des droits des femmes à Guatemala Ciudad le 8 mars 2022 / AFP.com/Johan Ordónez

La “Loi pour la protection de la vie et de la famille“, votée mardi 8 mars par les députés et qui deviendra applicable une fois signée par le président conservateur Alejandro Giammattei, punit de dix ans de prison – contre trois actuellement – toute femme qui “a réalisé son propre avortement ou consenti à ce qu’une autre personne l’effectue“. 

Le texte punit également d’une peine allant jusqu’à 50 ans de prison quiconque effectue “un avortement ou des manoeuvres abortives sans le consentement de la femme” et qui provoquent son décès. 

L’avortement thérapeutique lorsque la vie de la mère est en danger, seul autorisé au Guatemala, est pour sa part plus fortement encadré. 

Alors que d’autres pays continuent d’approuver des lois pro-avortement et des lois qui conduisent à une détérioration du concept originel de famille, cette initiative est maintenant devenue une loi importante pour la société guatémaltèque“, s’est réjoui le député Armando Castillo du parti VIVA (droite), un des principaux soutiens du texte. 

D’autres élus se sont montrés critiques. “L’interruption d’une grossesse a un impact dévastateur et cette loi transforme automatiquement en suspecte une femme malgré la douleur qu’elle peut ressentir“, a estimé la députée Lucrecia Hernández du parti Semilla (centre gauche). “Ils criminalisent et punissent les fausses couches et c’est dangereux“, a-t-elle ajouté. Parallèlement, le texte réforme le Code civil qui stipule dorénavant que “le mariage entre personnes du même sexe est expressément prohibé” au Guatemala. 

“Totalement discriminatoire”  

Le texte interdit également “aux entités éducatives publiques et privées de promouvoir auprès des enfants et adolescents des politiques ou des programmes qui tendent à dévier leur identité de leur identité sexuelle de naissance“. 

Pour les promoteurs de la loi, il existe en effet “des groupes minoritaires de la société guatémaltèque” qui proposent “des modèles de conduite et de vie en commun distincts de l’ordre naturel du mariage et de la famille, ce qui représente une menace pour l’équilibre moral de notre société et par conséquent un danger pour la paix“. 

Le député Walter Felix du parti URNG (gauche) a dénoncé un texte “totalement discriminatoire” et qui “incite à la haine“. Pour lui, “les droits humains d’une partie significative de la population sont violés“. 

Mme Hernández a ajouté que cette loi “anticonstitutionnelle” allait stigmatiser des personnes et nourrir “l’intolérance” dans la société. 

Cette loi devrait en réalité s’appeler +loi pour emprisonner et tuer les femmes+“, a lancé le député Samuel Pérez, également du parti Semilla. (…)

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Voir également notre communiqué: Guatemala, capitale pro-mort ! La haine n’est pas une “valeur familiale”! Non à la loi 5272 ! (Communiqué FAL/Groupe de travail Lut


Information de dernière minute : après deux jours d’intenses manifestations, le président de la République Alejandro Giammatei a demandé au Parlement d’archiver la loi 5272. Il a précisé que son gouvernement n’était pas à l’origine de cette initiative. Il a annoncé que l’Exécutif s’opposerait à sa promulgation car ce texte viole la Constitution guatémaltèque ainsi que des traités internationaux signés par le pays. Affaire à suivre donc…