Haïti: l’écran humanitaire (Frédéric Thomas/ CETRI)

L’humanitaire est une nouvelle fois « la réponse » de l’international à la crise haïtienne. Une stratégie de pourrissement qui témoigne avant tout de la complicité avec le régime en place et contourne l’exaspération sociale des habitants.

« Crise humanitaire ». La formule, insistante, revient avec force ces derniers temps pour dire la situation en Haïti. Plus d’un Haïtien sur trois est en insécurité alimentaire, 2 millions d’enfants ne sont pas scolarisés depuis la rentrée, les médicaments manquent et les hôpitaux sont fermés. Les faits et les chiffres s’égrènent, l’urgence s’impose. La « communauté » internationale s’agite et tire la sonnette d’alarme. Les Etats-Unis ont envoyé, début novembre, un navire-hôpital de la marine, tandis que la France vient de voter le doublement de l’aide alimentaire.

L’humanitaire est la réponse de l’international à la crise haïtienne. Une crise dont il est en partie responsable et qu’il continue d’alimenter, en appelant encore et toujours à un « dialogue sans condition » avec le président Jovenel Moïse, mis en cause dans le dossier de corruption Petrocaribe. Depuis juillet 2018, dans un contexte de dégradation des droits et des conditions de vie, le peuple haïtien s’est soulevé. Les manifestations et barricades se succèdent, au point de bloquer régulièrement le pays, pour exiger la démission du Président et ouvrir la voie à une transition.

Pour les Haïtiens, aucun doute : sans le soutien des institutions internationales et des pays occidentaux – dont, au premier chef, les Etats-Unis –, leur président, décrédibilisé, en butte à un rejet massif de la population, serait déjà tombé. L’aide humanitaire et le dialogue, imposés par l’international, témoignent avant tout de la complicité avec le régime en place. Ils correspondent à sa stratégie de pourrissement, contournent l’exaspération sociale, et tendent à assurer le statu quo.

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