Haïti, un pays sans président et toujours dans le chaos (François-Xavier Gomez / Libération)


La première inculpation après l’assassinat du chef de l’État Jovenel Moïse, en juillet, a eu lieu mardi 4 janvier aux États-Unis. Mais l’enquête n’avance pas dans le pays, livré à la loi de gangs armés qui ont ciblé le Premier ministre lors d’un attentat le 1er janvier.

Des manifestants demandent que la vérité soit faite dans l’assassinat du président Jovenel Moïse, à Port-au-Prince, le 6 octobre. (Richard Pierrin/AFP)

Six mois après le meurtre du président haïtien Jovenel Moïse, le 7 juillet dans sa résidence à Port-au-Prince, on ignore toujours qui a tiré les ficelles du magnicide. Le dernier soubresaut de l’enquête est l’extradition vers les États-Unis d’un ancien militaire colombien, Mario Palacios, 43 ans, accusé d’avoir fait partie du groupe d’une vingtaine d’hommes ayant pénétré dans la chambre du Président pour l’abattre. Trois de ces mercenaires ont été tués par la police après le coup de force, les vingt autres, tous colombiens, sont détenus à Port-au-Prince depuis l’été. Dans des conditions décrites comme épouvantables par leurs familles, qui dénoncent la malnutrition et les maladies.

Les rocambolesques conditions de l’inculpation de Mario Palacios illustrent le chaos de l’enquête menée simultanément aux États-Unis et en Haïti. Le suspect avait fui par bateau après le meurtre pour trouver refuge en Jamaïque. Arrêté en octobre, il avait collaboré avec les enquêteurs américains dépêchés sur l’île. La justice haïtienne demandait son extradition, mais les juges de Kingston l’ont déboutée, considérant comme insuffisants les éléments présentés. Ils ont préféré l’expulser lundi vers son pays. Mais coup de théâtre lors de l’escale de l’avion à Panamá : en raison d’une «notice rouge» émise par Interpol à son encontre pour «meurtre et complicité de meurtre», il est intercepté et expédié aux États-Unis. Avec son accord, et celui des autorités de Bogotá.

Le «co-conspirateur numéro 1»

Mario Palacios, qui encourt la réclusion à perpétuité, a été présenté mardi à un juge de Miami, qui lui a signifié son inculpation, avant de le placer en détention. Il s’agit de la première inculpation formelle, en six mois, dans l’enquête sur la mort de Jovenel Moïse. Et d’un désaveu pour la justice haïtienne, qui affirme souhaiter juger et condamner elle-même les assassins du chef de l’État. Le Premier ministre, Ariel Henry, qui dirige Haïti de facto puisque le fauteuil présidentiel reste vacant, s’en est ému. Il a déclaré vouloir «que la justice triomphe pour l’assassinat crapuleux de Jovenel Moïse, non seulement pour l’ancien président mais aussi pour sa famille ainsi que notre nation». (…)

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Voir également :
Haïti: Jovenel Moïse, victime des narco-trafiquants ? (Pascal Boniface / IRIS)