🇭🇹 Haïti: quinze ans après le séisme dévastateur, «l’opportunité manquée» de la reconstruction (entretien avec Antoine Rivière / Vincent Souriau – RFI) / Quinze ans après un séisme tragique, Haïti continue de s’enfoncer dans le chaos (entretien avec Jean-Marie Théodat / France 24)


Dans un entretien à RFI, le géographe Antoine Rivière, doctorant à l’université Paris VIII, souligne les lacunes d’un processus qui devait remettre l’ensemble du pays en état de marche après les dégâts colossaux causés par le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Des engins de chantier à l’œuvre dans les décombres du palais national de Port-au-Prince, en Haïti, en septembre 2012, deux ans et demi après le tremblement de terre qui a dévasté le pays. AP – Dieu Nalio Chery

Antoine Rivière : Oui, il y a eu une énorme entreprise de reconstruction, c’est indéniable : de nouveaux édifices publics, des bâtiments ministériels, l’instauration de nouvelles normes, la réfection des infrastructures stratégiques. Et ça joue, dans un pays où la symbolique est très importante. Rappelez-vous que moins d’une heure après le tremblement de terre, le bruit avait déjà couru dans toute la ville que le palais présidentiel et la cathédrale avaient été touchés.

Mais les besoins généraux de la population n’ont pas été couverts, car vu les conditions de vie dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, ce n’est pas un ministère flambant neuf qui fait la différence, et on est loin de ce que les esquisses de schémas d’aménagement pouvaient projeter.

En matière d’urbanisme, il s’agissait de maîtriser le développement spontané de la ville et de renforcer sa résilience, afin que, lors d’un prochain séisme, le nombre de morts diminue. Autrement dit, limiter l’étalement et l’occupation de terrains à risques, résorber à l’échelle nationale les phénomènes de macrocéphalie territoriale où tous les réseaux, les services, les universités, sont polarisés autour de l’agglomération très dense de la capitale. Or, de ce point de vue, c’est raté. Entre 2010 et 2014, le rythme de croissance du bâti de Port-au-Prince s’est élevé à 18,3 km2 par an, ce qui est énorme à l’échelle des villes haïtiennes et indiscutablement lié à la reconstruction.

L’action internationale a sédentarisé les populations dans la partie nord de Port-au-Prince et créé un phénomène «  d’encampement  » très bien décrit par l’anthropologue Alice Corbet. D’autant que les élites haïtiennes et les décisionnaires ne portent pas attention au développement de la ville.

Au début du processus, tout le monde est arrivé avec son projet : toutes les agences de développement, de coopération régionale, les ONG, l’ONU, avec un volume de mobilisation énorme. Et c’est la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) qui a été chargée d’organiser la distribution des fonds. C’était un organe mixte, composé de représentants de la communauté internationale et de représentants haïtiens, co-présidée par Bill Clinton et par le Premier ministre haïtien de l’époque, Jean-Max Bellerive. (…)

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Quinze ans après un séisme tragique, Haïti continue de s’enfoncer dans le chaos (entretien avec Jean-Marie Théodat / France 24)

Il y a quinze ans, Haïti était frappé par un séisme de magnitude 7,3 qui avait fait près de 300 000 morts, 300 000 blessés, et plus d’un million de sans-abris. En moins d’une minute, tout s’était effondré, comme le palais présidentiel. Quinze ans plus tard, quelle est la situation en Haïti ? Réponse de Jean-Marie Théodat, directeur du Département de Géographie à l’Université Paris-1 Panthéon Sorbonne et écrivain.

Émission de France 24

Voir aussi : Les puissances mondiales n’envisagent de solution à la crise haïtienne que sous leur supervision, sinon leur ordre (tribune de Frédéric Thomas / CETRI / Le Monde)