🇭🇹 Haïti : une situation qui s’apparente à un conflit armé selon l’ONU (revue de presse)


Le niveau de violence est encore monté d’un cran dans le pays des Caraïbes, malmené par les gangs armés. La population, excédée, commence à se faire justice elle-même ou à fuir les quartiers les plus touchés, alors que les morts se comptent par dizaines chaque jour. La situation à Haïti s’apparente à un « conflit armé » selon un rapport publié par l’ONU le 24 avril. Le pays s’enfonce dans le chaos, sans réponse appropriée de la communauté internationale. Revue de presse.

Les homicides et les enlèvements connaissent une augmentation spectaculaire en Haiti, provoquant la fuite de milliers d’habitant.e.s Photo : CDC / Roger Lemoyne

Escalade de la violence en Haïti: la population lynche et passe à tabac les membres des gangs (Marie André Bélange / RFI / 5 mai)

À Port-au-Prince, le mouvement baptisé « Bwa Kale » s’étend à de nouveaux quartiers. Des civils se défendent contre des gangs qui à leur tour font surenchère de violence. Des résidents de Jalousie, quartier de Pétion-Ville, ont traqué, puis exécuté six membres supposés de gangs. Ces derniers essayaient de se réfugier dans la zone. Depuis le déclenchement de ce mouvement, environ une centaine de bandits présumés ont été exécutés dans la capitale haïtienne et dans d’autres régions. 

Dans la capitale haïtienne, on ne parle que du mouvement « Bwa kale » alors que les images et vidéos des corps calcinés de bandits présumés font le tour des réseaux sociaux. Ce mouvement entamé le 24 avril dernier qui est un cri de révolte est passé à l’action mardi 2 mai, à Jalousie où six bandits ont été traqués, lynchés puis brûlés, rapporte un résident de la zone.

« Depuis quelques jours, c’est la panique chez des résidents de la zone lorsqu’on a rapporté que des bandits du gang de Ti Makak se réfugient à Jalousie, des résidents de la zone ainsi que des policiers qui y habitent ont décidé de les traquer. Ils sont parvenus à appréhender six d’entre eux. Des résidents de Jalousie se sont empressés pour défouler leur colère, car des marchandes affirment avoir été violées et des membres de leur famille kidnappés. C’est vraiment un soulèvement », raconte un habitant. (…)

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Le Dr. Josué Renaud de NERHO dénonce l’alliance entre Ariel Henry et les gangs, laissant le peuple haïtien livré à lui-même (Rezo Nod News / 29 avril)

Dans cet entretien, le Dr Josué Renaud, leader de l’organisation New England Humans Rights, affirme que le peuple haïtien, livré à lui-même depuis longtemps, cherche à se défendre contre les gangs criminels qui sévissent dans le pays. Il insinue que l’alliance du Dr Ariel Henry avec les gangs a contribué à la déstabilisation du pays et à l’appauvrissement de la classe moyenne haïtienne. Renaud soutient également que le gouvernement haïtien est profondément lié aux gangs et que le peuple ne doit pas être qualifié de « barbare ».


À Port-au-Prince et sa banlieue, les gangs armés imposent leur loi et multiplient les méfaits, souvent avec violence (illustration). Photo : Odelyn Joseph / AP

« J’ai dit à maintes reprises que le peuple haïtien très imprévisible, car livré trop longtemps à lui-même, cherche maintenant à se défendre contre les exactions des gangs criminels« , a réagi Dr. Josué Renaud commentant pour la première fois les événements de la semaine avec la disparition brutale de plusieurs présumés bandits.

Dr. Renaud a laissé entendre que « n’était-ce cette alliance du Dr. Ariel Henry avec les gangs« , le peuple haïtien ne saurait arriver à s’auto-défendre, face au degré de violence impitoyable des gangs. Cette collaboration, a-t-il insisté, a en effet contribué à la déstabilisation du pays ainsi qu’à l’appauvrissement de la classe moyenne haïtienne (…)

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Une « journée en enfer » à Port-au-Prince (CETRI / RFI / 27 avril)

Frédéric Thomas (CETRI) et Pierre Gotson (Alterpresse) au micro de RFI commentent la flambée de violence qui a embrasé plusieurs quartiers de la capitale haïtienne le 24 avril.

Des écoliers courent pour se mettre à l’abri alors qu’ils quittent l’école à Port-au-Prince, Haïti, le 3 mars 2023. REUTERS – RALPH TEDY EROL

Un calme précaire règne dans la capitale haïtienne après la flambée de violences qui a touché plusieurs quartiers hier (24 avril 2023). « Jusqu’en fin d’après-midi hier, de nombreux habitants tentaient d’abandonner leurs maisons à Débussy et dans d’autres quartiers avoisinants, les familles qui restent sur place craignent une brusque détérioration de la situation à nouveau  », relate Gotson Pierre, le directeur d’Alterpresse. Il revient aussi sur « l’élan de résistance et de colère surtout quand des riverains à Canapé vert ont lynché, puis brûlé les corps de plus d’une dizaine d’individus armés montés à bord d’un bus. Le lynchage a eu lieu après leur arrestation par des agents de police. »

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Haïti: aux Gonaïves, une manifestation anticriminalité pour dénoncer la complicité de l’État (RFI / 27 avril)

Sous l’initiative de la structure sociale « Gonaïves Debout », plusieurs centaines de citoyens ont manifesté dans les rues des Gonaïves, mercredi 26 avril 2023, contre l’insécurité et l’incapacité du gouvernement d’Ariel Henry à résoudre les problèmes sociaux de base du pays.

Des policiers lors d’une opération anti-gang dans le quartier de Portail à Port-au-Prince, en Haïti, le mardi 25 avril 2023. (Image d’illustration) © Odelyn Joseph / AP

Après avoir parcouru les grandes artères de la ville, c’est sur la place des Martyrs à Détour Laborde que Ravelt Norgaisse, président de « Gonaïves debout », a livré le dernier message : « Haïti a 219 ans d’indépendance, mais ce sont 219 ans de honte, de déception et de révolte. Il faut se mettre debout pour dire “Assez !”, pour que l’international cesse de s’immiscer dans les affaires internes du pays. »

Car pour l’opinion haïtienne, la communauté internationale ne fait rien contre la montée de la criminalité dans le pays. Pas plus que l’État lui-même.

Un « terrorisme d’État »

Pour Jobed Jeannite, coordonnateur de l’Association des enseignants progressistes d’Haïti (AEPHA), un État qui ne lutte pas contre le crime, c’est un État terroriste. « C’est l’État qui est là pour garantir la sécurité, mais il reste indifférent face à la criminalité qui sévit actuellement ; ça montre que l’État est de mèche avec les gangs et c’est ce qui nous donne le terrorisme d’État », estime Jobed Jeannite.

Plusieurs élèves ont également participé à la manifestation pour exprimer leur ras-le-bol. Thelson Honorat est en classe de terminale. « Il faut dire “Assez !” contre les bandits. Je constate que trop de gangs envahissent le pays. Les jeunes ne sont pas en sécurité. Le pays est dans un état tel que tout est bloqué. Le pays est fermé. Personne ne peut laisser Gonaïves pour se rendre à Port-au-Prince en toute tranquillité », déclare Thelson Honorat. (…)

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Haïti. Des membres d’un gang brûlés par des habitants à Port-au-Prince (Édouard Maille et Frédéric Thomas / CETRI / 27 avril)

Les violences s’intensifient dans la capitale haïtienne entre bandes criminelles et la population. Le pays s’enfonce dans le chaos, sans réponse appropriée de la communauté internationale.

Plus d’une dizaine de membres présumés d’un gang ont été lapidés et brûlés vifs lundi 24 avril par des habitants d’un quartier de Port-au-Prince. Photo : Richard Pierrin / AFP)

Plusieurs corps calcinés sont allongés sur une route, encore fumants, sur des photos diffusées par Reuters et l’AFP. Sur les côtés, une foule les observe. Les cadavres sont ceux de membres présumés d’un gang. Ils ont été lynchés et brûlés vifs, le 24 avril, par des habitants, en réaction à des agressions menées par des bandes criminelles dans le quartier le même jour.

Avant d’être attaqués par les résidents du quartier de Canapé-Vert, à Port-au-Prince, les individus avaient été interpellés par la police. Ils se trouvaient dans une camionnette et étaient armés, selon un communiqué des autorités.

C’est alors que des habitants du quartier de Canapé-Vert les ont attaqués. « Une dizaine d’individus qui circulaient à bord de ce véhicule ont été malheureusement lynchés par des membres de la population », détaille un communiqué de la police. Il ne précise pas comment les habitants ont pu s’en prendre à eux.

Les violences avaient commencé avant l’aube dans la capitale. Des membres de gangs ont fait irruption dans plusieurs quartiers résidentiels pour piller des maisons et s’attaquer à des riverains, selon des témoins. « Ce sont les bruits de projectiles qui nous ont réveillés ce matin. Il était 3 heures du matin, les gangs nous ont envahis. Il y a eu des tirs, des tirs », a raconté à l’AFP un habitant du quartier mitoyen de Turgeau. Ces attaques ont contraint des dizaines de familles à quitter leurs foyers, avec des sacs et quelques effets personnels, comme l’ont constaté des journalistes de l’AFP.

La police a plus tard arrêté les personnes armées, avant que les habitants ne viennent les attaquer en représailles. «  Si les gangs viennent nous envahir, nous allons nous défendre, nous aussi on a nos propres armes, nous avons nos machettes, on va prendre leurs armes, nous n’allons pas fuir », a affirmé, très tendu, un riverain.

Comme une zone de guerre

L’extrême violence des habitants est une réponse à l’insécurité et la misère des Haïtiens. Le même jour, un rapport de l’ONU dressait l’état drastique des conditions de vie dans le pays à cause de l’omniprésence des gangs. « Du fait du nombre élevé de morts et de la superficie croissante des zones contrôlées par les bandes armées, l’insécurité dans la capitale a atteint des niveaux comparables à ceux des pays en situation de conflit armé », s’est alarmée l’ONU. (…)

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Haïti. Criminalité : Journée d’enfer dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince (Alter Press / 25 avril)

Les habitantes et habitants dans plusieurs quartiers de la capitale ont vécu l’enfer, durant la journée du 24 avril 2023 et la nuit précédente (dimanche 23 avril 2023), marquées par de nouvelles actions de bandits armés en vue de contrôler de nouveaux territoires, observe AlterPresse.

Photo : Ralph Tedy Erol, Reuters. Un homme se sauve avec son fils à Port-au-Prince pendant des combats entre gangs.

Jusqu’en fin d’après-midi du 24 avril 2023, de nombreux riverains tentaient d’abandonner les quartiers du secteur est de la capitale, sous forte tension, avec des tirs retentissants d’armes à feu de grand calibre.

Kidnappings, vols, exode, désespoir

Comme auparavant dans d’autres secteurs de la capitale, durant toute la journée, la panique a régné dans les zones résidentielles de Débussy, Turgeau, Pacot, Canapé Vert et les blocs avoisinants, qui ont subi, plus tôt, l’assaut de bandits armés.

Des personnes transportant à bout de bras leurs effets personnels, accompagnés d’enfants, à travers des rues vidées, ont été constatées dans une ambiance de paralysie générale des activités. Les yeux hagards, plongés dans le désarroi, certains n’avaient pas de destination précise, selon ce qu’ils ont confié.

Les bandits ne leur ont laissé aucun choix. Par dizaines, ces individus armés se sont introduits dans des résidences pour voler et kidnapper des occupants, ont rapporté des victimes à AlterPresse.

Les personnes qui restent encore sur place craignent beaucoup plus de volatilité au niveau sécuritaire et sont contraints de se confiner dans leurs domiciles, parfois sans réserve de produits de première nécessité.

Crimes, colère et actions de la police

Tôt dans la matinée, des gangs armés ont tenté d’installer leurs bases à Debussy, non loin de Turgeau, selon les informations disponibles. Ils ont eu à faire face à un détachement policier et plusieurs d’entre eux ont été tués, confirme la police. Quatre armés à feu ont été saisies.

Des chefs de gangs ont encore proféré, au cours de l’après-midi, des menaces de représailles dans divers quartiers, surtout que des riverains en colère à Canapé Vert ont lynché puis brûlé, dans la matinée, les corps de plus d’une dizaine d’individus armés.

Les individus lynchés, montés à bord d’un minibus, seraient au nombre de 14 et viendraient en renfort aux malfrats qui terrorisaient Débussy, selon des témoignages de riverains obtenus par AlterPresse.

Le lynchage de ces personnes a eu lieu après leur arrestation, par des agents. La Police nationale d’Haïti (Pnh) informe avoir confisqué des armes et d’autres matériels, lors de la perquisition du minibus, dans lequel se trouvaient les individus armés. (…)

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En Haïti, des membres présumés d’un gang massacrés et brûlés (TV 5 Monde / 25 avril)

Des images d’épouvante à Port-au-Prince, en Haïti. Au moins douze membres présumés d’un gang ont été massacrés et brûlés par les habitants du quartier de Turgeau. Dans la nuit, les gangsters avaient envahi des maisons avant que la police ne les désarme. Des résidents s’en sont alors pris à eux, les ont tués et ont brûlé leurs corps dans la rue.

Les habitants fuient maintenant la zone, par peur des représailles. Selon l’ONU, le niveau des violences en Haïti est “comparable à celui d’un pays en guerre”.

Reportage de TV 5 Monde

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