🇺🇾 ¡ Hasta siempre, Pepe Mujica !(revue de presse)


L’ancien président uruguayen José «Pepe» Mujica est décédé des suites de son cancer mardi 13 mai à l’âge de 89 ans. « C’est avec une profonde douleur que nous annonçons que notre camarade Pepe Mujica est décédé. Président, militant, référent et guide. Tu vas beaucoup nous manquer, cher vieux », a écrit l’actuel président uruguayen, Yamandu Orsi sur le réseau social X.

José Mujica en juin 2013, à la fin de son mandat) avait refusé de vivre dans le palais présidentiel de Montevideo, préférant rester avec sa femme dans sa maison de 50 m2, proche de la capitale. (AFP)

Revue de presse.

Mort de Pepe Mujica, ancien président de l’Uruguay et figure politique emblématique du sous-continent (Luis Reygada / L’Humanité)

Engagé pour la justice sociale et l’intégration latino-américaine, l’ancien président de l’Uruguay est décédé mardi 13 mai à l’âge de 89 ans.

Une photo d’archive prise le 19 octobre 2024 montre Jose Mujica prononçant un discours lors d’un événement à Montevideo, en Uruguay. © Nicolas Celaya/Xinhua/ABACAPRESS.COM

José Alberto Mujica Cordano, président de l’Uruguay entre 2010 et 2015, s’est éteint ce mardi, sept jours avant de pouvoir souffler ses quatre-vingt-dix bougies. Après avoir été diagnostiqué avec une tumeur à l’œsophage l’année dernière, il avait annoncé en janvier que son cancer s’était propagé et qu’il ne se soumettait pas à d’autre traitement.

Après une vie de lutte et d’engagement politique et populaire, « Pepe » Mujica, comme l’appelaient affectueusement ses camarades, est parti vers l’au-delà des révolutionnaires, rejoindre ses anciens homologues et amis de l’époque de la marée rose latino-américaine. Des chefs d’État latino-américains tels que l’argentin Néstor Kirchner, le vénézuélien Hugo Chávez, le cubain Fidel Castro ou encore son compatriote l’écrivain Eduardo Galeano (respectivement décédés en 2010, 2013, 2016 et 2015), compañeros qui avaient croisé sa route durant cette période où des gouvernements osant enfin s’affirmer décidaient d’écrire eux-mêmes l’histoire, de la main gauche et à l’encre rouge, d’un sous-continent bien décidé à s’unir pour mieux s’émanciper de la tutelle de Washington.

Trop souvent réduit à une caricature forgée autour de sa personnalité « atypique » (refus des conventions, style de vie modeste, verbe spontané) – selon les critères de la presse dominante occidentale – et qui expliquerait sa popularité, Pepe Mujica était en réalité bien plus que cela. Il était de ces hommes et femmes qui se battent toute leur vie pour qu’advienne un autre monde, défiant avec radicalité l’ordre néolibéral, engagé pour la justice sociale, de ces personnes que Bertolt Brecht appelait « les indispensables ». Et, qui plus est, il menait ce combat avec l’arme la plus efficace : celle de l’exemple.

Né en 1935 dans une famille modeste de Montevideo, Mujica grandit dans ce petit pays coincé entre l’Argentine et le Brésil, marqué par les inégalités. Jeune homme, il prend vite conscience de l’exploitation cruelle de la paysannerie, des petits éleveurs et des ouvriers du complexe agroalimentaire, rouages essentiels d’une économie dopée par l’exportation de viande. Il milite au sein du Parti national, puis fonde l’Union populaire avant de faire le choix des armes en rejoignant le Mouvement de libération nationale – Tupamaros, une guérilla urbaine inspirée par la révolution cubaine et les luttes anti-impérialistes.

Arrêté en 1972 et considéré comme un otage par la dictature civico-militaire (1973-1985), il passe treize ans en prison dont une longue période dans des conditions extrêmement dures, et subit la torture. Libéré après la chute du régime anti-communiste, il reprend le chemin du combat politique et intègre en 1989 le Front large (FA), une coalition de partis de gauche, tout en fondant avec d’autres ex-guérilleros le Mouvement de participation populaire. Élu député (1994) puis sénateur (1999), il parvient à faire du mouvement la première force politique au sein du FA en s’imposant peu à peu comme une de ses figures centrales. Il est ensuite nommé ministre de l’Agriculture, en 2005, lorsque ce parti parvient à propulser Tabaré Vázquez à la présidence (2005-2010 puis 2015-2020). Il est enfin élu président, en 2009, avec 52 % des suffrages et un mandat clair : approfondir les réformes sociales engagées par son prédécesseur. (…)

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Uruguay : l’ex-président José “Pepe” Mujica, apôtre de la sobriété face au consumérisme, est mort (Olivier Bras / France 24)

L’ancien chef de l’État uruguayen José “Pepe” Mujica est mort mardi à l’âge de 89 ans. Cet ex-guérillero avait acquis une notoriété mondiale en renonçant aux avantages liés à la fonction présidentielle. Engagé en faveur de l’environnement, il pourfendait la surconsommation et faisait l’éloge de la sobriété. 

Reportage de France 24

“Le guerrier a droit à son repos. Qu’on me laisse tranquille.” C’est avec ces mots que José “Pepe” Mujica, avait fait début janvier ses adieux publics, dans une interview accordée à l’hebdomadaire uruguayen Busqueda. Venant d’apprendre que le cancer de l’œsophage dont il souffrait s’était propagé à d’autres organes, l’ancien président de l’Uruguay annonçait son choix de renoncer à tout traitement et demandait à pouvoir terminer paisiblement sa vie, aux côtés de son épouse Lucia Topolansky. Il est mort mardi 13 mai, à l’âge de 89 ans.

Le calme n’a cependant été que relatif ces derniers mois dans sa ferme – ou “chacra” – située non loin de Montevideo, José “Pepe” Mujica a continué à répondre à des sollicitudes médiatiques, notamment à l’occasion de la récente mort du pape François, une personnalité qui, selon lui, avait su faire preuve d’engagement à l’égard des plus faibles”. Il a aussi reçu dans sa propriété de nombreux présidents d’Amérique latine, comme le Brésilien Lula, le Dominicain Luis Abinader, le Chilien Gabriel Boric ou le Guatémaltèque Bernardo Arévalo. Et des artistes sont venus lui témoigner leur affection, en interprétant des chansons qui avaient accompagné son long chemin de militant.

 Ces visiteurs ont tenu à saluer l’engagement de cet homme au parcours atypique. Au cours des années 1960-1970, il appartenait au mouvement d’extrême gauche des Tupamaros, qui s’est notamment financé en réalisant des enlèvements ou en attaquant des banques et des commerces en Uruguay. Il a survécu à plusieurs blessures par balles lors d’une interpellation. En tout, il a passé 14 ans derrière les barreaux, la plupart du temps sous la dictature militaire (1973-1985).  En détention, il a été victime d’intenses tortures psychiques et physiques, relatées notamment dans le film “Compañeros” du réalisateur Alvaro Brechner, qui raconte ses longues années passées à l’isolement.

Amnistié au retour de la démocratie en 1985, José Mujica a contribué à l’abandon de la lutte armée et entamé une carrière politique au sein de l’alliance du Frente Amplio (Front large, FA), devenant successivement député, sénateur, ministre de l’Agriculture et enfin président (2010-2015). Lors d’un discours marquant prononcé en 2013 devant les Nations unies, José Mujica a abordé sa quête passée d’une “société sans classe”, assumant alors les “erreurs” commises pendant ses années de guérillero.

Son parcours politique, Denis Merklen le connaît bien. Né en Uruguay, ce sociologue, qui dirige à Paris l’Institut des hautes études de l’Amérique latine, a eu l’occasion de rencontrer Pepe Mujica dans les années 1980. Il a conservé des liens avec cet homme, l’un des derniers représentants de la gauche latino-américaine ayant pris les armes au cours des années 1960, dans la lignée de la révolution cubaine.

Pour Denis Merklen, Pepe Mujica “a su rentrer avec force dans la démocratie et à en faire un espace indépassable, que l’on ne peut remettre en question sous aucun prétexte”. Une posture partagée par “nombre de ses camarades de lutte qui ont connu en parcours similaire, à commencer par son épouse Lucia Topolansky, qui a été vice-présidente de la République. Mais lui a trouvé une plus grande audience car il a été élu président”, ajoute Denis Merklen. (…)

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Décès de “Pepe” Mujica, ex-président uruguayen : l’exemplarité en héritage (entretien avec Denis Merklen / France Culture)

S’il n’a exercé qu’un seul mandat à la présidence de l’Uruguay entre 2010 et 2015, cet ancien guérillero a marqué les esprits du monde entier, non seulement pour les grandes réformes sociales qu’il a engagées, mais surtout pour son mode de vie.

José ‘Pepe’ Mujica le 28 août 2018 à Livourne, en Italie. ©Getty – Laura Lezza

Une fois élu, il préfère au palais présidentiel sa petite ferme des environs de Montevideo, continue d’y cultiver son potager après avoir géré les dossiers de l’État, et reverse 90% de ses revenus à des associations. Au-delà de ces pratiques, quelle pensée politique Pepe Mujica laisse-t-il en héritage ?

Entretien avec Denis Merklen, sociologue, professeur à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 et directeur de l’Institut des Hautes Études sur l’Amérique latine par Guillaume Erner / Enjeux internationaux / France Culture.

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Pepe Mujica, le guérillero-président qui a placé l’Uruguay sur la carte du monde (Isabelle Le Gonidec / RFI)

 L’ancien président uruguayen (2010-2015) José « Pepe » Mujica est décédé ce mardi 13 mai à l’âge de 89 ans. Ce président iconoclaste, ancien guérillero converti à la social-démocratie qui s’affranchissait des codes de la pompe politicienne, était devenu du fait de la voracité médiatique un « maître à penser » de la gauche bien au-delà des rives du continent latino-américain. 

José Mujica, avec le drapeau de l’Uruguay, au dernier jour de son mandat présidentiel, le 27 février 2015. REUTERS/Andres Stapff

Ce fut sans doute son dernier acte politique public. Pepe Mujica a assisté le 1er mars à l’investiture du nouveau président de l’Uruguay Yamandu Orsi, assis à côté des anciens présidents Luis Alberto Lacalle Herrera (1990-1995), père du président sortant, et Julio Sanguinetti (1985-1990). « J’ai une énorme confiance en lui », a-t-il déclaré. Le vieux lion avait tiré le rideau un peu plus tôt, en janvier. « Je veux mourir en paix », plus de visites, plus d’interview, avait déclaré alors Pepe Mujica, dans un adieu à ses concitoyens.  

« Pepe » pour José, José Alberto Mujica Cordano. Une manière familière de désigner le président d’une République, fut-elle modeste : 176 000 km² pour quelque trois millions et demi d’habitants. Il était Pepe Mujica pour tout le monde. Pour les Uruguayens ; pour les médias nationaux et étrangers qui ont accouru lui rendre visite dans sa petite ferme, sa chacra de Rincón del Cerro, aux environs de Montevideo ; pour les artistes que sa vie mouvementée, sa réputation de probité et sa fidélité à ses  engagements politiques inspiraient. Aerosmith, Sean Penn, Glenn Close, Ricky Martin, Milton Nascimento… et tant d’autres lui ont rendu visite. En janvier encore, des musiciens espagnols et latino-américains (Joaquin Sabina, Silvio Rodriguez, Leon Gieco, etc d’autres) ont lancé sur les réseaux sociaux Una canción y unas palabras para Pepe lui dédiant certaines de leurs chansons.  

Il a aussi eu les honneurs du cinéma. Le réalisateur serbe Emir Kusturica a filmé trois années durant à ses côtés pour les besoins du documentaire El Pepe, una vida suprema, diffusé sur Netflix. Autre film, de fiction cette fois, du réalisateur uruguayen Alvaro Brechner, Una larga noche de 12 años, inspirée des années de captivité de Pepe Mujica pendant la dictature militaire en Uruguay (1973-1985). Le film fut présenté au festival de Venise en 2018 mais Pepe Mujica n’assista pas à la projection. La nature nous a mis les yeux sur la face, expliqua-t-il en conférence de presse, pour justifier son refus de revenir sur un passé douloureux. « Ce qui est important dans la vie, c’est demain… » (…)

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«Toute l’Amérique latine est en deuil»: José «Pepe» Mujica, ex-président uruguayen et icône de la gauche, est mort (Le Temps/ AFP)

José «Pepe» Mujica, l’ancien guérillero qui a gouverné l’Uruguay de 2010 à 2015, figure de la gauche latino-américaine et pourfendeur de la surconsommation, est mort mardi à l’âge de 89 ans. «C’est avec une profonde douleur que nous annonçons que notre camarade Pepe Mujica est décédé. Président, militant, référent et guide», a annoncé sur X en début d’après-midi l’actuel président uruguayen, Yamandu Orsi.

Un portrait de l’ancien président de l’Uruguay, José Mujica, au siège du parti Frente Amplio à Montevideo, le 13 mai 2025. — © Dante Fernández / AFP

«Pepe» Mujica, surnommé le «président le plus pauvre du monde» pour avoir reversé la quasi-totalité de ses revenus de président à un programme de logement social, avait révélé en début d’année que son cancer de l’œsophage diagnostiqué en mai 2024 s’était propagé et que son corps ne supportait plus les traitements. «Mon cycle est terminé. Clairement je suis en train de mourir. Le guerrier a droit à son repos», avait-il déclaré.

Jusqu’au bout, l’ancien dirigeant aura œuvré pour la gauche uruguayenne. Érigé en figure de proue du Frente Amplio, la coalition qui a mené la gauche au pouvoir pour la première au pouvoir en 2005 avec Tabaré Vasquez (2005-2010, puis 2015-2020), il a mené la campagne présidentielle de Yamandu Orsi en novembre 2024.

«Il y a quelque chose de doux, un peu comme un cadeau d’adieu», dans la victoire de son héritier politique, avait-il dit dans un entretien avec l’AFP. La présidence uruguayenne a annoncé la tenue d’une veillée funèbre mercredi au Palais législatif de Montevideo.

Dans la capitale, Carlos Casal, un retraité de 71 ans assis dans un bar qui dit avoir connu José Mujica, évoque «quelqu’un de bien, humble, travailleur».

José Mujica «a cru, milité et vécu» pour un monde meilleur, a réagi sur X le premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, à l’annonce de sa mort. En Colombie, le président de gauche Gustavo Petro, lui-même ex-guérillero, a salué un «grand révolutionnaire». (…)

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Pepe Mujica, icône de dignité (Patrick Piro / Politis)

José Mujica, ex-président de l’Uruguay, s’est éteint à 89 ans. Résistant contre la dictature devenu chef d’État, « Pepe » laisse un héritage précieux, fait d’engagements en faveur de l’environnement, de la démocratie et des progrès sociaux.

Le président uruguayen José Mujica avec Barack Obama dans le bureau ovale, le 12 mai 2014.
© Pete Souza – White House / domaine public

Dans une époque submergée par les ignominies de dirigeants à qui l’on mettrait volontiers son poing dans la gueule, l’évocation de la vie exemplaire de José Mujica, qui vient de décéder à l’âge de 89 ans, nous baigne d’un vrai baume consolateur.

Il lui aura suffit de cinq petites années à la tête de l’Uruguay, de 2010 à 2015, pour se forger une légende dont l’aura aura porté bien au-delà des frontières ce petit pays de 3,4 millions d’habitants, et même de cette Amérique latine dont il chérissait le destin. Par son action politique, il aura donné une existence aux yeux du monde à ce territoire grand comme un tiers de la France, rendu invisible par l’ombre portée des mastodontes brésilien et argentin voisins.

On l’ignorait largement avant sa présidence : l’Uruguay est pionnier dans de nombreux domaines sociaux et sociétaux. Bien avant la France, le pays a aboli la peine de mort (1907), octroyé le droit de vote aux femmes (1933) et autorisé l’adoption d’enfants par les couples homosexuels (2008). Mujica contribuera à de nouvelles avancées. Les plus symboliques : la légalisation de l’avortement (2012) et du mariage homosexuel (2013), ainsi que la dépénalisation du cannabis en 2014, une première dans le monde.

Moins clinquants à l’international peut-être, mais aussi spectaculaires sinon plus au regard du nombre de bénéficiaires, d’importants progrès sociaux ont été engagés sous le mandat Mujica : le pays, qui a considérablement réduit la pauvreté et accru son action en matière d’éducation ainsi que de santé, est aujourd’hui le plus égalitaire du continent et le plus avancé en matière d’énergies renouvelables. (…)

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Análisis en español : Muere José Mujica: el descanso del guerrero (Roberto Montoya / El Salto)


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