Hommage à Juan Paredes, militant historique de FAL Bordeaux

Un membre historique de FAL 33 vient de mourir : Juan Paredes militant communiste qui a subi un double exil. Françoise Escarpit (Comité Directeur de FAL) qui l’a bien connu lui rend hommage dans ce texte lu lors des obsèques le 26 avril.

Ils sont arrivés l’un après l’autre. Hermán, le Chilien d’abord. L’Uruguayen Eugenio l’a suivi de près. Et sont ensuite arrivés, d’Argentine bien que paraguayen, Juan et, pour finir, du Chili aussi, Iván. Ils étaient presque tous accompagnés de leur femme et leurs enfants… Les années noires des dictatures allaient durer plus que nous le pensions.

La « bande des quatre » fut, pour moi, le début d’une histoire qui n’est pas terminée. J’ai appris d’eux leurs rêves, leurs peines, leur histoire et leurs luttes. En 1970, s’est créée, au plan national, l’association France-Amérique Latine pour appuyer la lutte du peuple chilien et de ses dirigeants dans le nouveau chemin, à peine ouvert, du socialisme. À Bordeaux, la décennie des 70 fut celle de la solidarité et des espoirs frustrés pour ces camarades auxquels avaient été arrachés leur pays, leur avenir, leur jeunesse et c’est avec eux que nous avons construit l’association FAL 33 de Bordeaux.

Dans la manifestation du 1er mai 2021 avec sa compagne Eusebia

Hermán est parti, en Hongrie d’abord, puis en Sardaigne, nommé à l’université de Sassari. Eugenio est rentré, la dictature tombée, à Montevideo et a poursuivi son œuvre artistique. Juan et Iván nous sont restés. Si je n’avais pas connu Juan, peut-être n’aurais-je pas décidé d’aller, en 1989, au Paraguay au moment de la chute du dictateur Stroessner. Je n’aurais pas découvert cette église si engagée, la violence des propriétaires terriens, cette langue guarani si présente… la polka, le tereré et d’inoubliables ami.e.s.

Juan, mon frère, tu m’as tant émue quand tu es venu à la Halles des Chartrons pour l’exposition de Pucéart, il y a quelques années, pour parler de ta vie, lutte, engagement, prison, torture, avec une pudeur extrême, les larmes aux yeux, dans ce français que si longtemps tu n’as pas voulu parler. Tu ne voulais pas venir mais notre insistance et celle d’Eusebia ont eu raison de toi !

Juan, mon frère, repose en paix. Je ne serai pas avec vous le 26. Je suis au Mexique, mon autre patrie, mais je ne t’oublierai pas, pas plus que Eusebia, ta compagne, et Sandra et Ernesto que j’ai connu si petits. Je vous aime.

Françoise