🇭🇳 Honduras : communiqué collectif de solidarité avec les Défenseurs du río Guapinol / Solidaridad con los Defensores del río Guapinol
L’Observatoire pour la Justice des Défenseurs de Guapinol (Observatorio por la Justicia de los Defensores del Río Guapinol) et plus de 220 organisations nationales et internationales (dont France Amérique Latine) demandent à l’État du Honduras de prendre des mesures fermes pour endiguer la violence constante à l’encontre des communautés de Guapinol, du quartier San Pedro.
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L’Observatoire pour la Justice des Défenseurs de la Rivière Guapinol et les organisations de défense des droits humains signataires condamnent l’assassinat d’Oscar Oquelí Domínguez Ramos, défenseur des rivières et des biens communs de Guapinol et du secteur San Pedro, survenu le 15 juin au matin à son domicile. Sa mère, Catalina Ramos a également été blessée lors de l’attaque armée. Nous souhaitons exprimer notre solidarité envers la famille et toutes les personnes qui l’accompagnent dans cette lutte pour la justice et la dignité.
Le contexte de violence systématique à l’encontre des défenseurs des droits humains au Honduras a été documenté depuis de nombreuses années par des organisations et des collectifs nationaux et internationaux, ainsi que par les systèmes de protection des droits humains. Rien qu’en 2023, huit assassinats de défenseurs des droits humains ont été enregistrés dans la région du Bajo Aguán.
Les personnes défendant les territoires, les biens communs et l’environnement sont plus particulièrement exposées à de multiples risques en raison de leur travail car les entreprises extractives, qui ont spolié les terres et détérioré la situation des droits humains dans les territoires, ont des intérêts économiques qui prévalent sur la dignité humaine. La présence préoccupante dans les territoires des entreprises Inversiones Los Pinares et Ecotek, toutes deux intégrantes du Groupe EMCO a été signalée, notamment pour avoir opéré grâce à des concessions irrégulières accordées par l’État hondurien.
C’est pourquoi les organisations signataires soutiennent que cette attaque révoltante n’est pas un acte isolé. Oquelí Domínguez était le frère d’Aly Domínguez, un jeune défenseur assassiné pour son travail visant à protéger les rivières, le 7 janvier 2023 aux côtés de Jairo Bonilla. Jusqu’à maintenant, l’enquête sur ces événements tragiques n’a aucunement avancé. Un autre frère d’Oqueli, Reynaldo Dominguez, a été criminalisé par l’État hondurien, en raison de son engagement pour la défense du Parc National Carlos Escaleras. Rappelons que la criminalisation s’inscrit dans une pratique systématique visant à restreindre et punir le droit à la défense des droits humains au Honduras.
Nous tenons à souligner que l’assassinat d’Oquelí Dominguez survient après une recrudescence de menaces contre les défenseurs du Comité municipal de défense des biens communs et publics de Tocoa. Celles-ci ont fait l’objet de signalements insistants auprès des instances nationales compétentes, mais jusqu’à présent, le mécanisme de protection des défenseurs des droits humains au Honduras n’a pas assumé son rôle consistant à garantir et prévenir les risques dans la zone en conflit. Il est alarmant que l’État ne réponde pas à ses obligations internationales envers les défenseurs au Honduras, d’autant plus qu’il a été condamné à plusieurs reprises par la Cour interaméricaine des droits de l’homme, notamment dans les affaires Carlos Escaleras et Jeannette Kawas vs le Honduras.
Récemment, du 24 au 28 avril de cette année, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a effectué une visite in situ au Honduras, à l’invitation du gouvernement hondurien. À cette occasion, après avoir entendu les témoignages de déplacements forcés, de criminalisation, de menaces et les témoignages des familles de défenseurs assassinés pour leur travail de défense des droits humains, la CIDH a constaté la situation urgente à laquelle sont confrontés les défenseurs de l’environnement dans le Bajo Aguán. Il est nécessaire de reconnaître le risque imminent dans les communautés de Guapinol, du quartier San Pedro et de la municipalité de Tocoa, en dictant des mesures destinées à susciter, la prise en compte immédiate de la situation susmentionnée par les autorités honduriennes.
L’Observatoire pour la Justice des Défenseurs de la Rivière Guapinol et les organisations signataires demandent à l’État du Honduras de reconnaître ses obligations quant à l’accès à la justice et à la garantie de la vie et de l’intégrité des défenseurs dans le Bajo Aguán. Pour contrer cette situation critique, il est nécessaire que l’État s’implique activement dans la formulation et la mise en œuvre de mesures effectives et de long terme. L’éloignement des personnes vivant en situation de risque constant ne doit pas être considéré comme une option. L’État du Honduras a la responsabilité de s’attaquer à l’origine du risque qui a maintenu les conflits socio-environnementaux sous les yeux de la communauté nationale et internationale et qui constitue l’une des nombreuse causes d’assassinats de défenseurs des droits humains dans le pays.
Nous exigeons de l’État du Honduras qu’il accorde une attention immédiate et efficace à la situation dans le Bajo Aguán et qu’il garantisse la vie et l’intégrité des habitants des territoires et des défenseurs des biens communs. En particulier, nous demandons une protection immédiate pour la famille Domínguez, y compris à Catalina Ramos, victime pour avoir été témoin du crime. Nous demandons que cessent le harcèlement et les menaces contre tous les membres du Comité municipal de défense des biens communs et publics et à leurs familles ainsi que leur mise sous protection en raison des risques imminents auquel les expose leur travail de défense et de protection de la Montaña de Botaderos. Nous sollicitons également une enquête rapide, efficace et impartiale sur les assassinats d’Oquelí Domínguez Ramos et tous ceux qui sont restés impunis.
L’Observatoire et les organisations signataires de cette communication, exprimons notre solidarité envers la famille, le Comité municipal de défense des biens communs et publics de Tocoa, ainsi qu’envers ceux qui les accompagnent.
Merci de nous permettre de marcher à vos côtés dans cette lutte pour l’eau et la vie.
22 juin 2023
Texto en español y lista de las organizaciones firmantes
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