🇭🇳 Honduras. Non à la thermoélectrique à coke de pétrole et au mégaprojet minier d’Emco. (communiqué international)


Des organisations nationales et internationales exigent que les autorités honduriennes respectent la décision de la population de Tocoa (département de Colón ou Bas Aguán) de dire NON à la thermoélectrique à coke de pétrole et au mégaprojet minier d’Emco. France Amérique Latine est signataire de cette déclaration.

Leer en español : Más de cien organizaciones exigen a Honduras respetar la decisión del pueblo de Tocoa de decir NO al megaproyecto minero


Le samedi 9 décembre 2023, la population de Tocoa a été convoquée par le conseil municipal pour participer à une assemblée sur le projet thermoélectrique de coke de pétrole d’Ecotek, l’une des sept entreprises impliquées dans un mégaprojet d’oxyde de fer, piloté par le consortium “Emco Holdings” d’Ana Facusse et Lenir Pérez.

Plus de 2000 personnes se sont présentées à l’Institut Froylan Turcios pour s’assurer que leur voix soit entendue, bien qu’une campagne de stigmatisation contre les défenseur-ses des droits humains, membres du Comité municipal pour la défense des biens communs et publics de Tocoa, ait été menée dans la période précédant l’assemblée, dans le but de provoquer la terreur de la population.


L’assemblée civique, qui s’est déroulée sous forte surveillance policière, a compté avec la présence de représentant.es du Secrétariat aux droits humains, du Haut-Commissariat aux droits humains, de l’Observatoire pour la justice des défenseurs du fleuve Guapinol, et d’organisations nationales et internationales ainsi que d’organisations internationales de surveillance des droits humains.

Le personnel municipal a essayé d’empêcher les électeurs d’entrer dans l’Institut. Face au grand nombre de personnes qui étaient venues voter contre le projet, le maire Adán Funes a refusé d’entrer dans l’Institut pour déclarer le conseil ouvert. En conséquence, la population a organisé une assemblée populaire, où étaient présents les conseillers municipaux, et a voté contre la thermoélectrique de coke de pétrole et le mégaprojet d’Emco. Cette décision populaire réaffirme le résultat de l’assemblée qui s’était tenue en novembre 2019 à Tocoa et qui avait catégoriquement rejeté le projet minier. Tout ce processus a été supervisé par des conseillers municipaux et l’acte a été notarié.

Nous sommes préoccupés par le fait que le projet énergétique d’Emco ait été présenté par les autorités locales et nationales comme un moyen d’atténuer le problème électrique à Tocoa, alors que, selon l’évaluation de l’impact environnemental réalisée par l’entreprise Ecotek elle-même et présentée au Secrétariat des ressources naturelles / SERNA, la majeure partie de l’électricité produite est destinée au fonctionnement de l’usine de l’entreprise pour granuler l’oxyde de fer qu’elle extrait du Parc national Carlos Escaleras.

Nous saluons la position exprimée par l’État du Honduras lors de la COP28 sur la défense des forêts et la production d’énergie propre, mais nous sommes profondément préoccupés par les efforts visant à produire de l’énergie par la combustion de coke de pétrole, un produit très polluant pour la santé et l’environnement, d’autant plus que selon l’avis du Centre d’études et de contrôle des polluants / CESCO du Secrétariat des ressources naturelles / SERNA, en date du 23 avril 2023, ce processus n’est pas réglementé au Honduras.

Depuis plus de sept ans, le Comité municipal pour la défense des biens communs et publics de Tocoa / CMDBCPT dénonce publiquement, par l’intermédiaire des autorités honduriennes compétentes, les illégalités, les violations des droits humains et la pollution environnementale liées au mégaprojet d’Emco.

Ces plaintes n’ont donné lieu à aucune action significative de la part des autorités concernées, bien que le CMDBCPT ait présenté des preuves claires et fondées à la suite d’un examen approfondi des dossiers de l’entreprise et des documents de l’État, qui étayent leurs déclarations.

Les membres du CMDBCPT ont été victimes d’arrestations arbitraires, d’assassinats, de menaces, de déplacements forcés et de campagnes de dénigrement dans le but de réduire au silence leur lutte digne pour la vie et pour la protection des forêts et des rivières du Parc national Montaña de Botaderos Carlos Escaleras. En octobre 2023, les membres du Comité municipal et leurs équipes juridiques ont obtenu des mesures conservatoires de la Commission interaméricaine des droits de l’homme en raison du risque imminent qu’ils encourent.

Depuis octobre 2023, les membres du Comité municipal et leurs équipes juridiques bénéficient de mesures conservatoires de protection de la Commission interaméricaine des droits humains / CIDH en raison du risque imminent qu’ils courent.

Au regard de la décision prise par le peuple de Tocoa, et en soutien à la lutte du Comité municipal pour la justice et la responsabilité, nous exigeons :

  • le respect de la décision de la population de Tocoa, exprimée le 9 décembre 2023 par une assemblée populaire, et sa mise en œuvre immédiate par tous les niveaux du gouvernement hondurien.
  • l’annulation immédiate et inconditionnelle du méga-projet d’Emco Holdings, y compris les concessions minières ASP et ASP2 d’Inversiones Los Pinares, la centrale thermoélectrique de coke de pétrole et la concession de l’usine de granulation d’Ecotek, les concessions pour l’utilisation de l’eau des rivières Guapinol, San Pedro et le ruisseau La Ceibita.
  • la protection immédiate et intégrale des membres du Comité municipal, de leurs équipes juridiques et de leurs familles grâce à des mesures prises par l’État en accord avec les défenseurs.
  • la réalisation d’une enquête sur les plaintes pénales et administratives déposées par le Comité municipal pour obtenir le jugement et la sanction des responsables des illégalités liées au projet d’extraction et des menaces et campagnes de stigmatisation contre des défenseur.ses du Comité municipal.
  • la réalisation d’une enquête indépendante, de poursuites et de sanctions contre les responsables matériels et intellectuels des assassinats de Jairo Bonilla, Aly Domínguez et Oqueli Domínguez.
  • la réparation des dommages subis par les personnes victimes de la persécution de l’entreprise Emco et de l’État du Honduras, et de ceux produits dans la zone centrale du parc national Carlos Escaleras.