«Il faut arrêter les négociations commerciales avec Bolsonaro» (Tribune publiée sur Libération)

Des organisations de solidarité internationale (dont France Amérique Latine) alertent sur la crise sanitaire, sociale, politique et écologique que vit le Brésil alors que l’Union européenne finalise un accord de commerce décrié avec les pays du Mercosur.

Jair Bolsonaro, le 15 juillet, au palais de l’Aurore, à Brasilia. 
Photo Ueslei Marcelino. REUTERS

Tribune. Alors que le recensement officiel de juillet comptabilise plus de 2 millions de cas et presque 80 000 morts liés au Covid-19, le président Bolsonaro place aux postes clefs de la santé publique des militaires, notamment le général Eduardo Pazuello en tant que ministre de la Santé par intérim. La population est laissée à la merci de la pandémie, particulièrement les personnes les plus vulnérables. Le gouvernement continue de minimiser la gravité de la situation. Il entrave la publication des données officielles relatives à la pandémie ainsi que le versement d’aides financières d’urgence destinées aux 25% de la population brésilienne y ayant droit.

La restriction budgétaire concerne également les versements aux États et aux municipalités. Sur l’ensemble des tests pour le Covid-19 acquis par le ministère de la Santé depuis mars, seuls 36% ont atteint les laboratoires des États et des municipalités. Même situation vis-à-vis des dépenses directes du ministère de la Santé dans le combat contre la pandémie : jusqu’à la fin mai, seulement 6,8% des plus de 11,7 milliards de réals brésiliens (R$) destinés à la lutte contre le coronavirus ont été effectivement dépensés pour combattre la pandémie. Le président Bolsonaro et son gouvernement sont ainsi responsables de l’hécatombe en cours.

Déforestation

Profitant que l’attention de la société soit tournée vers la crise sanitaire, les mégaprojets miniers et les grands chantiers de déforestation sont maintenus au sein de la forêt amazonienne. Les peuples autochtones dépendent de cet écosystème irremplaçable, dont les ressources naturelles sont plus que jamais menacées. Leurs droits sont tout simplement niés. La propagation du Covid-19 au sein de ces communautés se renforce à mesure de l’entrée de personnes extérieures sur leurs terres, surtout des fonctionnaires du gouvernement fédéral. Le 16 juin, c’est le chef autochtone Paulinho Paiakan qui s’est éteint, contaminé par le virus. Il était un des plus ardents défenseurs de l’Amazonie et figure de la lutte contre le mégaprojet hydroélectrique de Belo Monte. En juin, plus de 300 décès par le Covid-19 – un taux de mortalité 1,5 fois supérieur à la moyenne nationale – ont été recensés par l’Articulation des peuples autochtones du Brésil (Apib). 119 groupes autochtones sont atteints, dont des populations en isolement volontaire. (…)

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Signataires : Act Up Paris (François Emery, vice-président) ; Almaa (Suzete de Paiva Lima Kourliandsky, présidente) ; Amar Brasil (Gilles Maréchal, président) ; Autres Brésils (Erika Campelo, co-présidente et Luc Duffles Aldon, co-président) ; Attac, (Maxime Combes, porte-parole) ; CCFD-Terre Solidaire (Sylvie Bukhari-de-Pontual, présidente) ; Cedetim (Bernard Dreano, président) ; Comité des Amis du Mouvement des Sans Terre du Brésil (Monique Piot Murga, présidente) ; CSIA- Nitassinan (Aurélie Journée-Duez, présidente) ; Cedal (Celina Whitaker, co-présidente) ; Confédération paysanne (Nicolas Girod, porte-parole) ; Crid (Emmanuel Poilane, président) ; Emmaüs International (Nathalie Père-Marzano, déléguée générale) ; France Amérique Latine (Fabien Cohen, secrétaire général) ; Gipta (Patrick Kulesza, président exécutif) ; No Vox International (Annie Pourre, présidente) ; Planète Amazone (Gert-Peter Bruch, président) ; Red.br (Silva Capanema, présidente) ; Secours Catholique, Caritas France (Vincent Destival, délégué général) ; 350.org (Clémence Dubois, porte-parole France)