🇨🇱 Incendies meurtriers au Chili (revue de presse)


L’état d’exception a été décrété vendredi 2 février au Chili afin de lutter contre de violents feux de forêt. Un bilan provisoire daté de mardi 6 février évoque au moins cent trente-et-un morts. Ces incendies meurtriers sont liés à la canicule résultant du phénomène climatique El Niño qui touche actuellement une grande partie de l’Amérique du Sud. Après le Chili et la Colombie, la vague de chaleur menace dans les prochaines jours l’Argentine, le Paraguay et le Brésil. Les autorités chiliennes étudient de près la piste criminelle. “La possibilité que ces incendies soient intentionnels fait l’objet d’une enquête”, a déclaré le président Gabriel Boric tandis qu’une vingtaine d’organisations remettent en cause le modèle forestier chilien et réclament l’abrogation d’un décret-loi de 1974 qui favorise la monoculture.

Photo : AFP – Javier Torres

Incendies au Chili : «On aurait dit un monstre qui crachait du feu» (Marion Esnaut / Reporterre)

Les incendies meurtriers au Chili, renforcés par la sécheresse du sol et de l’air, ont déferlé sur des quartiers exposés à une vitesse inouïe. Des habitants qui ont dû quitter leurs maisons en courant témoignent.

Un quartier détruit par les incendies au Chili, le 4 février 2024. – Gobierno de Chile / CC BY 3.0 CL Deed

« Vendredi, en fin d’après-midi, ma femme, ma fille et mes petits-fils étaient à la plage. Il faisait anormalement chaud en cette journée d’été austral. J’étais resté au frais à l’intérieur de la maison, quand une braise a embrasé le toit en tombant dessus », raconte Gabriel, un habitant de Viña del Mar, dans le centre du Chili. El Olivar, son quartier situé sur les hauteurs de la ville, est l’un des plus touchés par les gigantesques incendies qui ont ravagé le centre du pays. « J’ai essayé d’éteindre le feu avec le tuyau d’arrosage mais il se propageait trop vite. Je suis parti en courant, en dévalant la colline à pied. »

Sa maison fait partie des quelque 6 000 habitations qui ont brûlé entre vendredi et dimanche soir, dans le Grand Valparaíso. « C’est la plus grande tragédie qu’a connu le Chili depuis le tremblement de terre de 2010 », a déclaré le président, Gabriel Boric.

Diego, un voisin de Gabriel, qui est lui aussi parti se réfugier chez sa famille, raconte que « les flammes sautaient littéralement d’une colline à l’autre. On aurait dit un monstre gigantesque qui crachait du feu ». Il décrit « un vent violent et une chaleur insoutenable ». Rodolfo, un autre habitant d’El Olivar, est rentré du travail vers 18 h 30, quelques minutes avant que les flammes ne consument sa maison. « J’ai tout de suite compris que tout allait partir en fumée, témoigne-t-il. J’ai attrapé quelques masques qui traînaient chez moi et je suis descendu pour alerter les voisins qui vivent plus bas. »

Construites sur les collines escarpées, les maisons aujourd’hui calcinées sont desservies par « des rues très étroites. Des embouteillages se sont rapidement générés empêchant toute évacuation. On ne pouvait plus respirer, ni fuir avec nos véhicules », poursuit Rodolfo. En moins de trente minutes, le quartier d’El Olivar a été réduit en cendres. Aucun des habitants ne pensait que les flammes arriveraient si vite ; raison pour laquelle ils n’ont pas évacué la zone. (…)

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Chili : au moins cent trente-et-un morts dans les pires feux de forêts depuis plus d’une décennie (Libération / AFP)

Les secours sont débordés depuis plusieurs jours par de violents incendies qui s’étendent dans des régions touristiques. Les flammes géantes ont déjà ravagé plus de 3 000 maisons et 43 000 hectares de forêts.

Des pompiers s’activent à Viña del Mar, vendredi 2 février. (Javier Torres/AFP)

Des murs de flammes dans le centre du Chili en proie à la fournaise. Les secours s’activent ce lundi 5 février dans le pays, où l’état d’exception a été décrété trois jours plus tôt, afin de lutter contre de violents feux de forêt qui s’étendent dans des régions touristiques et qui ont causé la mort de 131 personnes, selon un nouveau bilan provisoire transmis ce mardi 6 février par le Service médico-légal chilien.. L’ensemble des victimes a été enregistré dans la région de Valparaíso, selon la même source, qui a précisé que seuls 35 corps avaient été identifiés pour l’heure.

Il s’agit de la catastrophe la plus meurtrière de la dernière décennie dans le pays. « C’est la plus grande tragédie que nous ayons connue depuis le tremblement de terre de 2010 », a déclaré le président Gabriel Boric, en référence au séisme de magnitude 8,8 qui avait été suivi d’un tsunami, le 27 février 2010, et qui avait fait plus de 500 morts.

Les pompiers luttent encore contre une quarantaine de foyers actifs, a précisé le porte-parole du ministère de l’Intérieur. Les autorités ont instauré un couvre-feu nocturne et de nouveaux appels à l’évacuation ont été lancés.

Les incendies ont plongé dans un nuage de fumée la célèbre station balnéaire de Viña del Mar, dans la région de Valparaiso, et menacent des centaines d’habitations, provoquant des évacuations forcées. Les pompiers luttent sans relâche depuis vendredi contre une dizaine de foyers dans les régions de Valparaíso et O’Higgins dans le centre, mais aussi de Maule, Biobío, La Araucanía et Los Lagos, dans le Sud.

Le président chilien Gabriel Boric a décrété l’état d’exception afin de «disposer de tous les moyens nécessaires» face à la progression des incendies. «Toutes les forces sont déployées dans le combat contre les feux de forêts», a assuré le chef de l’État dans un message posté sur le réseau social X. (…)

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Chili: pourquoi les incendies ont-ils été aussi rapides et meurtriers? (RFI)

Le bilan humain des violents feux de forêts qui ont ravagé plusieurs communes du Grand Valparaiso, au centre du Chili, ne cesse d’augmenter. D’après le président Gabriel Boric, c’est « la plus grande tragédie » qu’a vécu le pays sud-américain depuis le séisme de 2010. Pourquoi les flammes se sont-elles propagées aussi vite ? Comment cet incendie est-il devenu l’un des plus meurtriers du XXIe siècle ? Voici quelques éléments d’explication et des images satellites pour comprendre.

Vendredi 2 février, plusieurs incendies se sont déclarés simultanément dans des zones forestières situées sur les collines qui surplombent les stations balnéaires de la région du Grand Valparaiso. C’est sur la côte Pacifique à environ 120 km au nord-ouest de la capitale Santiago. L’enquête en cours devra déterminer les causes de ces départs de feu mais une chose est sûre : les flammes ont avancé très vite, comme le montrent les cartes satellites du site de la Nasa Firms du 3 au 5 février 2024.

Firms fournit des données sur les incendies avec un délai de seulement quelques heures, grâce à des spectroradiomètres et à l’imagerie satellite dans les domaines du visible, de l’ultraviolet et de l’infrarouge. À l’image, les carrés rouges symbolisent des sources de chaleur. Plusieurs foyers distincts sont ainsi observables dès les premières heures vendredi.

La propagation des points chauds vus depuis l'espace avec l'outil Firms de la Nasa.
La propagation des points chauds vus depuis l’espace avec l’outil Firms de la Nasa. © Captures d’écran Firms Nasa/ Montage RFI

Les conditions météorologiques étaient favorables à la propagation des flammes. Le Chili connaît depuis la semaine dernière une vague de chaleur avec des températures proches des 40°. Dans cette zone au climat méditerranéen, il y avait peu d’humidité et les vents étaient forts. « Dans cette région, il fait chaud et nous avons un vent océanique qui se lève après la mi-journée au moment où les températures grimpent, précise Miguel Castillo, géographe et ingénieur forestier de la Faculté des Sciences forestières de l’Université du Chili. Vendredi, nous avions des rafales de plus de 35-40 km/h. Dans ces conditions, si le feu n’est pas contenu dans les quinze minutes, cela se transforme en tragédie et c’est ce qu’il s’est passé » (…)

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Pourquoi les incendies sont-ils si dévastateurs ? (Le Dauphiné libéré / AFP)

[…] Le Chili est actuellement en plein été austral. Mais il connaît depuis la semaine dernière une vague de chaleur suffocante pour la saison, avec des températures atteignant 40 °C.

Des habitants au milieu de décombres de maisons brûlées dimanche à Vina del Mar, dans la région de Valparaiso.   Photo Sipa/Cristobal Basaure

Ce week-end, plusieurs records de température ont été battus dans le pays. Selon le professeur Miguel Castillo, de la Faculté des sciences forestières de l’Université du Chili, le vent et les températures élevées forment une combinaison « néfaste ». En brûlant, la végétation ou les déchets génèrent de l’air léger et chaud, « ce qui soulève des particules enflammées ou des étincelles qui se déplacent sur des centaines de mètres, provoquant des foyers d’incendie satellites », explique-t-il. Les flammes s’accélèrent « sur les pentes et à la faveur du vent », ce qui les rend de plus en plus dangereuses. Les incendies parviennent d’autant plus à se propager que les sols sont extrêmement secs au Chili. Selon des données de la Nasa au 29 janvier dernier, les deux tiers de l’Amérique du Sud affichent une humidité des sols plus basse de 30 % par rapport aux moyennes de référence. Ce qui permet à la végétation de brûler plus facilement et rapidement. […]

À ces conditions météorologiques terribles s’ajoutent des raisons plus logistiques expliquant un nombre de victimes élevé. Le feu a atteint des zones densément peuplées, parfois dans des secteurs où des familles vivaient entassées dans des constructions légères, parfois sur des terrains prévus pour servir de coupe-feu. (…)

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Incendies au Chili : comment Pinochet a allumé la mèche (Honorine Letard / L’Humanité)

À l’heure où le pays connaît les incendies les plus meurtriers de son histoire récente, une vingtaine d’organisations réclament l’abrogation d’un décret-loi de 1974 qui favorise la monoculture.

[…] Puisque l’histoire semble bégayer, une vingtaine d’organisations (ONG, médias, associations) ont signé un communiqué, ce 4 février, mettant en cause le modèle forestier chilien à travers le décret-loi 701.

Promulgué en 1974 sous le régime militaire d’Augusto Pinochet, ce décret vise à instaurer des primes d’État aux investisseurs du domaine forestier afin de développer des plantations de bois industrielles à croissance très rapide, pins et eucalyptus. Les incendies seraient dès lors facilités par l’augmentation de la superficie de monoculture forestière, sous l’œil complice de l’État, guidé par ses intérêts commerciaux.

« L’actuel modèle forestier est une industrie dangereuse qui pendant des décennies a bénéficié des subventions publiques, presque sans régulation environnementale ni planification territoriale. Il faut arrêter cette pratique écocide et homicide, avant que les dommages socio-environnementaux soient irréversibles », dénoncent les signataires du communiqué. (…)

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Feux de forêt au Chili : une des plus grandes tragédies du pays fait au moins 112 morts (France 24 / 4 février)

Au moins 112 personnes sont mortes dans les incendies de forêt sans précédent qui ravagent la région de Valparaiso dans le centre du Chili, a annoncé, dimanche 4 février, le porte-parole du ministère de l’Intérieur. Les incendies ont ravagé des milliers d’hectares de forêt et l’état d’exception a été décrété face à la progression des incendies. 

Reportage de France 24

Le bilan des incendies de forêt a grimpé à 112 morts. “Nous devons dire, avec l’information reçue du service médico-légal qu’il y a 112 personnes tuées, 32 corps identifiés”, a déclaré Manuel Monsalve, porte-parole du ministère de l’Intérieur, lors d’une conférence de presse.

Des quartiers d’habitations entiers dévastés, des voitures calcinées, des dizaines de milliers d’hectares de forêt réduits en cendre, pour la troisième journée consécutive, les pompiers continuent de lutter contre des dizaines d’incendies, dans le centre et sud du pays.

“C’est la plus grande tragédie que nous ayons connue depuis le tremblement de terre de 2010”, a déclaré le président Gabriel Boric, en référence au séisme de magnitude 8,8 qui avait été suivi d’un tsunami, le 27 février 2010 et qui avait fait plus de 500 morts. Le chef de l’État s’exprimait lors d’un déplacement à Quilpué, situé à la périphérie de Viña del Mar dans la région de Valparaiso, où des quartiers entiers et des voitures ont été carbonisés et où des milliers d’habitants ont été bloqués vendredi pendant plusieurs heures alors qu’ils tentaient de fuir en voiture.. (…)

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Le cône sud de l’Amérique latine en proie à des chaleurs extrêmes et aux incendies (RFI)

Le sud de l’Amérique latine suffoque. En Uruguay, au Paraguay, en Argentine, au Chili, et bientôt au Brésil, les températures atteignent des records, dépassant en de nombreux endroits les 40°C à l’ombre et déclenchant des feux meurtiers. Le phénomène n’est pas non plus sans conséquences sur la santé et sur les cultures dans toute la région.

Évacuation d’habitants à Viña del Mar (Chili), le 2 février 2024. A

Nous sommes certes en plein été austral mais la chaleur que vit en ce moment le cône sud des Amériques est hors-norme et ces pics se répètent de plus en plus. « Ces vingt dernières années, nous avons commencé à vivre des températures maximales de facon périodique, mais cela n’était pas fréquent. Depuis cinq ans en revanche, nous atteignons des maximales historiques quasiment tous les jours », constate Eduardo Mingo, de la direction de météorologie et hydrologie du Paraguay.

41 degrés à l’ombre dans la province du Chaco au Paraguay, cela veut dire 50 degrés en ressenti, notamment en raison de l’humidité et de vents chauds. Liée au phénomène climatique El Niño, aggravé par le réchauffement de la planète d’origine humaine, cette vague de chaleur met les États en alerte en raison des incendies qu’elle favorise, eux-mêmes attisé par les vents. C’est le cas en Colombie, mais surtout au Chili, où les feux de forêts sont particulièrement meurtriers ces dernières heures. (…)

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Voir aussi La Colombie appelle à l’aide internationale pour combattre les incendies de forêt (GoodPlanetMag avec AFP / France 24 / Radio France)