🇨🇱 Les intérêts derrière les incendies au Chili : monoculture forestière et entreprises immobilières (Blog Coco Magnanville) / Los intereses detrás de los incendios en Chile: monocultivo forestal y negocios inmobiliarios (Tierraviva)/ fr.esp


Plus de 130 morts, des centaines de disparus, 15 000 foyers touchés et plus de 26 000 hectares dévastés. Ce sont quelques-uns des chiffres de l’incendie dans la région de Valparaíso. Parmi les causes : la monoculture forestière – qui est une politique de l’État depuis des décennies –, les transactions immobilières et la complicité politique et judiciaire.

Photo: Javier Torres / Télam

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“Les forestiers brûlent le Chili”, tel est le titre du communiqué d’une douzaine d’organisations sociales et environnementales qui pointent les causes de la grave situation que connaît le pays, avec 130 morts, des centaines de disparus et 26 000 hectares dévastés. Signé par le Réseau pour l’amélioration du modèle forestier, Chili sans écocide, l’ONG We Kimün, Entramas por el Bio-Bio, la Fundación Tanti et le Collectif Viento Sur, entre autres, ce texte souligne les intérêts économiques derrière les incendies et la complicité la politique et le pouvoir judiciaire. Transcription d’une partie de la déclaration des organisations.

Un an après les incendies qui ont dévasté de vastes zones situées entre les régions de Maule et de l’Araucanie, nous vivons à nouveau le drame de voir des milliers de familles perdre tout, des personnes périr dans les flammes et des écosystèmes entiers détruits par le feu.

De plus en plus fréquents, les tempêtes de feu ou les incendies de forêt extrêmes ont dévasté plus d’un million d’hectares de territoire chilien rural et urbain. Les preuves disponibles et l’expérience des communautés touchées indiquent que ces incendies de forêt ne sont pas accidentels mais sont le produit du modèle forestier en vigueur au Chili depuis le désastreux décret 701 , également facilité par l’augmentation de la superficie de la monoculture forestière, le changement climatique , la négligence et la complicité de l’État, ainsi que le comportement criminel des particuliers et des intérêts commerciaux.

Il y a un an, une vague de solidarité sociale s’est mobilisée en soutien aux victimes de l’incendie et, tout au long de l’année, des organisations telles que le Réseau pour l’amélioration du modèle forestier ont promu des initiatives visant à analyser les causes et les impacts des incendies et à élaborer des propositions. pour surmonter l’extractivisme comme le décret sur la restauration écologique des forêts. Aujourd’hui, aux côtés de milliers de personnes et d’organisations, de la montagne à la mer, nous nous rendons une fois de plus disponibles pour faire preuve de solidarité avec les territoires et les communautés touchés par la catastrophe.

En parcourant les territoires où prévaut l’état forestier des grands groupes économiques, nous observons comment les nouvelles plantations de pins et d’eucalyptus (espèces qui profitent du feu) ont été plantées aux mêmes endroits qu’auparavant, sans changements substantiels, sous forme de monoculture, sans aucun respect pour ceux qui ont déjà subi l’incendie.

Tandis que les grandes entreprises forestières blanchissent leur image d’industrie dangereuse avec des certifications vertes, de la publicité, des cadeaux aux communautés dans le besoin et du lobbying politique, la zone Centre-Sud du Chili, un haut lieu de la biodiversité mondiale, est incendiée. C’est l’échec de l’État.

Le modèle forestier actuel est une industrie dangereuse qui bénéficie depuis des décennies de subventions publiques, sans pratiquement aucune réglementation environnementale ni aménagement du territoire. Cette pratique écocide et homicide doit cesser avant que les dommages socio-environnementaux ne soient irréversibles.

Ce n’est que grâce à la dénonciation sociale et à la visibilité de la catastrophe provoquée par les incendies que la classe politique a accordé davantage d’attention à la prévention et à la lutte contre ce fléau. Après des années d’attente, une loi est en cours de discussion qui envisage une réglementation minimale de l’interface urbain-rural. Nous apprécions cette démarche, mais elle arrive tardivement et ne suffit pas à empêcher la répétition des catastrophes et à réparer les dégâts causés.

On ne peut pas cacher le soleil avec le doigt. Il y a deux semaines, le Tribunal local des droits de la nature, réuni dans la région de Biobío, a reconnu que l’État et les grandes entreprises forestières étaient coresponsables des récents incendies de forêt, et que ceux-ci constituaient un véritable écocide qui a affecté les bases de l’existence de communautés humaines et d’écosystèmes.

Il ne suffit pas de dépenser des millions de dollars en avions, en machines et en personnel de lutte contre les incendies si des mesures ne sont pas prises pour mettre fin à l’extractivisme forestier et aux abus des entreprises. Ils veulent maintenant que nous normalisions les risques et que nous assumions les coûts de la prévention et de l’atténuation. Les gens récupèrent les morts, mais à qui profitent les incendies, qui perçoit les assurances et profite du changement d’affectation des terres ? (…)

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Voir également :
Incendies meurtriers au Chili (revue de presse) (4 février 2024)
Incendies au Chili : « Le pays suit un modèle de développement écocide qui favorise les incendies » (Luis Reygada / L’Humanité / article réservé aux abonné.es)