🇧🇷 Margaridas en marche dans la plus grande mobilisation des femmes d’Amérique latine (Capire / Le Courrier)


Les 15 et 16 août, plus de cent mille femmes ont occupé le Pavillon d’expositions du Parque da Cidade et les rues de Brasilia, la capitale du Brésil, lors de la septième édition de la Marche des Margaridas. Des femmes des campagnes, des forêts, des eaux et des villes se sont rassemblées lors des deux jours d’activités de la plus grande action politique féminine d’Amérique latine.


Avec la devise « Pour la reconstruction du Brésil et pour le bien vivre », l’édition de cette année a proposé 13 axes d’action, qui comprennent : la démocratie et la souveraineté, la participation politique des femmes, la lutte contre la violence, l’autonomie des corps et des sexualités, la justice environnementale et climatique, la souveraineté alimentaire, hydrique et énergétique, les droits fonciers, la biodiversité, l’agroécologie, la défense de la santé et de l’éducation à la campagne et l’inclusion numérique.

La mobilisation est un hommage à Margarida Maria Alves (1933-1983), une paysanne qui n’a pas fui la lutte, et cela a marqué l’histoire des travailleurs ruraux et des travailleuses rurales au Brésil. La Marche des Margaridas a culminé à Brasilia, mais elle a nécessité plus de deux ans de préparation, articulée entre des organisations syndicales, paysannes et féministes, comme la Marche Mondiale des Femmes. (…)

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Rédaction et montage vidéo par Bianca Pessoa. Édition par Helena Zelic.Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves


Des milliers de Margaridas déferlent sur Brasilia (Le Courrier)

Quarante ans après l’assassinat de Margarida Alves, figure majeure du syndicalisme paysan, la septième Marche des Margaridas a eu lieu ces 15 et 16 août à Brasília. Elle a rassemblé cent mille travailleuses rurales du pays entier, «en marche pour la reconstruction du Brésil et le ‘bien-vivre’».


Brasilia. À l’aube de ce mercredi 16 août, certaines ont passé plusieurs jours en bus et laissé maisons, champs et enfants pour participer à la plus grande mobilisation de femmes d’Amérique latine. «Femmes des campagnes, des forêts et des eaux», ces travailleuses rurales viennent parfois des territoires les plus lointains du pays. Elles marcheront aujourd’hui sur la capitale, appuyées par leurs allié·es des villes. Et remettront au gouvernement un cahier de revendications féministes et écologistes ambitieux.

Depuis 2000, la Marche des Margaridas (marguerites, en français) a lieu tous les quatre ans la semaine suivant le 12 août, date de l’assassinat de Margarida Alves. Une manière de rendre hommage à la dirigeante syndicale et d’affirmer la continuité de ses luttes.

Née dans l’État de Paraíba, dans le Nordeste brésilien, Margarida Maria Alves a été l’une des premières femmes à occuper un poste de direction syndicale dans le pays. Issue d’une famille d’agriculteurs expulsée de son lopin, Margarida dirigera le Syndicat des travailleurs ruraux de sa ville d’Alagoa Grande entre 1971 et 1983, en pleine dictature militaire. Elle se bat pour l’obtention d’un treizième salaire, des congés payés, pour la journée de travail de huit heures et l’accès à l’éducation. Sa lutte heurte de front les propriétaires de la région qui commanditeront son assassinat, resté impuni à ce jour.

Alternatives en construction.

Quarante ans plus tard, la marche qui porte son nom rend visibles les luttes des travailleuses rurales et de leurs organisations, notamment la Confédération nationale des travailleur·euses ruraux·ales et agriculteur·rices familiaux·ales (CONTAG). Pratiquant une agriculture familiale et agroécologique, elles construisent au quotidien des modèles alternatifs à celui de l’agrobusiness. Pour elles, la Marche représente ainsi «l’aboutissement d’un long processus de construction et de lutte pour la reconnaissance de leurs droits», explique depuis Brasília Carolina Fontes dos Santos, chercheuse à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID).

Quatre années de gouvernement Bolsonaro ont eu des effets dévastateurs sur la société brésilienne, qui affronte une terrible recrudescence de l’insécurité alimentaire. Cette année, les Margaridas ont donc choisi de marcher «pour la reconstruction du Brésil et le bien-vivre».En tant que femmes et travailleuses, elles cumulent les tâches domestiques et reproductives et font face à divers types de violences, notamment patriarcales et racistes. Elles revendiquent ainsi la fin de toutes les formes de violences, mais aussi le droit à disposer de son corps et de sa sexualité. Elles exigent aussi, entre autres, le renforcement de la démocratie participative et populaire, le droit à la souveraineté alimentaire et énergétique. (…)

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