Massacres de civils en Colombie : d’anciens militaires font des aveux historiques (Eliott Samuel -France 24 / RFI)


Faux positifs en Colombie: Dans une reconnaissance sans précédent devant des familles de victimes, dix anciens militaires aujourd’hui à la retraite ont avoué publiquement mardi 26 avril leur responsabilité dans l’exécution en 2007 et 2008 de cent vingt civils, présentés fallacieusement par l’armée comme des guérilleros tués au combat.

Les parents d’une victime de l’opération “faux positifs” montrent son portrait lors de l’audience de la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) le 26 avril 2022. Photo : Schneider Mendoza AFP

Ces aveux se sont déroulés lors d’une audience historique organisée par la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) dans la région même du massacre, dans le département de Norte de Santander (nord), frontalier avec le Venezuela.

Un général, quatre colonels, cinq militaires, tous retraités, et un civil ont reconnu leur participation dans les enlèvements et meurtres de sang-froid de 120 jeunes à Ocaña, ville de 100 000 habitants, pour les présenter ensuite comme des membres des guérillas d’extrême gauche opérant dans la zone.

Mardi une cinquantaine de proches des victimes ont pris place dans le théâtre universitaire d’Ocaña pour cette audience de deux jours où les ex-militaires sont appelés à “s’expliquer clairement, répondre aux questions et surtout reconnaître leur responsabilité en direct, face aux victimes et au pays”, selon la juge Catalina Diaz.

“Nous avons assassiné des personnes innocentes”

Cette audience publique en forme de catharsis est une étape majeure dans la mise en lumière par la JEP, tribunal spécial issu de l’accord de paix historique signé en 2016 avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), du plus grand scandale de l’histoire récente de l’armée colombienne, connu sous le nom de “faux positifs”.

Souvent en larmes, les épouses, mères et sœurs des victimes faisaient face aux ex-militaires, dont le général de brigade Paulino Coronado, plus haut gradé à comparaître.

“Après des années de silence et de peur, l’heure de la vérité est enfin venue d’en terminer avec des décennies d’impunité”, a expliqué la JEP dans une vidéo diffusée devant le tribunal composé de cinq magistrats. (…)

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Colombie: aveux sans précédent d’anciens militaires responsables d’exécutions de civils (RFI)

En Colombie, des aveux historiques : devant des familles de victimes, dix militaires à la retraite ont reconnu publiquement mardi 26 avril leur responsabilité dans l’exécution de plus de cent civils en 2007 et 2008. À l’époque, l’armée avait présenté les victimes comme des guérilleros tués au combat.

Dix retraités de l’armée colombienne ont commencé, le 26 avril 2022 dans la ville d’Ocaña, à reconnaître leur responsabilité dans l’assassinat de 120 civils présentés plus tard comme des rebelles tués au combat, à la fin des années 2000. Photo : Schneider Mendoza AFP

Les aveux du caporal à la retraite Néstor Guillermo Gutiérrez ont été diffusés à la télévision colombienne: “Je vais l’affirmer ici, publiquement : dans le cas de la mort de Javier Peña, c’était un paysan, comme dans le cas du reste de ces familles, leurs fils, leurs maris, nous avons ourdi, monté un théâtre pour simuler un combat, et c’était sous la pression du haut commandement de l’armée“. 

En tout, ce sont un général, quatre colonels, cinq autres militaires, tous retraités, et enfin un civil qui, devant une cinquantaine de proches des victimes, ont reconnu leur participation dans les meurtres de 120 jeunes de la ville d’Ocaña, des hommes pour la plupart âgés de 25 à 35 ans – des paysans séquestrés ou des jeunes trompés par des promesses de travail.

L’audience avait lieu dans le théâtre universitaire de cette ville d’environ 100 000 habitants, située dans le département de Norte de Santander, tout près du Venezuela voisin.

Moi, j’ai exécuté, assassiné plusieurs membres des familles qui sont là. Nous les avons attirés avec des mensonges, et ensuite nous leur avons tirés dessus ; nous les avons assassinés de manière cruelle, lâchement. Nous avons pointé une arme sur eux, nous avons prétendu que c’était un combat et qu’il s’agissait de guérilleros. Nous avons détruit ces familles, entaché leur nom. Un enfant sans son père, une épouse sans ses fils…. Dieu, pardonne-moi, pardonne-moi. Je suis ici aujourd’hui, débout pour reconnaître les crimes de guerre que j’ai commis, ce sont de crimes de lèse humanité. Je sais que vous n’allez pas nous pardonner. Mais j’espère que tout ça nous amènera à ce que les victimes demandent : plus jamais ça, jamais, une fois pour toute. Définitivement.” (…)

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Voir également : «Nous avons assassiné des innocents »: en Colombie, d’ex-militaires avouent avoir exécuté des civils (Anne Proenza / Libération / article réservé aux abonné.e.s)