Mexique : des élections de mi-mandat sous haute tension (revue de presse)


Les Mexicains ont voté, dimanche 6 juin, pour élire un grand nombre de députés et leurs responsables locaux. Ces élections ont pris la forme d’un test, à mi-mandat, pour le président Manuel López Obrador, alors que la campagne des législatives et la journée d’élection ont été marquées par une vague de violences et d’assassinats.

Violences, assassinats…
Au Mexique, des élections législatives sous haute tension
(Minh Dréan / La Croix)

Bureau de vote à Tijuana (photo DR)

Encore cinq morts. Dans une localité de l’État du Chiapas, au sud du Mexique, cinq responsables électoraux ont été assassinés la veille des élections législatives. Cette « embuscade » aurait été perpétrée par un groupe armé, selon le bureau du procureur général.

Dimanche 6 juin, près de 95 millions de Mexicains ont voté pour élire une nouvelle chambre des députés, 20 000 postes régionaux ainsi que 15 des 32 postes de gouverneur. Mais la campagne pour les législatives a été endeuillée par une série d’assassinats, perpétrés principalement par les trafiquants de drogue, d’après le gouvernement. On estime que près de 90 responsables politiques ont été assassinés depuis le début de la campagne en septembre. Parmi eux, 36 étaient des candidats ou en passe d’être nommés.

Pour Romain Le Cour Grandmaison, chercheur associé à l’université Paris 1 – Panthéon Sorbonne et coordinateur du programme Mexique du centre de recherche Noria, « il est toutefois difficile d’établir qui sont les responsables de ces assassinats, en raison du contexte de très grande impunité qui règne dans le pays. 90 % des délits ne sont pas dénoncés ou ne font l’objet d’aucune enquête ». De plus, le risque, selon lui, d’attribuer presque automatiquement les meurtres des responsables politiques au crime organisé, « c’est de dépolitiser l’analyse de la violence électorale. Cela déresponsabilise les partis politiques et les membres du gouvernement, dont le rôle est justement d’assurer la sécurité des élections ».

« Une campagne de terreur »

La secrétaire à la sécurité publique, Rosa Icela Rodríguez, a affirmé que des « zones de violences » avaient été repérées pendant la journée de l’élection. L’Institut national électoral (INE) a annoncé qu’en raison de troubles de l’ordre public, 20 bureaux de vote sur un total de 162 000 n’avaient pas pu être installés. Et, la découverte macabre, dimanche, de deux têtes humaines dans un bureau de vote à Tijuana est venue renforcer ce climat de terreur. Dans cette ville mexicaine, frontalière des États-Unis, d’autres restes humains ont aussi été découverts, à proximité d’un bureau de vote. (…)

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Le Mexique a voté dans un climat de grande violence
(Jean Marc Four / France Info)

Bureau de vote à Ayahualempa dans l’État de Guerrero (6 juin 2021).
Photo : Pedro Pardo / AFP

Les élections législatives ont été marquées par un recul du parti de gauche au pouvoir, et surtout par de multiples assassinats. À la télévision, ce qui suit serait précédé d’un avertissement : attention ces images pourraient choquer la sensibilité des jeunes téléspectateurs. Le scrutin de ce dimanche 6 juin a vu se produire des scènes hallucinantes dans un pays théoriquement en paix. À Tijuana au Nord, dans deux bureaux de vote distincts, des électeurs se sont approchés des urnes pour y jeter des têtes humaines, décapitées. Dans l’un des deux cas, il y avait aussi d’autres restes humains démembrés, déposés dans une boite à côté de l’urne. Dans le Sud cette fois, dans l’État du Chiapas, cinq responsables d’un bureau de vote ont été tués lors d’une embuscade alors qu’ils transportaient du matériel électoral. Une extrême violence propre à dissuader bon nombre des 95 millions d’électeurs mexicains de se rendre aux urnes. Ils devaient choisir à la fois leurs cinq cents députés et aussi quinze gouverneurs d’État, de très nombreux maires, et des milliers d’élus locaux.

90 responsables politiques assassinés

C’est à l’image du climat qui a prévalu pendant toute la campagne électorale avec notamment de nombreux assassinats d’hommes politiques: pas moins de 90 responsables politiques ont été assassinés en quelques mois, dont 36 qui étaient candidats à l’un des scrutins de ce 6 juin. Et il faut ajouter les agressions contre les militants, plus de 500 en 6 mois.Certains meurtres ont été particulièrement spectaculaires, par exemple à Cajeme dans le Nord-Ouest du pays, où l’un des candidats à la mairie, Abel Murrieta a été abattu le mois dernier, à bout portant, au milieu d’une rue très fréquentée. Les menaces ont également conduit des candidats ou des candidates à se retirer dans l’État de Jalisco, à l’Ouest du pays. Le plus souvent, ces assassinats ou ces intimidations sont le fait des cartels de la drogue. Ces cartels, notamment celui qui se fait appeler “Jalisco Nouvelle Génération”, cherchent généralement à limiter l’alternance politique, parce qu’ils veulent éviter de devoir renégocier leurs passe-droits avec les pouvoirs locaux. Les journalistes sont également visés, le Mexique est devenu l’un des pays les plus dangereux au monde pour la presse : 8 reporters assassinés l’an dernier. (…)

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Législatives : le gouvernement de Andrés Manuel López Obrador sort affaibli des élections de mi-mandat
(Eduardo Ugolini / Espaces Latinos)

Photo : CNL Mexique

C’était le plus grand scrutin jamais organisé au Mexique. Le dimanche 6 juin, 93 millions de Mexicains se sont rendus aux urnes pour élire 500 députés du Congrès, 15 gouverneurs, plus de 1000 députés locaux et près de 2 000 présidences municipales avec leurs conseils respectifs, soit plus de 21 300 mandats renouvelés. Mais davantage encore que la perte de la « hyperprésidence » d’AMLO, c’est l’extrême violence qui a marqué ces élections législatives. Cinq responsables d’un bureau de vote assassinés, et deux têtes humaines ont été jetées chacune à proximité d’une urne ! C’est le couronnement d’une campagne d’horreur qui, selon un bilan officiel, a vu pas moins de quatre-vingt-dix hommes et femmes politiques assassinés depuis septembre dernier. Vue depuis l’Europe, la vie quotidienne au Mexique compose un scénario difficilement concevable. Pour ce faire, il faut analyser trois facteurs qui expliquent le résultat de ces élections législatives particulièrement meurtrières, reflet d’un chaos social en gestation depuis des décennies. (…)

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Au Mexique, victoire électorale en demi-teinte pour « AMLO »
(Frédéric Saliba / Le Monde)

Partisan de Morena lors d’un rassemblement à Ciudad Juárez, le 6 juin 2021.
Photo : José Luis González / REUTERS

Le président Andrés Manuel López Obrador conserve à l’arraché une majorité à la Chambre des députés.

Son nom n’apparaissait pas sur les bulletins de vote. Mais le méga-scrutin législatif, régional et municipal, organisé dimanche 6 juin au Mexique, avait pris des airs de référendum pour le président de centre gauche, Andres Manuel Lápez Obrador (« AMLO »). C’est à l’arraché que son parti et ses alliés conservent une majorité à la Chambre des députés, nécessaire à la poursuite de son grand projet réformateur « contre la corruption » et « les privilèges des puissants » dans un pays, où un habitant sur deux est pauvre.

Le bilan semble mitigé pour son Mouvement de régénération nationale (Morena) qui raflerait, avec ses alliés, environ 45 % des voix aux législatives. Les estimations préliminaires de l’Institut électoral (INE) leur assureraient néanmoins entre 265 et 292 des 500 sièges de députés, dont 200 assignés à la proportionnelle. Le président perd ainsi sa confortable majorité qualifiée (deux tiers des sièges des députés) mais garde une majorité absolue. Cette dernière lui permettra de voter ses lois et ses budgets au Congrès puisque son parti est déjà majoritaire au Sénat, dont les sièges n’étaient pas à pourvoir dimanche.

L’ampleur des élections a retardé l’annonce des résultats locaux. Selon des estimations non officielles, Morena décrocherait plus de la moitié des 15 postes de gouverneurs élus. Quant au décompte des résultats des municipales, il n’était toujours pas clos dans la nuit de dimanche à lundi. Dix partis étaient en lice lors du plus grand scrutin de l’histoire du Mexique avec plus de 2 000 mandats en jeu.

Mais la campagne s’est résumée à un affrontement entre deux coalitions. Celle formée par Morena, le Parti des travailleurs (PT) et le Parti Vert (PVEM), s’affrontait à une alliance d’opposition inédite couvrant l’échiquier politique. Même l’ancienne formation d’« AMLO » , le Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), s’est allié au Parti révolutionnaire Institutionnel (PRI, centre) et au Parti d’action nationale (PAN, droite), réduisant le scrutin de mi-mandat à « un pour au contre “AMLO” ». La coalition d’opposition a remporté autour de 41 % des voix aux législatives lui assurant entre 181 et 213 sièges de députés, contre 139 auparavant. (…)

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Voir également : Retour sur les élections de mi-mandat au Mexique : la nouvelle feuille de route de AMLO (Christophe Ventura / IRIS)