🇵🇪 Mois des Fiertés au Pérou: un décret qualifiant les trans de malades mentaux provoque une levée de boucliers (reportage de RFI)


Comme chaque année, le mois de juin est synonyme de mois des Fiertés pour défendre les droits LGBTQIA+. Dans de nombreux pays, marches et défilés sont organisés. En Amérique du Nord, mais aussi du Sud, une des plus importantes du continent (et même du monde) a eu lieu le 2 juin dernier à São Paulo au Brésil. À Lima, le défilé est annoncé le 29 juin. Et cette année, il se tiendra avec un sentiment d’inquiétude pour les personnes transgenres. Le mois dernier, le ministère de la Santé péruvien a publié par décret une actualisation des schémas de soins. Les personnes trans y sont qualifiées comme ayant une « maladie mentale ».

Lima (Pérou): manifestation de soutien à la cause LGBTQ+, le 17 mai, après la publication d’un décret du ministère de la Santé assimilant la question trans à un problème de santé mentale. AFP – Cris Bouroncle

Le ministère parle d’un malentendu et d’une volonté de permettre un meilleur accès aux soins. Pour les militants trans, il s’agit plutôt d’une attaque de plus contre leurs droits, dans un pays parmi les plus conservateurs du continent.

« Depuis que le décret a été approuvé, nous avons subi du cyberharcèlement, nous explique Sebastian Marallano, de l’association « Diversités transmasculines ». Des gens nous ont dit que nous étions des malades mentaux. Cela renforce la transphobie et met de manière évidente nos vies en danger. » 

Dans ces conditions, difficile pour les personnes trans de se sentir en sécurité et de se rapprocher du système de santé. Autre crainte : un recours facilité aux thérapies de conversion. « Il n’y a pas de législation pour nous protéger de cela… Aux yeux des règles internationales, les thérapies de conversion sont pourtant une torture. »

Ce décret sonne comme une discrimination de plus pour Kayla, miss Trans 2024. « Du moment où tu commences ta transition, tu t’exposes à des insultes, à une maltraitance systématique. » Et au Pérou, impossible de changer de prénom et de genre sur ses papiers d’identité. « J’ai besoin d’un document qui m’identifie, qui me reconnaisse telle que je suis, poursuit Kayla. Quand je dois faire une démarche administrative, quand je vais à l’université, on m’appelle par un prénom auquel je ne m’identifie pas. Cela engendre des moqueries et des abus. » 

Les personnes trans se retrouvent donc exclues de la société. Faute de politiques inclusives.

« 62, 2% des femmes trans se consacrent au travail du sexe. Et cela résulte d’un manque d’opportunités professionnelles », reprend Kayla. Une population vulnérable donc : l’an dernier, une travailleuse du sexe trans a d’ailleurs été assassinée dans le centre de Lima. Et entre 2012 et 2021, au moins 88 personnes LGBT ont été victimes de crimes haineux. Le Pérou est un pays conservateur où le mariage entre personnes de même sexe n’est pas autorisé. 

 « La région Amérique latine a connu des grandes évolutions sur ces questions dans les dernières années. Le Pérou est vraiment derrière ses voisins comme le Brésil, l’Argentine, le Chili ou la Colombie. À mon avis, ce décret va empirer les choses », selon Cristian González Cabrera, spécialiste des droits LGBT pour Human Rights Watch, dans la région Amérique latine et Caraïbes. (…)

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