🇦🇷 🇫🇷 Ne laissons pas Javier Milei détruire le cinéma argentin (Tribune d’un collectif de cinéastes, d’acteurs, d’actrices et de professionnels du cinéma / Libération)


Un collectif de professionnels du cinéma, dont Jacques Audiard, Marina Fois, Agnès Jaoui, Vincent Lacoste s’oppose aux mesures liberticides du gouvernement populiste de Milei qui mettent en danger une industrie et un art apprécié dans le monde entier.

Lors d’une manifestation contre les réductions du gouvernement Milei devant le cinéma Gaumont de Buenos Aires, le 14 mars 2024. (Luis Robayo/AFP)

Jeudi 14 mars, des milliers de cinéastes, de professionnels du cinéma et de cinéphiles argentins se sont regroupés devant la mythique salle Gaumont de Buenos Aires afin de lancer un cri de détresse face à la volonté délibérée du nouveau gouvernement populiste et ultralibéral de Javier Milei de détruire l’une des cinématographies les plus vives, célébrées et passionnantes au monde.

Cette mobilisation historique et pacifique a été violemment réprimée par la police dans la continuité d’une politique liberticide qui semble replonger l’Argentine dans ses heures les plus sombres. Une fois de plus, l’autoritarisme et la violence des mesures ultralibérales s’accompagnent de l’autoritarisme et de la violence d’une répression policière, produisant une gravissime mise en danger des libertés d’expression, de manifestation et de création.

Dans un pur aveuglement idéologique, le gouvernement Milei cherche à détruire un modèle économique vertueux, en oblitérant l’Institut national du cinéma et des arts audiovisuels (Incaa), véritable poumon du cinéma argentin qui ne coûte pas un centime au contribuable puisque, prenant modèle sur le CNC français, il est financé grâce à des taxes sur les entrées de cinéma et les recettes des radios et des télévisions.

Très concrètement, les énormes coupes budgétaires et le plan de licenciements que subit l’INCAA mettent en danger une industrie qui fait vivre plus de 600 000 familles. Ce sont les sorties de deux cents films par an qui sont fragilisées ou tout simplement rendues impossibles et le rayonnement de l’Argentine dans le monde s’en trouve violemment diminué. Chaque année, des films argentins sont sélectionnés et primés dans les plus grands festivals internationaux (Cannes, Venise, Berlin…) et s’exportent aux quatre coins du monde.Les coupes budgétaires que subit l’INCAA risquent également de faire disparaître deux rendez-vous décisifs pour le cinéma argentin : « Ventana Sur », le marché le plus important de contenus d’Amérique latine organisé conjointement avec le Marché du Film de Cannes, et le Festival Internacional de Cine de Mar del Plata, le plus grand festival de cinéma d’Argentine, qui attire chaque année plus de 130 000 spectateurs. Si les nouvelles restrictions ne sont pas levées, ces rendez-vous qui attirent les regards du monde entier ne pourront plus se tenir. Tout aussi préoccupante est la suppression des financements attribués à l’École Nationale d’Expérimentation et de Réalisation Cinématographique (ENERC), principale école de cinéma d’Argentine où ont été formés des cinéastes mondialement reconnus comme Lucrecia Martel ou Fabian Belinsky. L’école, qui forme les professionnels de demain sur tout le territoire, se trouve dans l’impossibilité de continuer à fonctionner, livrant à elle-même la nouvelle génération du cinéma argentin. (…)

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