🇳🇮 Nicaragua. Expulsion de 222 prisonnier.e.s politiques : quelques analyses et témoignages (Dora María Téllez, Bernard Duterme, Sergio Ramírez)


Ce jeudi 9 février, soudainement, le régime Ortega-Murillo a procédé à l’expulsion de 222 prisonniers d’opinion. Direction les États-Unis. Cette décision, qualifiée « d’unilatérale » par les autorités étatsuniennes, qui ont reçu les désormais « ex-détenu.e.s », est toutefois loin d’être bienveillante, puisque pendant qu’ils et elles étaient dans l’avion, le Parlement nicaraguayen votait une loi privant « à perpétuité » de tous leurs droits civiques et de leur nationalité celles et ceux que le régime considère comme des « traîtres à la patrie ».

Dora Maria Téllez: «Chaque jour où je ne me suis pas pendue était un triomphe sur Ortega» (Iker Seisdedos et Wilfredo Miranda – El País / Traduction par À l’Encontre)

Dora María Téllez, dans un hotel de Washington, vendredi 10 février. Photo : Miguel Andrés

Dans le cadre du plan de torture psychologique «inhumain» auquel le régime de Daniel Ortega, président du Nicaragua, a soumis l’ancienne camarade Dora María Téllez, guérillera légendaire et Comandante Dos du sandinisme, il lui était interdit de connaître l’heure. Elle a donc imaginé un système: elle a collé sa tête contre l’un des murs de sa cellule, la première (No1) de la section d’isolement pour hommes – où elle a passé un an et huit mois dans la prison d’El Chipote à Managua, l’un des établissements pénitentiaires les plus infâmes d’Amérique latine – et a levé les yeux. Elle a essayé de décoder les secrets de la lumière naturelle «très, très faible», «qui ne lui permettait pas de bien voir sa main» et qui était filtrée par la seule bouche d’aération d’une cellule sans fenêtre, de 6×4 mètres, dont elle n’était pas autorisée à sortir. «Il doit être 11 heures maintenant», se dit-elle, «l’heure des sanitaires ne va pas tarder à arriver.»

C’était la seule façon d’ordonner ses journées interminables jusqu’à l’arrivée d’un autre prisonnier, Alex Hernández (500 jours dans l’enfer d’El Chipote). «Le môme était un génie de la mesure du temps», dit-elle. Il observait depuis sa cellule, la cellule 4, «comment la lumière du soleil entrait dans le petit bout de couloir. «Je lui murmurais: ‘Alex, quelle heure est-il’. Il répondait: ’10 h 15’», s’est souvenu Téllez ce vendredi 10 février dans un entretien accordé au quotidien El País [1]. «Un jour, un des gardiens, à qui il était interdit de porter une montre pour ne pas nous donner d’indices, est allé aux toilettes, a sorti la sienne et, en catimini, me l’a confirmée: «Je ne sais pas comment il fait: il est 10h15 pile!»

Dora Maria Téllez aspire aussi à être précise avec ses 605 jours en enfer. Elle emprunte donc le carnet et le stylo des journalistes et dessine un plan du centre où elle a passé sa terrible captivité. «La cellule faisait huit mètres de haut, avec un toit en béton», explique-t-elle, assise avec ce maintien élégant que seule l’endurance peut donner dans le hall d’un hôtel [Westin] près de l’aéroport international de Washington Dulles. C’est le lieu où le département d’État américain a hébergé d’urgence, jeudi 9 février, les 222 prisonniers politiques «libérés» par le régime d’Ortega et son épouse Rosario Murillo en vue de leur expulsion vers Washington, dans un charter. Quelques heures plus tard, alors qu’ils s’envolaient vers la liberté, les ultimes représailles sont arrivées: l’Assemblée nationale a modifié la Constitution pour les priver de leur citoyenneté nicaraguayenne.

Parmi le groupe d’exilé·e·s contraints, il y a des journalistes, des responsables politiques, des hommes d’affaires, des intellectuels, des étudiant·e·s et des paysans, mais le symbole le plus puissant est certainement Dora Maria Téllez. «Le pire de tout était les après-midi à El Chipote. Très dur», poursuit l’ancienne guérillera. Les matinées, au moins, étaient consacrées à l’exercice: trois heures par jour: «Renforcement des quadriceps, routines de base de karaté…». Chaque jour, elle marchait en rond pendant huit kilomètres, «80 tours, 15 mètres par tour», dit-elle en dessinant un autre schéma. C’est devenu une telle obsession qu’elle a fini par se blesser au pied.

Après tout, c’était la seule distraction possible. Historienne de profession, «lectrice par nécessité vitale», on lui interdit de lire et d’écrire. Elle ne pouvait pas non plus avoir de livres, de papiers ou de crayons. «Nous avons dormi sur une natte plate, sans rien sur le sol froid. Ils ne nous ont pas donné de serviettes, nous nous sommes séchés en mettant nos vêtements sur nous. C’était une torture psychologique constante. Je n’ai jamais été torturée physiquement, le traitement des agents de la prison était correct et efficace; c’est le traitement du régime Ortega-Murillo qui est inhumain. J’ai fait le calcul: sur 1440 minutes par jour, je n’ai parlé qu’une minute environ, si l’on additionne tous les brefs échanges avec les gardes. J’ai fini par perdre ma voix, alors j’avais l’habitude de chanter doucement pour compenser cette perte.» Le régime de visite était «une autre forme de torture». «Au début, je n’ai vu personne, pas même mon avocat, pendant trois mois. Puis ce fut tous les deux mois, puis un mois, puis quarante jours; la façon dont ils étaient organisés était très erratique».

Il va sans dire que toutes ces mesures carcérales sont interdites par les conventions internationales relatives aux droits de l’homme. «Mais la chose la plus terrible», admet Dora Maria Tellez, «c’était l’isolement. Les femmes qui étaient à El Chipote étaient toutes isolées. Elles étaient dans un autre quartier, mais Ana Margarita [Vijil], Tamara [Dávila], Suyén [Barahona] et moi subissions toujours ce régime. Les hommes n’ont jamais été gardés comme ça pendant plus de deux mois». Pourquoi cette différence? A la question, Dora Maria Téllez fait le geste mimant le tir d’un coup de fusil. «Une affection spéciale», plaisante-t-elle. «C’est la haine viscérale des femmes de la part des Ortega-Murillo».

La discipline qu’elle a acquise pendant ses années de guérilla, qui lui ont valu une renommée mondiale – lorsque Gabriel García Márquez l’a immortalisée dans sa chronique Asalto al Palacio, sur l’acte légendaire de résistance à la dictature de Somoza en 1978 – l’a aidée à supporter la captivité. Là, cela l’a également aidé à réfléchir à la «résistance quotidienne». «Je savais que je devais résister, c’était ma façon de vaincre quotidiennement Ortega chaque jour. C’est chaque jour que je ne me suis pas mutilée mentalement, que je n’ai pas fait mes besoins dans la cellule. Que je ne me suis pas pendue. Chaque fois que j’ai eu des entretiens et des interrogatoires, je l’ai clamé haut et fort aux fonctionnaires. Est-ce conçu pour nous tuer mentalement et émotionnellement? Et que voulez-vous?» leur ai-je demandé. «Vous cherchez à ce que je me pende aux barreaux?» (…)

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Leer en español : Las 605 noches de infierno de la Comandante Dos: “Cada día que no me ahorcaba era un triunfo sobre Ortega”


Dora María Téllez: “La cárcel de monseñor Álvarez le explotará en la cara a Daniel Ortega” (Confidencial)

Al cumplirse este 12 de febrero un año de la muerte del general en retiro Hugo Torres, como preso político de la dictadura, Dora María Téllez describe el martirio de su excompañero de armas en el asalto al Palacio Nacional en 1978 como “la evidencia más terrible del odio desnaturalizado de Daniel Ortega, porque Hugo Torres había arriesgado su vida para sacarlo de la cárcel” en otro operativo guerrillero del FSLN el 27 de diciembre de 1974.

Dora María Téllez habla con Carlos Fernando Chamorro después de su excarcelamiento. Foto: Confidencial

“Yo tengo un duelo tremendo por Hugo, y tal vez solo lo resuelva hasta que esté frente a su tumba”, dice la expresa política, libre y desterrada en Estados Unidos, después de haber permanecido 605 días en una celda de confinamiento solitario en la cárcel de El Chipote.

“Un día llegaron a mi cabeza unos versos del poema de Santa Teresa de Jesús que dicen “Vivo sin vivir en mí, y de tal manera espero, que muero porque no muero”. Yo me sentí tan profundamente identificada con esa mujer en aquella celda oscura en la que no la dejaban leer ni escribir, y creo que por primera vez entendí esa frase tan terrible: “Vivo, sin vivir en mí”. Así me sentía yo”.

Téllez exhibe en su rostro y en la fragilidad de su cuerpo las secuelas externas de la cárcel y la huelga de hambre que mantuvo durante 21 días, demandando el cese del régimen de aislamiento, pero mantiene intacta la risa y se burla con desparpajo de los jueces, fiscales e interrogadores, que al allanar su casa el 13 de junio de 2021 se llevaron hasta los discos de Pedro Infante, como “prueba” de su supuesta conspiración contra la soberanía nacional.

La exguerrillera, historiadora, y dirigente política de Unamos, considera que Ortega perdió el pulso en contra de los presos políticos, “porque aguantamos más nosotros. Los que están enloquecidos por la ambición de poder son ellos, destruyendo el país, forzando a un éxodo masivo de nicaragüenses, y no logró doblegarnos”, y advierte que el arresto y condena a 26 años de prisión para el obispo de Matagalpa Rolando Álvarez, le explotará en el rostro al dictador.“¿Qué pretende sacar de la condena del obispo Álvarez? ¿Cree que lo va a quebrar? ¿Que lo va a doblegar? No lo va a doblegar. ¿Que va a hacer que se arrodille? No se va a arrodillar. ¿Que Álvarez le va a suplicar salir de ahí? No lo va a hacer. Ese es un juego que Ortega ya perdió y ese preso político les va a explotar otra vez en la cara”, afirma.En esta conversación en las afueras del hotel Westin, cerca del aeropuerto Dulles, en Virginia, donde se encuentran temporalmente alojados los 222 presos políticos desterrados por Daniel Ortega, Dora María Tellez también habla sobre su futuro en el que “Yo me veo donde siempre. De frente por Nicaragua, en la recuperación de nuestras libertades y nuestros derechos. Daniel Ortega nos enseñó una cosa muy importante en esa cárcel, y es que teníamos cosas más importantes en común, que las diferencias que teníamos. Entramos con más diferencias, y salimos con cosas esenciales en común, y eso ha creado mucha tolerancia y sentimiento de unidad, y se le devuelve a Ortega como un boomerang” (…)

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Interview de Dora María Téllez: «le régime nicaraguayen n’a pas réussi à nous soumettre» (Mikaël Pouge et Justine Fontaine / RFI)

Comme plus de 200 autres opposants politiques au régime Ortega, la célèbre défenseuse de la démocratie a été libérée de prison et expulsée du Nicaragua vers les États-Unis, jeudi 9 février 2023. Désormais privée de sa nationalité, elle l’assure, son avenir « reste au Nicaragua ».

Dora María Téllez, à Managua (Nicaragua) en 2012. © Hector Retamal /AFP

Guérillera légendaire, Dora María Téllez est aujourd’hui l’une des principales figures de la lutte pour la démocratie au Nicaragua. Elle fait partie des 222 prisonniers politiques qui ont été libérés, jeudi dernier (9 février 2023), par le régime de Daniel Ortaga, son ancien camarade de lutte, devenu dirigeant autoritaire. Envoyée directement aux États-Unis après vingt mois d’enfer dans la prison d’El Chipote, elle est a présent privée de sa nationalité nicaraguayenne. « Personne ne peut nous enlever notre nationalité. Pour nous retirer notre nationalité, il faudrait nous passer sur le corps ! », assure la célèbre opposante au micro de RFI. Pour Dora María Téllez, ces libérations inattendues, c’est parce que le régime Ortega « a essayé de nous faire taire et de nous soumettre pour que le monde nous oublie, mais il n’a pas réussi ». À présent, elle l’assure : « mon avenir proche est non seulement tourné vers le Nicaragua, mais au Nicaragua ! Je suis sûre que nous allons tous retourner au Nicaragua, dans un pays qui retrouvera toutes ses libertés bientôt ».

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Bannis, mais libres. Libres, mais bannis (Bernard Duterme / CETRI)

Cristiana et Pedro Joaquín Chamorro, ainsi que le directeur du journal ‘La Prensa’ de Nicaragua, Juan Lorenzo Holman, dans l’avion pour les États-Unis. Photo : Juan Lorenzo

Emprisonnés dans des conditions insoutenables depuis des semaines, des mois ou des années, condamnés pour la plupart à des peines de huit à treize ans de prison pour avoir critiqué le pouvoir en place, les voilà subitement « libérés ». Libres, mais bannis, déchus de leurs droits civils et politiques au Nicaragua, déchus de leur nationalité nicaraguayenne.

Parmi eux et elles, des amis et des partenaires historiques du Centre tricontinental – CETRI. Des sandinistes de la première heure ou leurs descendants, comme Dora María Téllez, Oscar René Vargas, Victor Hugo Tinoco, Ana Margarita Vijil, Tamara Dávila Rivas, etc. dont nous avons déjà parlé sur ce site et qui, comme tant d’autres, se sont opposés d’abord aux dérives droitière, conservatrice et autocratique du couple Ortega-Murillo, ensuite au délire autoritaire et répressif de ces dernières années.

Que va gagner le régime ortéguiste en retour de cette nouvelle manœuvre ? Du temps, encore et toujours ? De l’argent, la confirmation de nouveaux prêts ? De nouveaux pourparlers avec la « communauté internationale » ? Ses relations avec les États-Unis sont pour le moins ambivalentes. Si ces derniers le taxent par intermittence de « tyrannie » depuis la répression du soulèvement populaire de 2018 (plus de 300 tués par balle), et sanctionnent (gel des visas et des avoirs aux États-Unis) des figures proches de la présidence, ils n’en demeurent pas moins le premier investisseur et le partenaire commercial privilégié (et de loin !) du Nicaragua ortéguiste, après l’avoir régulièrement félicité et remercié entre 2007 et 2018 pour son ouverture économique, sa fermeté migratoire et sa stabilité sociale. Le Fonds monétaire international (FMI) vient d’ailleurs, le 27 janvier dernier, de complimenter une nouvelle fois l’orthodoxie libérale des politiques financières nicaraguayennes.

Puisse cette expulsion de 222 opposants et opposantes hors des prisons et du pays participer à la constitution et à l’articulation d’une force nicaraguayenne mobilisatrice à même de lutter pour l’indispensable démocratisation politique et sociale du Nicaragua.

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Exilés par la dictature, apatrides, ils revendiquent la lutte pour les droits démocratiques et leur citoyenneté (Sergio Ramírez / Confidencial – Traduction par À l’Encontre)

La grande majorité des prisonniers politiques qui purgent leur peine dans les prisons de la dictature Ortega-Murillo, pour des crimes qu’ils n’ont jamais commis, qui ont été inventés par des lois répressives dictées à cet effet, ont été libérés, mis dans un avion charter et envoyés à l’aube du 9 janvier en exil [aux États-Unis ]. Cela de la même manière arbitraire qu’ils avaient été arrêtés et jugés dans des procès qui n’ont jamais eu de valeur légale. Incarcérés de plus dans des conditions iniques dans des cellules d’isolement, quelques-uns d’entre eux étant en arrêt domiciliaire.

Manifestation pour la libération des prisonniers politiques à Managua en 2019. Photo : Inti Ocón (AFP)

Je viens de voir la vidéo officielle dans laquelle un magistrat, le président de la Cour d’appel de Managua [Octavio Rothschuh Andino], lit d’une voix caverneuse, dans une salle déserte de public du complexe judiciaire [Sala Uno del Tribunal de Apelaciones de Managua (TAM)], la sentence dans laquelle la peine de prison est remplacée par un bannissement. Les prisonniers et prisonnières sont également privés, à perpétuité, de tous leurs droits politiques et citoyens pour «trahison», un autre acte arbitraire, sans aucun fondement.

Peu après, l’Assemblée nationale, réunie en session d’urgence, a consciencieusement et unanimement approuvé un décret visant à retirer la nationalité nicaraguayenne aux traîtres à la patrie, c’est-à-dire aux personnes expulsées, dans un vol charter, en violation de la Constitution. Encore plus d’arbitraire. Et les élu·e·s oublient que les lois ne sont pas rétroactives, selon un principe universel, même s’il s’agissait d’une loi constitutionnelle. Mais au Nicaragua les principes universels ne s’appliquent plus.

Exilé, apatride, mais libre. Le Seigneur écrit les lignes de la liberté de travers, mais avec une main ferme. Et ce n’est que la première page. Les meilleures pages sont encore à venir.

Ils sont déchus de leur nationalité pour trouver le moyen de plaire aux oreilles de fanatiques enragés, de militants aveugles, de paramilitaires compromis avec leur sang dans la répression, qui doivent être actuellement troublés, habitués qu’ils sont au discours enragé, martelé chaque jour, que ces traîtres à la patrie, terroristes responsables d’un coup d’Etat déjoué en 2018, ne verraient jamais la lumière du jour. C’est le discours officiel. Traîtres, terroristes, racailles, vendus. Et ils l’ont vu, ils l’ont vu la liberté. Comme tout le pays le verra un jour.

Tous les prisonniers et prisonnières politiques de la dictature, ceux et celles qui sont montés dans l’avion qui les a emmenés en exil – et ceux et celles qui sont restés, on ne sait toujours pas pourquoi – sont des Nicaraguayens exemplaires. Ils ont résisté dignement pendant de longs mois à l’isolement, dans des cellules disciplinaires, et ont fait de la prison leur tranchée de lutte, une prison où ils n’auraient jamais dû être. Des hommes et des femmes courageux, des dirigeants politiques, syndicaux et paysans, des défenseurs des droits de l’homme, des chefs d’entreprise, des journalistes, des leaders étudiants, des juristes, des universitaires, des prêtres catholiques, et même un évêque, chef des diocèses de Matagalpa et d’Estelí, Monseigneur Rolando Álvarez, une voix prophétique de la vérité.Tous, accusés d’un crime tiré d’un chapeau juridique, «l’atteinte à la souveraineté nationale»; une souveraineté appropriée par un couple, une famille au pouvoir, un vieux parti révolutionnaire transformé en dérision d’un rêve depuis si longtemps abandonné, brisé.Ils n’ont jamais courbé l’échine. Ils n’ont jamais baissé la tête devant les juges nains lors d’audiences orwelliennes. Ils ont porté des uniformes de prisonniers sans porter atteinte à leur dignité. Ils/elles ont donné un exemple de dignité à un pays réduit au silence par la force, qui pendant ce temps voit des milliers de personnes s’exiler, en passant par les failles des frontières, fuyant la répression, le silence, la peur. Un peuple qui ne s’est pas encore réveillé de son long cauchemar – après une autre dictature encore plus féroce [celle des Somoza] –, mais lorsque décolle l’avion qui emmène les prisonniers déportés, célèbre intérieurement ce «départ», avec une joie contenue, même s’il sait qu’il est loin du but final de la liberté et de la démocratie. (…)j

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