Le Nicaragua, autre pays d’exil (entretien avec Hélène Roux / Julie Gacon/ Les enjeux internationaux, France Culture)
À l’occasion de la Journée internationale des migrants, zoom sur un pays qu’ont quitté 100 000 personnes en deux ans, notamment pour fuir le régime dictatorial de Daniel Ortega, la répression des manifestations, et la grande pauvreté. Entretien avec la chercheuse Hélène Roux.
La Journée internationale des migrants, ce vendredi 18 décembre, est l’occasion de parler des 100 000 Nicaraguayens qui en deux ans, ont quitté leur pays. 100 000 sur 6 millions d’habitants…
Pas seulement parce que le Nicaragua est le deuxième pays le plus pauvre des Amériques après Haïti. Aussi et surtout pour ne plus avoir à subir la dictature du président Daniel Ortega, un ancien révolutionnaire dont les méthodes répressives ressemblent à celles de la dictature de Somoza, qu’il a pourtant contribué à renverser, en 1979.
«Les Nicaraguayen.ne.s sont partis de façon assez précipitée et [cela a affaibli l’opposition, qui] est actuellement divisée. Si elle a été unie dans les premiers temps pour faire face à la répression, on entend de nouveau la petite musique électorale pour les élections de 2021. Et puis, il y a aussi une pression de la communauté internationale pour trouver l’homme ou la femme providentielle qui, au Nicaragua pour l’instant, n’est pas du tout la problématique. La problématique, c’est surtout le rétablissement des droits des droits les plus élémentaires, comme le droit de sortir de chez soi. Depuis les élections précédentes de 2016, Daniel Ortega avait conclu un accord avec l’Organisation des États américains pour faire des réformes électorales. Il n’y a pas eu l’ombre, le début du commencement d’une réforme électorale. Donc pour la présidentielle de 2021, il semble qu’il ne va rien se passer. En fait, au lieu de travailler à une réforme électorale qui ait l’air de quelque chose, il y a eu un enchaînement de trois lois liberticides : celle sur les agents étrangers [toute personne ou organisation recevant des financements de l’étranger est désormais obligée de se déclarer auprès du ministère de l’Intérieur], celle sur la cybersécurité et celle sur l’établissement de la perpétuité pour les crimes dits “de haine”.» Hélène Roux.
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