« Nous soutenons l’adoption de la nouvelle Constitution du Chili » (Tribune collective / Le Monde)


À l’initiative d’organisations chiliennes – la Coordinadora Feminista del 8 Marzo et le Modatima, réunis dans la campagne Movimientos Sociales por el Apruebo – et de la Fondation Danielle-Mitterrand, plus de 400 personnalités, parmi lesquelles Philippe Descola ou Virginie Despentes, appellent, dans une tribune au « Monde », à l’adoption de la nouvelle Constitution chilienne.

Le 4 septembre, le Chili devra voter pour approuver ou rejeter la nouvelle Constitution, préparée depuis un an par une Assemblée constituante. Ouvert grâce à la révolte populaire qui a éclaté en octobre 2019, le processus constituant chilien est un moment historique décisif au niveau international. Il concerne toutes celles et ceux qui veulent mettre fin au néolibéralisme et construire des sociétés justes, solidaires, démocratiques et écologiques.

Depuis la France, nous, universitaires, juristes, avocats, élus, scientifiques, artistes, militants associatifs, nous nous engageons aux côtés de la campagne pour approuver ce projet de Constitution et nous soutenons l’adoption de la nouvelle Constitution du Chili. Si les peuples du Chili l’approuvent, ce nouveau texte mettra fin à une Constitution imposée en 1974 par la dictature d’Augusto Pinochet (1915-2006), qui a institutionnalisé un modèle néolibéral sauvage réduisant les droits humains et sociaux fondamentaux, privatisant des pans entiers d’activités et précarisant la vie de la grande majorité de la population.

Le Chili a été le laboratoire de ce modèle désastreux, imposé dans un régime autoritaire et répressif, qui s’est depuis reproduit dans une grande partie du monde. Le bilan de quarante ans de néolibéralisme est sans appel : le Chili est l’un des pays les plus inégalitaires au monde. Un pays où les droits humains sont violés par l’Etat et les entreprises. Un pays où l’exploitation des territoires – et notamment des terres habitées par les peuples autochtones – conduit au sacrifice de zones entières.

Un modèle de Constitution pour le monde

Un pays où l’endettement est une condition de la survie quotidienne. Un pays où les retraités survivent en moyenne avec 288 euros par mois. Un pays où l’eau est une marchandise et où les rivières s’assèchent pour que les portefeuilles de l’agrobusiness et des industries minières se remplissent. Un pays où la santé et l’éducation sont un marché. Un pays où le droit de grève n’est quasiment pas garanti.

Ce processus constituant représente ainsi un moment historique, car il vient remettre en question le modèle néolibéral qui a provoqué ou aggravé des désastres : explosion des inégalités et des ségrégations, déprédation environnementale, destruction des solidarités, montée en flèche des nationalismes, des haines et de la logique du « bouc émissaire »

La recherche de nouvelles alternatives économiques et sociales que représente le processus constituant chilien est donc particulièrement importante à l’heure où, partout dans le monde, nous constatons que la crise du capitalisme se retourne une fois de plus contre les populations les plus démunies, alors que, au même moment, les crises écologiques remettent directement en question nos modèles de développement. (…)

(…) Lire la suite de la tribune ici

Liste complète des signataires ici