Pérou : une campagne électorale sous tension (revue de presse)


À deux semaines du second tour de l’élection présidentielle au Pérou, des milliers de Péruviens sont descendus dans les rues, des milliers de Péruvien.ne.s ont manifesté ce samedi 22 mai contre la candidate de la droite populiste Keiko Fujimori. Face à la popularité du candidat de gauche Pedro Castillo, la droite agite le chiffon rouge du chavisme et remonte dans les sondages. De plus, une attaque meurtrière attribuée au Sentier lumineux dans une région de production de coca pourrait faire monter les tensions dans cette campagne électorale très polarisée.



Des milliers de manifestants
contre la candidate de droite Keiko Fujimori
(Wyloën Munhoz-Boillot / RFI)

Rassemblement contre Keiko Fujimori, le 22 mai. Reuters – Angela Ponce

À deux semaines du second tour de l’élection présidentielle au Pérou, des milliers de Péruviens sont descendus dans les rues ce samedi contre la candidate de la droite populiste Keiko Fujimori. Une mobilisation nationale convoquée par plusieurs organisations de la société civile. La fille de l’ancien président Alberto Fujimori, qui affrontera le candidat de la gauche radicale Pedro Castillo le 6 juin prochain, suscite un fort rejet de la part d’une partie de la population. À Lima, la mobilisation a rassemblé des milliers de personnes, malgré la pandémie et a été marquée par la présence de victimes et familles de victimes du régime d’Alberto Fujimori. « Non à Keiko » et « Fujimori jamais plus » sont quelques-uns des slogans qui ont résonné dans les rues du centre historique de Lima ce samedi.

« Une grave atteinte à notre droit à la justice »

Masque et visière sur le visage, Maria Elena Carbajal est venue manifester, malgré sa santé fragile. Elle est l’une des centaines de milliers de femmes stérilisées de force sous le régime d’Alberto Fujimori et qui réclament justice depuis plus de 20 ans. « On est indignés d’avoir pour candidate à la présidentielle quelqu’un comme Keiko Fujimori qui affirme qu’il n’y pas eu de stérilisations forcées sous le régime de son père, mais une politique de planification familiale. Donc on est là pour témoigner de ce crime et dire ‘non à Keiko’ », témoigne-t-elle. Alberto Fujimori, qui est sur le point d’être jugé pour ces stérilisations, purge actuellement une peine de 25 ans de prison pour corruption et crime contre l’humanité, mais sa fille Keiko Fujimori a déclaré qu’elle le gracierait si elle est élue. (…)

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Une date clé pour le Pérou
(Eduardo Ugolini / Espaces Latinos)

Au cours des cinq dernières années, une crise politique sans précédents, liée à la grande affaire de corruption dite « Lava Jato », a provoqué le changement de quatre présidents péruviens et deux parlements. Depuis 2001, tous les présidents ont tissé des relations crépusculaires avec l’entreprisse Odebrecht. C’est dans ce contexte d’incertitude que les Péruviens, lassés par la politique, se rendront aux urnes pour renouveler leur Parlement et choisir entre un professeur d’école rurale ou le retour du Fujimorisme.

Photo : Sol Lima

Après avoir atteint la première et la deuxième place aux élections générales du 11 avril, le 7 mai certains sondages créditaient le candidat de Pérou Libre de douze à vingt points d’avance sur la candidate de la droite populiste Keiko Fujimori. Mais cette dernière semaine, l’écart s’est considérablement rétréci. La dernière enquête issue d’ El Comercio-Ipsos donne à l’enseignant de gauche 40 % d’intention de vote, alors que la candidate de Fuerza Popular obtiendrait 37 %. D’autres sondages confirment que Pedro Castillo conserve un léger avantage compris entre deux et trois points de pourcentage. Selon le politologue Omar Awapara, Fuerza Popular a réussi à « recueillir plus de votes des indécis », ce qui explique la croissance de Fujimori. « Keiko Fujimori joue le rôle du ‘’moindre mal’’ et ceux qui ne se sont pas sentis enclins à voter pour elle au premier tour ou aux premiers sondages, maintenant ils le font ». Toutefois, Awapara et d’autres analystes s’accordent à dire qu’une « activation » de l’anti-Fujimorisme pourrait être décisive.

Sur ce point, l’image de la candidate de droite sortant de prison en décembre 2019, après avoir purgé treize mois de détention provisoire, est toujours d’actualité. Depuis 2018, elle fait l’objet d’une enquête, accusée de diriger une organisation criminelle spécialisée dans le blanchiment d’argent. En mars 2021, le procureur anticorruption a requis à son encontre 30 ans et dix mois de prison. Selon cette enquête, elle aurait touché 1,2 millions de dollars du géant brésilien du BTP Odebrecht. (…)

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Attaque meurtrière attribuée au Sentier lumineux
dans une région de production de coca
(Le Monde / AFP)

Cette tuerie pourrait faire monter les tensions dans la campagne polarisée du second tour de la présidentielle, le 6 juin, entre la candidate populiste de droite Keiko Fujimori et son rival de gauche radicale Pedro Castillo.

Un hélicoptère de l’armée péruvienne. Photo: Cris Buroncle, AFP (archives) 

Dix-huit personnes ont été abattues dans le village de San Miguel del Ene, dans la vallée des fleuves Apurimac, Ene et Mantaro, principal secteur de production de coca au Pérou. Selon le chef de la police antiterroriste, Oscar Arriola, il s’agit de dix hommes, six femmes et deux enfants. Cette tuerie, que les autorités attribuent au Sentier lumineux, pourrait exacerber les tensions dans la campagne polarisée du second tour de la présidentielle, qui se tiendra le 6 juin.

Selon le gouvernement, le Sentier lumineux – mouvement marxiste-léniniste-maoïste qui a semé la terreur dans l’ensemble du Pérou, au nom de sa « guerre populaire contre l’Etat », entre 1980 et 2000, causant des milliers de victimes – continue d’opérer dans cette région.

La candidate populiste de droite Keiko Fujimori n’a pas manqué d’accuser son rival de gauche radicale Pedro Castillo d’être lié à l’aile politique du Sentier lumineux, ce qu’il nie farouchement. M. Castillo s’est empressé de dénoncer sur Twitter « cet acte terroriste », Mme Fujimori condamnant ces « actes sanglants ».

« Ces faits nous rappellent l’époque de barbarie et de terreur qu’a vécue le pays pendant plus de vingt ans, qui a fait plus de 70 000 morts et un grand nombre de disparus », s’est inquiété l’archevêque Miguel Cabrejos, président du Conseil épiscopal latino-américain. « Des tracts ont été trouvés sur le site, exhortant la population à ne pas participer au processus électoral de 2021 », a expliqué l’armée dans un communiqué, attribuant l’attaque à une colonne du Sentier lumineux dirigée par Victor Quispe Palomino, dit « Camarade José ». (…)

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La droite fait bloc pour contrer le « communiste » Castillo
(Amanda Chaparro / Le Monde)

La candidate de droite à la présidentielle péruvienne, Keiko Fujimori, qui affrontera l’opposant socialiste Pedro Castillo lors du second tour, le 6 juin, à Lima, au Pérou, le 20 mai 2021.
La candidate de droite à la présidentielle péruvienne, Keiko Fujimori, le 20 mai 2021. Photo : Sebastián Castaneda / Reuters

Le candidat de gauche Pedro Castillo fera-t-il du Pérou un second Venezuela ? La question, volontairement provocante, est caricaturale. Mais elle est devenue classique en Amérique latine, ce discours servant d’épouvantail agité par la droite pour discréditer la gauche. Au Pérou, M. Castillo, qui avait créé la surprise en arrivant en tête du premier tour de la présidentielle, le 11 avril, reste favori pour le second tour, prévu le 6 juin. Mais sa rivale de droite, Keiko Fujimori, le talonne désormais dans les sondages.

Présenté comme le dernier avatar du communisme, M. Castillo, un instituteur syndicaliste de 51 ans, menacerait l’équilibre démocratique et économique du pays. Il le « fera reculer de façon barbare », le rendant « encore plus pauvre qu’il ne l’est », tonne l’écrivain et Prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa dans uneardente tribune publiée dans le quotidien espagnol El Pais. Il lui préfère donc Keiko Fujimori.

La fille de l’ex-autocrate Alberto Fujimori (1990-2000), que Mario Vargas Llosa avait pourtant affronté dans les urnes en 1990, est poursuivie pour blanchiment dans l’affaire du financement occulte de ses précédentes campagnes électorales et risque trente ans d’emprisonnement. Héritière et farouche défenseuse du fujimorisme, un courant d’extrême droite populaire et autoritaire, chantre du néolibéralisme, Mme Fujimori serait un « moindre mal » aux yeux de l’écrivain. (…)

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Voir également nos revues de presse précédentes:
Pérou : vers un deuxième tour de l’élection présidentielle le 6 juin 2021 (revue de presse et premières analyses fr.esp.)
Pérou: premier tour électoral dimanche 11 avril en pleine crise sanitaire (revue de presse)