Persécutions, diffamation, menaces de mort : au Brésil, Bolsonaro force les lanceurs d’alerte à s’exiler (Guy Pichard / Bastamag)


Défenseurs des droits, de l’environnement, scientifiques, politiques, artistes… les voix opposées au pouvoir sont toujours plus menacées au Brésil. Au point de choisir de fuir pour continuer la lutte. Récits d’exil.

Photo : ©Guy Pichard

Après son élection, Jair Bolsonaro avait promis aux « gauchistes hors-la-loi » qu’ils devraient choisir « entre la prison ou l’exil » et qu’ils seraient « bannis de son pays » dans « une purge comme jamais le Brésil n’en a connu »… Ce 7 septembre, presque un an avant la prochaine élection présidentielle brésilienne, les partisans du président d’extrême droite manifestent contre les institutions démocratiques, promettant une « anti-révolution » et une « terreur inimaginable »« au nom de dieu », contre ce qu’ils estiment être leurs ennemis. Qui sont ces opposants, dont plusieurs ont déjà été obligés à quitter leur pays ?

Jean Wyllys en fait partie. Ex-député fédéral du parti de gauche PSOL, journaliste et écrivain, le natif du Nordeste est devenu l’ennemi numéro du président au fil des années. « En 2011, j’ai entamé mon premier mandat de député, retrace-t-il. C’est en défendant la communauté LGBTQI+ que j’ai reçu les premières menaces de mort à mon égard, d’abord venues du mouvement religieux évangéliste radical », continue Jean Wyllys. À l’époque, le jeune politicien perçoit déjà la dangerosité de Jair Bolsonaro qui n’est alors qu’un piètre député dans la même assemblée que lui et qui « ne parlait que des droits des militaires et de la dictature, telle une caricature. »

C’est sous le mandat de Dilma Rousseff, présidente de 2010 à 2016, issue du Parti des travailleurs, que la pression s’intensifie, parallèlement à la montée en puissance de Bolsonaro. « La présidente Rousseff avait tenté de lancer un programme pédagogique “école sans homophobie” (retoqué par le Parlement) et Bolsonaro a alors détourné le sujet en attaquant la communauté LGBTQI+ et moi-même », se souvient Jean Wyllys. L’ex-capitaine de l’armée accuse avec opportunisme le gouvernement de l’époque de promouvoir l’homosexualité auprès des écoliers. L’impact médiatique est alors énorme, la machine est lancée…

Métis, ouvertement gay et d’une famille pauvre : tout ce que l’extrême droite rejette

Jean Wyllys échappe alors à une agression à Rio de Janeiro et se retrouve assailli de menaces de mort. L’opposition entre lui et Bolsonaro atteint son apogée lors du vote du Parlement brésilien favorable à la destitution de Dilma Rousseff [1], le 17 avril 2016. Couvert d’insultes homophobes par certains députés au sein même de l’assemblée, le député de gauche crache alors au visage du futur président… « Je ne regrette pas ce geste, lance-t-il. C’est ainsi qu’il faut réagir face un fasciste qui nous menace. Il venait d’attaquer la communauté LGBT et de faire les louanges d’un tortionnaire de la dictature. »

Plus médiatique que le futur président, Jean Wyllys incarne alors tout ce que l’extrême droite brésilienne rejette : il est métis, ouvertement gay et provient d’une famille pauvre. Un profil identique à celui de son amie et collègue, Marielle Franco, assassinée en 2018 et dont le meurtre par d’anciens policiers et miliciens n’a toujours pas été résolu (…)

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Sur Jean Wyllys et Marielle Franco,
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