Positionnement du Comité Pour La Libération Des Prisonniers Politiques au Honduras (COFADEH)

Nous, les soussignés, représentants des organisations engagées pour la liberté, l’intégrité et la vie, créons ce jour le Comité National pour la Libération des Prisonniers Politiques au Honduras.

Nous voyons le jour deux mois et demi après le coup d’état politico-électoral qui, jusqu’à ce jour, a eu pour conséquence une situation systématique de privation de liberté, inédite dans l’histoire récente, des opposants politiques et des leaders des mouvements sociaux communautaires. Cette situation, comme nous avons pu le constater, a eu comme résultat de nombreux actes de tortures, vexations, criminalisation et un solde lamentable, à cette date, de 38 assassinats pour des raisons politiques, 22 prisonniers politiques et 80 personnes objets de poursuites judiciaires.

En conséquence, l’objectif de ce Comité National est d’exiger, de manière coordonnée, précise et engagée, la libération immédiate de toutes les personnes emprisonnées pour avoir manifesté leur rejet de l’imposition de résultats électoraux frauduleux et de la prestation de serment d’autorités usurpatrices, illégales et illégitimes.

Nous formons ce Comité au pire moment de la conjoncture hondurienne, dans le cadre d’une stratégie internationale d’attaque politique et militaire à la souveraineté des pays latino-américains, qui utilise le régime imposteur du Honduras comme fer de lance et base de l’invasion, et qui induit une manœuvre de détournement des mouvements de résistance nationale en les assimilant aux maras et aux bandes criminelles.

Face à ces nouvelles menaces, le Comité National se constitue pour assurer  la défense formelle pour chaque cas, avec les familles, les amis, les voisins et les organisations de solidarité au niveau local et régional, et pour faire de cet exercice légal, éthique et solidaire une nouvelle façon d’agir et d’exercer une pression globale.

Nous, organisations soussignées, avons l’expérience de ces 35 dernières années, au cours desquelles nous avons fait face à des situations militaires. À différents moments critiques des années 70, 80, 90, et de l’actuelle décennie nous avons dû faire face juridiquement à des procès injustes, à l’usage démesuré de la force, à la dissimulation et la disparition de leaders des mouvements sociaux, et nous avons aussi dû assumer à travers des recours aux juridictions internationales, les effets des coups qui nous ont affecté ces huit dernières années.

Le Comité National utilisera des mécanismes informels de dénonciation et les stratégies d’alliance avec des acteurs internationaux pour mobiliser les volontés en faveur d’une dissidence sociale et politique qui est en danger dans les griffes de la dictature.

Nous sommes conscients de la précarité éthique des institutions en charge des investigations, de la justice et de l’administration des prisons, qui constituent un énorme danger pour l’intégrité et la vie des prisonniers politiques et de leurs défenseur(e)s.

Nous savons aussi quels sont les criminels qui conseillent la Cellule de Crise post coup d’État électoral, et nous connaissons les assassins du bataillon 3-16 qui prennent les décisions au sein de l’actuelle dictature ; ce sont ceux qui ont réclamé l’amnistie pour leurs propres crimes et violations des droits humains.

Il est urgent que nous agissions en cohérence face à cet énorme défi, sans laisser aucune voie possible aux pardons ou aux négociations préalables avec la bande criminelle qui a séquestré l’État.

Liberté pour les prisonniers politiques de toutes les prisons du Honduras !

Tegucigalpa, MDC, le 15 février 2018.

 

Liste préliminaire des prisonniers politiques depuis décembre 2017  (Registre COFADEH) ici http://defensoresenlinea.com/comite-nacional-exigira-la-liberacion-de-las-personas-encarceladas-por-razones-politicas/