Présidentielle au Chili: deux hommes que tout oppose et des électeurs encore indécis (Justine Fontaine / RFI)


En pleine rédaction d’une nouvelle Constitution, qui pourrait remplacer le texte hérité de la dictature, quinze millions d’électeurs chiliens sont appelés aux urnes ce dimanche 19 décembre. Ils devront choisir qui succèdera à l’impopulaire président de droite Sebastián Piñera qui ne peut pas se représenter. Après un soulèvement historique contre les inégalités, cette élection est particulièrement polarisée. D’un côté, on trouve le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, défenseur de la dictature de Pinochet et d’un autre côté, l’ancien leader étudiant de gauche Gabriel Boric.

Les deux candidats José Antonio Kast et Gabriel Boric, le 10 décembre 2021.
Getty Images – Marcelo Hernández

D’un côté, il y a José Antonio Kast, le candidat d’extrême droite, défenseur historique de la dictature du général Pinochet. Il a fait campagne principalement sur la sécurité et l’immigration. Il a dans le passé tenu de nombreuses fois des propos contre les droits des personnes LGBT+, mais entre les deux tours il a essayé de lisser son image au maximum. Par exemple, il a retiré de son programme l’idée de supprimer le ministère de la Femme ou l’idée de donner des avantages sociaux aux femmes mariées plutôt qu’aux célibataires.

Face à lui, l’ancien leader étudiant de gauche Gabriel Boric est allié au parti communiste, mais son programme est plutôt proche de la social démocratie à l’européenne. Ces derniers temps, il a davantage parlé de sécurité et de liberté. Et puis, il a nettement changé de look. Il a troqué ses manches courtes pour des chemises et des vestes de costume. Car à seulement 35 ans une partie des électeurs se demandent s’il a suffisamment d’expérience pour gouverner le pays, même s’il a déjà fait deux mandats de député.

Ambiance tendue dans l’entre deux tours

Le candidat de gauche, Gabriel Boric, a dénoncé plusieurs fois les fausses informations diffusées par le camp de son concurrent José Antonio Kast. Un député du parti d’extrême droite a par exemple publié un photomontage accusant l’ancien leader étudiant d’avoir participé à des violences contre la police.

Un autre député récemment élu a dû quitter le parti de José Antonio Kast après avoir remis en cause le droit de vote des femmes. Et puis lors d’un débat, José Antonio Kast a assuré, à tort, que Gabriel Boric était accusé d’agression sexuelle, avant de corriger ses propos. Gabriel Boric est en effet accusé de harcèlement sexuel, des propos sexistes qui remonteraient à 2012 et qui n’ont pas donné lieu à la présentation d’une plainte pour l’instant. D’un autre côté, il y a quelques semaines, un déplacement du candidat Kast a été perturbé par des riverains, qui étaient mécontents de le voir arriver dans leur quartier.

Un résultat incertain

L’une des questions est de savoir comment vont se répartir les voix du candidat arrivé troisième de cette élection. Franco Parisi, qui a fait toute sa campagne depuis l’étranger, et que l’on peut qualifier de droite populiste, a obtenu 13% des voix. Il tenait un discours anti-élites et anti-partis politiques. Il avait notamment convaincu les électeurs qui se disent ni de droite ni de gauche. (…)

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Des électeurs inquiets ou indécis
face à la polarisation de la présidentielle
(reportage de Justine Fontaine)

Au Chili, ce dimanche a lieu l’élection présidentielle la plus importante depuis la fin de la dictature du général Pinochet, en 1990. Car le scrutin intervient deux ans après le soulèvement lancé en octobre 2019 contre les inégalités sociales. Mais aussi en pleine rédaction d’une nouvelle Constitution, qui pourrait remplacer le texte hérité de la dictature.

Dernier face-à-face télévisé du 2e tour de la campagne présidentielle chilienne le 13 décembre 2021. © AP / Elvis Gonzalez

Or, jamais une présidentielle n’avait été si polarisée depuis le retour à la démocratie. Le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, défenseur historique de la dictature, est opposé à l’ancien leader étudiant de gauche Gabriel Boric. Un scrutin qui génère une certaine inquiétude parmi les électeurs.

Dans les rues piétonnes du centre-ville de la capitale, les passants font leurs achats de Noël. Et des sympathisants du candidat de gauche Gabriel Boric, 35 ans, distribuent des tracts.

Carolina Santana, 41 ans, travaille dans un hôpital public et a prévu de voter pour lui. Elle soutient la plupart des réformes qu’il propose dans la santé, l’éducation et les retraites. Mais pas seulement : « Ce qui me convainc chez lui, c’est qu’il soutient l’Assemblée constituante que nous avons, car c’est quelque chose pour lequel nous nous sommes mobilisés depuis 2019. » (…)

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Voir également :
Chili: l’encombrant père nazi du candidat d’extrême droite à la présidentielle (Justine Fontaine / RFI)
Élections présidentielles et législatives du 21 novembre au Chili (revue de presse)
Chili : le combat féministe à l’épreuve de l’élection présidentielle (Thomas Nicolon / France 24)
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