Référendum au Chili: revue de presse

Les Chilien.ne.s ont voté à une très forte majorité, dimanche 25 octobre, en faveur d’une nouvelle Constitution pour remplacer celle héritée de l’ère Pinochet, lors d’un référendum organisé un an après un soulèvement populaire massif contre les inégalités sociales. Le futur projet de Constitution sera soumis à référendum en 2022.

«Au Chili, c’en est fini de la Constitution maudite de la dictature» (interview de Franck Gaudichaud par Fabien Escalona / Médiapart)

(…) Quelle est la portée historique du référendum du 25 octobre ? 

Plaza Italia, 25 octobre 2020
© Matias Basualdo / NurPhoto via AFP

Dans l’histoire de deux siècles de la République chilienne, il n’y a jamais eu d’assemblée constituante élue au suffrage direct. C’est déjà un premier élément remarquable. Ensuite, le vote de dimanche dernier marque évidemment la fin de la constitution maudite de la dictature. Les partisans de la démocratisation du pays viennent incontestablement de marquer un point. Cela n’a été possible que grâce à la pression du mouvement populaire. Il y a un an et un mois, un changement de Constitution paraissait impossible. Cet événement est le produit direct de la révolte d’octobre 2019, qui a obligé la classe politique à entrouvrir une porte. On a assisté à une nouvelle émergence du peuple en tant que sujet politique, cinquante ans après l’Unité populaire, alors que ces dernières années la vie politique fonctionnait à l’inverse, avec une petite caste qui gouvernait une société atomisée, en lien avec l’oligopole économique.

Comment analysez-vous l’ampleur de la participation et du score pour le « oui » ?

Au Chili, l’abstention augmente très fortement depuis quinze ans. La participation s’est certes révélée plus forte qu’au premier tour de la présidentielle de 2017, avec 500 000 votants supplémentaires, mais on reste à un niveau modeste [en 2006, la présidentielle avait attiré plus de 87 % des votants – ndlr]. On peut considérer ce niveau comme décevant, mais il faut l’apprécier dans le contexte de pandémie qui est le nôtre, et qui a été instrumentalisé par l’extrême droite dans une « campagne de la terreur », consistant à pointer le chaos auquel aboutirait ce scrutin.  Je n’ai pas été surpris par la victoire du « oui », mais par son ampleur. À plus de deux tiers des suffrages exprimés, cela témoigne d’une demande très majoritaire dans le pays d’en finir avec la Constitution de Pinochet, qui va bien au-delà du centre-gauche et des mouvements populaires.

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Le Chili renaît, une majorité éclatante s’est prononcée en faveur d’une nouvelle constitution. (Olga Barry / Espaces Latinos)

Photo : Alataya

La victoire éclatante du « oui » à une nouvelle Constitution (79,27 % contre 21.78 %) ouvre la voie à un Chili nouveau. Le pays doit maintenant entreprendre un long chemin pour construire une nouvelle ère post-Pinochet. La situation est complexe, le pinochetisme avait imposé sa propre normalisation “démocratique » assurant les privilèges des puissants au sein d’un ordre néolibéral et cela devra être transformé. Peu d’un an après que l’explosion sociale avait secoué le pays, lors du référendum historique de ce dimanche 25 octobre, le Chili dit OUI au changement de Constitution, par une majorité écrasante, près de huit Chiliens sur dix, dépassant ainsi les espoirs le plus optimistes. Et, c’est pour la première fois de l’histoire du pays que la loi fondamentale sera rédigée par une convention citoyenne et paritaire élue par votation populaire. 78,99 % ont fait le choix d’une convention formée exclusivement par 155 citoyennes et citoyens élues par une votation populaire le mois d’avril 2021. 

La journée du 25 octobre a été marquée par la participation la plus élevée depuis l’instauration du vote volontaire en 2012. Près de 15 millions de Chiliens étaient appelés à voter, presque 8 millions l’ont fait. De longues files d’attente ont été observées malgré la pandémie. Les jeunes Chiliens ont visiblement voté en nombre alors que 60% s’étaient abstenus lors de l’élection présidentielle de 2017. C’est grâce à la participation massive de cette génération que le pays peut envisager un nouveau départ. (…)

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Chili, 25 octobre 2020 – Feu vert pour une constituante, plus démocratique, sociale et écologique ? (Jean-Jacques Kourliandsky / Espaces Latinos)

Le 25 octobre 78 % des Chiliens ont dit un adieu sans retour à l’ultime vestige constitutionnel de l’ère Pinochet. L’attente d’une nouvelle Loi fondamentale est évidente. Plus démocratique sans doute, plus sociale sans conteste. Mais sera-t-elle plus écologique ?

Photo : Enrique Cerda

Le Chili devait en 2019 organiser et présider la COP25. Les « évènements » d’octobre-novembre en ont décidé autrement. Dépassé et débordé, par les revendications sociales massivement exprimées, le gouvernement du Président Sebastián Piñera a dit pouce et passé le relai à l’Espagne. Très ibériquement cette COP 25 bien que madrilène, a été présentée par les autorités espagnoles comme la COP du Chili. Sebastián Piñera jusque là faisait figure de bon élève en matière environnementale. Choyé par le président français, Emmanuel Macron, en bisbille avec le Brésilien Jair Bolsonaro, Sebastián Piñera  avait été ostensiblement invité au G7 de Biarritz le 24 août 2019. Les indignés de la Place d’Italie (lieu symbolique des manifestations dans la capitale chilienne) ont bouleversé l’agenda international et environnemental. La COP25 chilienne a été la victime collatérale de l’indignation sociale. Et de façon plus inattendue la ratification par le Chili de l’Accord d’Escazú (localité costaricienne) est passé lui aussi « à l’as ». L’Accord d’Escazú, moins célèbre que la COP, est la première manifestation commune d’une volonté latino-américaine de défendre la nature. Le principe de l’invention de cet accord avait été acté à Santiago du Chili le10 novembre 2014. Ses travaux avaient été initiés le 5 mai 2015, sous la présidence du Chili et du Costa-Rica, et menées à bon port en 2018. Le Chili, à la surprise de beaucoup, a décidé le 8 septembre 2020 de ne pas le ratifier. Que dit cet Accord d’Escazú, tout aussi rondement négocié que récusé par le Chili ?  (…)

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Référendum au Chili : un grand oui pour enterrer Pinochet (Thomas Lemahieu / L’Humanité)

Photo: colegio de profesores de Chile

Avec près de 80 % des suffrages, le peuple chilien abandonne la Constitution léguée par la dictature et entend se doter d’une nouvelle Loi fondamentale par le biais le plus démocratique. Mais la droite n’a pas dit son dernier mot. Une page se tourne, mais la suite est loin d’être écrite au Chili. Dimanche, avec une participation plus élevée que lors des derniers scrutins, le peuple chilien a, avec plus de 78 % des suffrages exprimés, plébiscité l’enterrement de la Constitution héritée de Pinochet et des Chicago Boys, garantissant la perpétuelle reproduction au pouvoir des élites conservatrices et le transfert vers le privé de services publics aussi essentiels que l’éducation, la santé ou la protection sociale. Pour la remplacer, plutôt qu’une convention « mixte » faisant une large place aux parlementaires, donc aux partis dominants, les Chiliens ont approuvé, avec la même majorité écrasante (79 %), la création d’une réelle Assemblée constituante, composée exclusivement de citoyennes et de citoyens à parité qui devront être élus dans six mois, en parallèle d’élections déjà programmées dans les collectivités territoriales. « C’est absolument historique, analyse Franck Gaudichaud, politologue spécialiste du Chili, enseignant à l’université de Toulouse-Jean-Jaurès et président de France Amérique latine (FAL). Plus encore quand on remet les choses en perspective : il n’y avait jamais eu d’Assemblée constituante au Chili depuis deux siècles. » (…)

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Chili : «Les féministes ont pris une part importante dans le mouvement constitutionnel» (interview de Franck Gaudichaud par Marlène Thomas / Libération)

Photo Adriana Thomasa. AFP

Un jour historique. Une forte majorité de Chiliens a approuvé dimanche lors d’un référendum l’idée de remplacer la Constitution héritée de l’ère Pinochet. Un texte portant un sceau néolibéral très contesté. Si la forte mobilisation contre la hausse du prix de ticket de métro a déclenché un mouvement de contestation sociale inédit en octobre 2019, les femmes et plus particulièrement les mouvements féministes en ont été des protagonistes majeures. Franck Gaudichaud, politologue spécialiste du Chili et des mouvements sociaux en Amérique latine, revient sur la place des féministes dans ce processus constitutionnel.

Quel rôle ont joué les féministes dans le mouvement social ayant mené à la victoire du «oui» au référendum ?

L’influence du mouvement féministe est importante. Il est devenu un acteur central dans ce qu’on a appelé la rébellion ou révolte d’octobre 2019. (…)

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Lire également le communiqué de France Amérique Latine sur la victoire du peuple chilien ici