Les routes de l’Égée et des Balkans sont des crimes contre l’humanité. (Déclaration du Tribunal Permanent des Peuples)

France Amérique Latine participe régulièrement aux activités et initiatives du TPP. Déclaration du 27 mars 2020. La profondeur, l’étendue, la gravité de la tragédie de centaines de milliers de migrants dans les eaux de la mer Égée et sur les routes des Balkans, est devenue intolérable ces dernières semaines, du fait de la responsabilité partagée de la Turquie, de la Grèce et de l’Union européenne.

La violence de l’intervention des forces de police pour refouler le flux de réfugiés ou empêcher les embarcations de fortune en direction des îles grecques de débarquer, les agressions des bandes et des groupes néo-nazis laissés libres d’agir, les conditions inhumaines dans lesquelles des dizaines de milliers de personnes ayant échappé à la haine et à la violence de la guerre ont été abandonnées sur l’île de Lesbos sont une honte qui entachera, à jamais, la conscience des peuples d’Europe et de leurs institutions communes.

Par cette déclaration, le Tribunal Permanent des Peuples, poursuivant les travaux sur la violation des droits de l’homme que subissent les migrants et les réfugiés, menés lors des cinq Sessions consacrées à ce sujet (2017-2019), avec le soutien de centaines d’organisations et de mouvements de la société démocratique européenne, dénonce spécifiquement le caractère dramatique d’un nouveau recul des politiques et des pratiques de l’UE et de ses États membres. Comme nous l’avons exprimé dans les termes les plus explicites et les plus clairs dans le document final présenté il y a un an à Bruxelles au siège du Parlement européen, les violations des droits de l’homme, massivement et systématiquement provoquées sur des personnes et des populations entières de migrants et de réfugiés, constituent un déni continu, planifié et systématique des droits fondamentaux et constituent de véritables crimes contre l’humanité qui, découlent de politiques publiques auxquelles contribuent de nombreux acteurs. Elles constituent de véritables « crimes systémiques ».

Ces événements démontrent comment la politique d’externalisation des frontières, visant à empêcher les réfugiés d’entrer en Europe par l’annulation systématique du droit d’asile, provoque une véritable catastrophe humanitaire, à laquelle aucun être humain ne peut être indifférent, sans perdre sa propre dignité.Après avoir causé la mort de milliers et de milliers de personnes en mer, dans les eaux de la Méditerranée, par le refus de l’aide ou par le refoulement délibéré, la pratique du mépris de la dignité humaine des réfugiés s’étend maintenant aussi aux frontières terrestres.

Il est inacceptable que la Grèce ait unilatéralement “suspendu” l’application de la législation européenne sur la protection internationale et interdit l’accès au territoire pour demander l’asile, sans aucune réaction des institutions européennes.

Comme l’a noté le HCR,« ni la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, ni le droit d’asile de l’UE ne fournissent de base juridique pour suspendre la prise en charge des demandes d’asile. À cet égard, le gouvernement grec a fait référence à l’article 78, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE). Toutefois, les dispositions qui y sont contenues permettent au Conseil européen d’adopter des mesures provisoires, sur proposition de la Commission européenne et en consultation avec le Parlement européen, au cas où un ou plusieurs États membres seraient confrontés à une situation d’urgence caractérisée par un afflux soudain de ressortissants étrangers de pays tiers sur leur territoire, sans toutefois prévoir la possibilité de suspendre le droit de demander l’asile et le principe de non-refoulement, tous deux reconnus par les normes internationales et réaffirmés par le droit communautaire. Les personnes qui entrent illégalement sur le territoire d’un État ne doivent pas être sanctionnée si elles se rendent sans délai auprès des autorités pour demander l’asile » (…)

(…) Lire la suite de la déclaration, sa traduction en plusieurs langues et la liste des signataires ici

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