#SOSColombia: qu’est-ce qu’il se passe en Colombie? (Nexus Human Rights)


Bruxelles le 5 juillet 2021. Aujourd’hui marque le soixante-neuvième jour de la plus grande vague de protestations sociales des quarante dernières années de l’histoire colombienne, qui a été à la fois la manifestation sociale la plus violemment réprimée par l’État colombien. Les chiffres indiquent qu’en moyenne plus d’une personne a été tuée chaque jour dans ce contexte.

Comme point de départ, il importe de souligner que, dans la pratique, la protestation sociale en Colombie est loin d’être reconnue comme un droit; ont généralement été stigmatisées et réprimées par un usage illicite de la force contraire aux normes internationales relatives aux droits de l’homme, et ceux qui ont exercé et promu ce droit ont souvent été persécutés, soit dans le contexte de la protestation sociale ou postérieure à celle-ci, et par des mécanismes légaux comme par des mécanismes de fait.

Les journées actuelles de protestation sociale ont commencé le 28 avril 2021 et se sont déroulées sur 77 % du territoire national, soit 864 des 1122 communes du pays, selon les chiffres officiels[1]. En moyenne, au cours de ces deux mois, 219 actions de protestation contre les politiques du gouvernement national se sont déroulées chaque jour, entre mobilisations, marches, barrages de routes et assemblées communautaires.

Il importe de souligner que la répression de la protestation sociale en Colombie a été une pratique constante, qui s’est intensifiée sous le gouvernement actuel. Entre le 24 août 2018 et le 13 septembre 2020, les organisations de défense des droits de l’homme ont signalé que 57 personnes avaient perdu la vie au cours de manifestations sociales pour les agissements de l’Escadron mobile antiémeute – ESMAD de la Police nationale.

Quelles sont les raisons des protestations et de l’indignation en Colombie?

Ces derniers temps, les manifestations ont été motivées par des causes structurelles telles que l’aggravation de la pauvreté et des inégalités sociales, qui font de la Colombie le deuxième pays le plus inégalitaire du continent américain. Cette situation a été aggravée par la gestion désastreuse de la crise sanitaire du covid-19, au cours de laquelle le gouvernement actuel a cherché à imposer une série de réformes régressives qui toucheraient les secteurs les plus pauvres de la Colombie, ce qui a conduit à une participation sociale massive aux manifestations et à l’indignation généralisée de la population.

Outre le mécontentement initial, les protestations ont été renforcées par le refus du gouvernement de mettre en place des cadres de dialogue sérieux et efficaces pour trouver des solutions à la crise, et surtout par la décision de réprimer violemment les manifestations, par l’utilisation d’armes à feu par la police et par la présence des forces armées[2].

La stigmatisation de la protestation comme prémisse des crimes commis contre les manifestants

Les événements en Colombie ont été précédés de stigmatisations de la part de hauts fonctionnaires, dont le président Ivan Duque et plusieurs ministres de son cabinet, ainsi que de certains maires et hommes politiques du parti au pouvoir. Ceux-ci, contrairement à leur obligation de protéger et de préserver la garantie constitutionnelle du droit à la protestation sociale, ont signalé dans les médias et les réseaux sociaux que ceux qui protestent sont “Vandales et terroristes”, “ennemis ou criminels”[3].

Sur les 14000 activités de protestation[4], « la plupart ont été pacifiques. Toutefois, les organisations de défense des droits de l’homme et les organisations sociales ont dénoncé le fait que la violence avait été exercée directement par les forces de sécurité, par leurs propres moyens et en infiltrant les manifestants avec des agents civils qui avaient commis divers vandalisme, ont tiré des armes à feu sur la population et ont été protégés par les institutions. De tout cela, il existe des enregistrements cinématographiques qui ont été diffusés par les médias et les réseaux sociaux[5] .

Outre ce qui précède, ces déclarations ont donné lieu à des discours de haine exacerbés dans certains secteurs de l’élite colombienne et ceux qui ont tiré sans discernement sur des manifestants, en particulier sur des populations bénéficiant d’une protection spéciale, par exemple, des délégations de la communauté indigène ont été attaquées comme le 9 mai dernier dans la ville de Cali[6].

Les crimes commis en Colombie pendant les manifestations sociales ne peuvent être considérés comme des actes du service de la Force publique

Les forces de sécurité ont commis des assassinats, des disparitions forcées, des actes de torture, des viols et d’autres formes d’agression sexuelle, ainsi que des blessures intentionnelles aux yeux des manifestants et des homicides, qui ne peuvent être comprises comme des actes du service. Ces faits doivent être analysés à la lumière du droit international des droits de l’homme en tant que crimes contre l’humanité, car ils ont été commis de manière généralisée et systématique dans toutes les régions de la Colombie.

De même, la violence exercée contre les femmes du fait qu’elles sont des femmes et la violence exercée contre ceux qui ont des identités ou des orientations sexuelles différentes, notamment, et les violences sexuelles et autres violences fondées sur le genre, ont été utilisés comme des moyens d’empêcher la jouissance effective des droits, notamment de participer à la vie politique du pays, sans discrimination ni violence, et ces pratiques constituent de graves violations des droits de l’homme [7].

Ces actes ont prétendu faire l’objet d’une enquête de la part de la justice pénale militaire, parce qu’ils ont prétendu être considérés comme des “actes du service propre” et non comme des violations graves des droits de l’homme. Il convient de noter que c’est la justice ordinaire qui devrait connaître des enquêtes sur tous les crimes qui se sont produits et qu’en aucune circonstance la justice pénale militaire ne devrait connaître de violations des droits de l’homme et moins de crimes contre l’humanité. (…)

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