Venezuela : enjeux de l’élection législative du 6 décembre 2020 (revue de presse)

Les élections législatives vénézuéliennes auront lieu le 6 décembre 2020 afin de renouveler les 167 députés de l’Assemblée nationale. Un temps avancées à 2018 puis reportées suite à la pandémie de Covid-19, elles sont finalement organisées dans le contexte de crise politique entre le gouvernement et l’assemblée sortante, au sein de laquelle l’opposition est majoritaire depuis les élections législatives de 2015.

Dernière minute: Législatives au Venezuela: victoire du parti de Maduro qui reprend le contrôle du Parlement (Marie Normand / RFI)

Venezuela : enjeux de l’élection législative du 6 décembre 2020 (vidéo de Christophe Ventura / IRIS)

Christophe Ventura, directeur de recherche à l’Institut de Relations  Internationales et Stratégiques / IRIS et responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe, vous donne régulièrement rendez-vous pour ses “Chroniques de l’Amérique latine”. Cette semaine, il évoque les enjeux et perspectives de l”élection législative qui va avoir lieu au Venezuela le 6 décembre prochain, ainsi que son impact pour le pays et pour la région latino-américaine dans son ensemble.


Les Vénézuéliens aux urnes en plein chaos économique (Rosa Moussaoui / L’Humanité)

Caracas, le 2 décembre © Cristian Hernandez/AFP

Pour tenter de sortir de l’impasse politique née de la victoire de la droite en 2015, le président Nicolás Maduro a convoqué, ce dimanche, des élections législatives boycottées par Juan Guaidó et ses alliés. Entre les restrictions de circulation liées à la pandémie et les pénuries d’essence qui se sont aggravées ces derniers mois, Caracas tourne au ralenti. Sur les grands axes désertés, des camions antédiluviens acheminent de rares containers ; des fresques murales vilipendent Donald Trump, prié de mettre « bas les pattes ». Des gosses barbotent dans les eaux sales d’une tranchée ; sur l’avenue Casanova, d’interminables files d’attente se forment au pied des autobus ; les gigantesques panneaux électoraux du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) se déploient au sommet des tours – « Cuidamos la patria ! » (« Nous prenons soin de la patrie ! »). À la veille des élections législatives convoquées ce dimanche 6 décembre, la propagande électorale du parti au pouvoir se passe de l’image du président Nicolás Maduro, plutôt discret durant la campagne, mais elle use abondamment de celle de son prédécesseur Hugo Chávez, partout représenté. À la télévision, des images d’archives tournent en boucle : celles de ses discours mettant Washington en garde, dans un langage plutôt cru, contre les conséquences d’une intervention armée. Sept ans après sa mort, la menace militaire demeure, les sanctions américaines mettent le pays à genoux ; l’euphorie des années de prospérité pétrolière, avec une redistribution massive des richesses, a laissé place à la faillite économique, au désastre social, à l’impasse politique. (…)

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Venezuela : l’impossible sortie du chavisme
(entretien avec Thomas Posado et Olivier Compagnon par Florian Delorme / Culture Monde / France Culture)

Caracas 29 juillet 2017 Crédits : RONALDO SCHEMIDT – AFP

Qu’attendre, au Venezuela, d’élections législatives où tout semble joué d’avance, dans un pays affaibli depuis des années par la guerre politique entre les pro et les anti-Maduro – et alors que s’y accumulent les crises économiques, migratoires, sociales et maintenant sanitaires ? Pour l’opposition, le scrutin n’est qu’une mascarade destinée à lui confisquer le pouvoir législatif. Cinq ans après sa victoire aux dernières élections parlementaire, elle se retrouve dans une situation hors norme, à la tête d’une Assemblée nationale privée de la totalité de ses prérogatives par le président Nicolás Maduro. Ce dernier compte sur la victoire de son parti, dimanche 6 décembre 2020, pour fermer définitivement cette parenthèse, et récupérer officiellement un pouvoir qu’il n’a jamais cédé en pratique. Une perspective crédible, l’opposition ayant appelé à l’abstention et la plupart des observateurs électoraux habituels ayant refusé de superviser le scrutin, estimant que les conditions d’un processus démocratique n’étaient pas réunies. Dans ce contexte, l’idée d’une alternance semble irréaliste à court terme.

Une discussion en compagnie de Thomas Posado, docteur en science politique, chercheur associé au CRESPPA-CS (Centre de Recherches Sociologiques et Politiques de Paris), et d’Olivier Compagnon, professeur d’histoire contemporaine à l’université Sorbonne-Nouvelle.

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Enjeux des élections au Venezuela (Marco Terrugi / Venezuela Infos)

Au Venezuela, la majorité des candidates aux législatives de décembre 2020 sont des femmes. 107 organisations de tout bord politique, de la gauche à la droite, et 14 400 candidats se présentent, parmi lesquels aussi des jeunes, des indigènes, des afrodescendants, la communauté LGBTI+ et des personnes souffrant de handicap, ce qui témoigne d’une avancée dans l’inclusion des différents secteurs sociaux et politiques. Le Venezuela organise en moyenne une élection par an, un record dans le continent.

Plus de 30 000 bureaux de vote seront installés dans plus de 14 200 centres électoraux, comme l’a annoncé ce dimanche le Conseil national électoral lors d’une nouvelle journée de vérification des machines de vote, en présence des partis d’opposition.

Les enjeux des résultats sont multiples. Il en sortira une nouvelle majorité au sein de l’Assemblée nationale, disputée entre le chavisme, représenté par le Parti socialiste unifié du Venezuela, et l’alliance du Grand Pôle patriotique, dite Alliance populaire révolutionnaire, et une opposition hétérogène composée de différentes forces, telles que Avanza Progresista, Soluciones para Venezuela, El Cambio, Primero Venezuela, Movimiento al Socialismo et une partie de Acción Democrática (…)

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Au Venezuela, une partie de l’opposition joue le jeu des élections législatives (Marie Normand / RFI)

Le parti d’opposition Cambiemos à Caracas le 1er décembre 2020. © Marie Normand, RFI

Alors que le Venezuela vit les derniers jours de campagne pour les législatives qui se tiendront dimanche 6, dix partis se présentant comme une alternative au camp de Nicolas Maduro ont choisi de jouer le jeu de cette course pour la dernière institution du pays qui échappe au contrôle du parti au pouvoir. Comme le parti Cambiemos. Pourtant, une grande partie de l’opposition alliée au président auto-proclamé Juan Guaidó a choisi de boycotter ce scrutin. Parmi une salle comble de militants en polos violets, la couleur du parti Cambiemos, Walmer Pereira estime que participer au scrutin est la seule façon pour son pays d’aller de l’avant. « Nous pensons que la solution vient du vote. Nous, on n’a pas le soutien de la communauté internationale. La solution, nous l’avons en nous », estime l’homme de 25 ans.

Une opposition claire à Juan Guaidó, soutenu par une cinquantaine de pays qui le reconnaissent président par intérim du Venezuela, dont l’Union européenne. Ce dernier a choisi d’appeler au boycott du scrutin et accuse les partis qui ne suivent pas cette ligne d’être des alliés déguisés du parti au pouvoir. La position des fidèles à Juan Guaidó « n’est pas soutenable », selon le secrétaire général de Cambiemos, Timoteo Zambrano : « Ce que propose l’autre partie de l’opposition n’est pas soutenable dans le temps et s’appuie sur des sanctions qui affectent gravement la population. Le gouvernement vit en ce moment ses heures les plus sombres : 84 % de la population le rejette. Il n’y a pas de meilleur moment pour le vaincre ! » (…)

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