🇻🇪 🇬🇾 Venezuela / Guyana : la crise de l’Esequibo est-elle entrée dans une nouvelle dimension ? (entretien avec Yoletty Bracho / Les Enjeux internationaux – Radio France)


La trêve aura été de courte durée entre le Guyana et le Venezuela. Le conflit territorial qui oppose le Venezuela au Guyana, au sujet de l’Esequibo a connu une nouvelle escalade. Jeudi, le Venezuela a lancé une manœuvre militaire “défensive”. Une résolution pacifique est-elle encore possible ?

Cette image diffusée par les forces armées vénézuéliennes le 29 décembre 2023 montre une frégate vénézuélienne portant l’inscription “L’Esequibo est à nous” ©AFP

La docteure en sciences politiques Yoletty Bracho retrace les tensions qui ont marqué la région de l’Esequibo. Le conflit a commencé au dix-huitième siècle alors que le Guyana était sous domination coloniale britannique. Si le Venezuela et la Grande Bretagne ont trouvé un accord quant à au tracé des frontières à Genève en 1966, le Guyana une fois indépendant revendique le tracé frontalier colonial.

Les deux chefs d’État vénézuélien et guyanien se sont rencontrés sous la médiation du Brésil, qui est frontalier avec les deux pays, ainsi que de la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes. Cependant, Yoletty Bracho nuance les conclusions de ce sommet : “les différentes parties ont conclu d’un accord pour ne pas mobiliser les forces armées, pour ne pas faire usage de la force dans la résolution de ce conflit. Mais lorsqu’on voit l’escalade des tensions, on ne peut se demander si l’accord est suffisamment dissuasif”.

En effet, une flotte britannique a été dirigée vers le Guyana, et des soldats vénézuéliens ont été mobilisés à la frontière avec le Guyana. La docteure en sciences politiques relativise toutefois la probabilité qu’un véritable conflit armé survienne prochainement : “aucun de ces pays, actuellement, n’a ni les moyens ni l’intérêt de rentrer dans un conflit armé. Nous devrions analyser ces mobilisations comme des arguments politiques. Le Guyana, par exemple, a un intérêt à montrer le soutien de la Grande-Bretagne, a intérêt à mobiliser aussi le soutien des États-Unis, comme il l’a fait il y a quelques semaines. Mais de sa part, le Venezuela est dans des négociations avec les États-Unis pour le soulagement des sanctions pétrolières. Ce n’est pas non plus dans l’intérêt du Venezuela de se mettre dans un conflit avec un allié des Etats-Unis.”

“Lors du sommet qui s’est tenu à la mi-décembre entre Maduro et Ali, les deux pages se sont mis d’accord pour se réunir dans trois mois à nouveau, pour rediscuter de la situation à la frontière. Par ailleurs, il est fort probable que les États-Unis fassent pression sur le Venezuela pour apaiser la situation.” La chercheuse déclare également que le Brésil a une position déterminante dans la poursuite des tensions, puisqu’il dispose de bonnes relations diplomatiques avec tous les pays de la région. (…)

Écouter le podcast de l’entretien ici


Pour rappel, voir :
Conflit territorial avec le Guyana: «Plutôt une question de politique interne vénézuélienne» (Entretien avec Yoletty Bracho / RFI)
Venezuela, référendum sur l’annexion de l’Esequibo (RFI/ Espaces Latinos)