Violences policières : la mort de la Salvadorienne Victoria Salazar scandalise le Mexique (Courrier International / Amnesty International)

Des policiers municipaux du sud-est du pays ont maltraité et tué une réfugiée salvadorienne lors de son interpellation: une vidéo circule sur les réseaux sociaux et “le contexte, estiment certains médias, n’est pas sans rappeler celui de George Floyd”.

Lundi 29 mars, à San Salvador, des femmes manifestent contre la mort par violences de policiers mexicains de la réfugiée salvadorienne Victoria Salazar.  
PHOTO / JOSÉ CABEZAS / REUTERS

La mort d’une réfugiée salvadorienne de 36 ans, Victoria Salazar, provoque une indignation grandissante au Mexique. La jeune femme est décédée lors de son interpellation violente par la police municipale de Tulum, dans l’État de Quintana Roo, dans la péninsule du Yucatán, dans le sud-est du pays.

Depuis sa mort, samedi 27 mars, une vidéo circule sur les réseaux sociaux montrant son “arrestation” par quatre policiers municipaux, dont une femme. Le quotidien El Universal résume les faits : “Les policiers intervenaient suite à un signalement pour trouble sur la voie publique et agressions, et ils ont interpellé une femme, qu’ils ont plaquée à terre sur le ventre et menottée. L’un des quatre agents l’a immobilisée en plaçant ses genoux sur son dos, la femme hurlait et gémissait, puis elle a arrêté de respirer​.”

Les quatre policiers ont été depuis suspendus et placés en détention préventive, accusés d’homicide. Le chef de la police municipale de Tulum a également été suspendu de ses fonctions.

Selon le communiqué du parquet général de l’État de Quintana Roo, “la technique utilisée pour la maîtriser et la force déployée étaient disproportionnées et démesurées, présentant un risque élevé pour sa vie. Cette méthode n’était pas proportionnelle à la résistance opposée par la victime​.”

Pour le quotidien Milenio : L’assassinat de cette femme a suscité l’indignation populaire […], dans un contexte qui n’était pas sans rappeler celui de George Floyd, un Africain-Américain qui est mort lors d’une interpellation policière à Minneapolis, aux États-Unis.”

Dix mois après cette dernière affaire qui avait enflammé les États-Unis, le procès de l’ex-policier accusé du meurtre de George Floyd vient justement de s’ouvrir, lundi 29 mars, à Minneapolis.

#JusticiaParaVictoria

Sur Twitter, nombre de gens et d’associations renvoient ces jours derniers vers – entre autres – le hashtag #JusticiaParaVictoria. Comme celui-ci par exemple : “Victoria est la femme assassinée par la police de Tulum. Salvadorienne, immigrée et mère de deux fillettes aujourd’hui orphelines, Victoria n’est pas simplement morte : elle a été tuée. Ils l’ont tuée car c’était une femme, une immigrée qui n’était pas blanche.

Lundi 29 mars, le président Andrés Manuel López Obrador, repris notamment par Milenio, a assuré : “Victoria Salazar […] a été violentée et assassinée, ce qui nous emplit de peine et de honte. Il faut dire à ses proches, aux Salvadoriennes […], que nous sanctionnerons les responsables de ces actes.”

De son côté, le président salvadorien, Nayib Bukele, lui a répondu par un tweet : “Je suis certain que le gouvernement mexicain appliquera strictement la loi pour que les auteurs soient mis face à leurs responsabilités. Nous sommes des peuples voisins, il y a des éléments malfaisants des deux côtés, ne l’oublions pas. Mes condoléances à la famille de Victoria, et surtout à ses deux filles, que nous aiderons par tous les moyens.”

Dans une chronique d’opinion, El Universal, en citant plusieurs affaires récentes, dénonce : “Ces violences policières ne sont pas rares. […] La torture est un fléau systémique dans de nombreuses institutions de l’appareil sécuritaire. Les disparitions forcées sont relativement fréquentes. Et les exécutions perpétrées par la police ou par l’armée sont bien plus courantes qu’on ne le croit.” (…)

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Mexique. Les autorités doivent garantir justice et réparations pour la mort de Victoria Salazar, tuée par la police
(Amnesty International)

Les autorités mexicaines doivent assurer la protection des deux filles de Victoria Esperanza Salazar et informer sa famille du lieu où se trouve sa fille aînée, dont on était sans nouvelles au moment de la publication du présent communiqué de presse, ont déclaré Amnesty International, l’Institut pour les femmes en migration (IMUMI) et le Groupe de surveillance indépendant du Salvador (GMIES) ce lundi 29 mars.

Death of Victoria Salazar ignites more outrage in Mexico | Andres Manuel  Lopez Obrador News | Al Jazeera
Photo : Eduardo Verdugo / AP

Les autorités doivent également garantir les droits de la famille à la vérité, à la justice et à une pleine réparation du préjudice subi, et assurer le rapatriement dans la dignité du corps de Victoria Esperanza Salazar, ont déclaré ces organisations, après la diffusion d’une vidéo sur laquelle on voit quatre policiers qui ont provoqué la mort de Victoria en recourant à une force excessive à Tulum le 27 mars.

« Ils y sont allés trop fort pour maintenir ma fille au sol. Ils l’ont torturée, pour dire les choses clairement. On l’entend crier. À mon avis, les derniers cris qu’on entend, c’est quand ils lui ont brisé la nuque et cassé plusieurs côtes. Je pense qu’aucun être humain ne mérite une mort pareille », a dit Rosibel Emérita Arriaza, la mère de Victoria, à Amnesty International.

« En tant que mère, je sais que je ne retrouverai jamais ma fille, il ne me restera que les souvenirs que j’ai d’elle. Tout ce que je demande, c’est une vraie justice, qu’ils enquêtent sur ce qui s’est passé exactement avec l’abus de pouvoir qu’ont commis ces quatre personnes […], que la loi leur soit sévèrement appliquée. L’État mexicain doit aussi assumer ses responsabilités en tant qu’État, parce que c’est un cas comparable à ce qui s’est passé aux États-Unis avec [George] Floyd. »

La Commission mexicaine d’assistance aux réfugiés (COMAR) a confirmé publiquement que Victoria Salazar était établie au Mexique en tant que réfugiée depuis 2018. Rosibel Emérita Arriaza a confirmé que lundi 29 mars, au cours de l’après-midi, elle avait appris où était la fille cadette de Victoria, âgée de 15 ans, mais elle a ajouté qu’elle ignorait le lieu et la situation dans lesquels se trouvait sa fille aînée, âgée de 16 ans. Elle a indiqué qu’aucun représentant des autorités mexicaines n’avait pris contact avec elle, et qu’elle n’avait appris l’homicide dont sa fille avait été victime que par une personne qui l’avait vu aux informations. (…)

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