Brésil: civilisation ou barbarie ? ( João Sette Whitaker/ Autres Brésils)
Tout allait raisonnablement bien jusqu’à une semaine avant le premier tour. Jair Bolsonaro, l’ex capitaine aux penchants fascistes maintenait une certaine avance dans les sondages, mais se voyait rattrapé par Fernando Haddad, le candidat de Lula, qui effectuait depuis quinze jours une remontée impressionnante. Parti d’à peine 4% des intentions de vote, il arrivait autour de 22% et se positionnait définitivement en deuxième place, après une campagne très courte, puisque le Parti de Travailleurs avait soutenu la candidature de Lula jusqu’au dernier moment possible.
Mais, en une semaine, tout a basculé. Alors qu´il était depuis près d’un mois autour des 25 à 28% des intentions de vote, Bolsonaro a soudain fait un saut, le propulsant à 46% des votes au premier tour, contre 29% pour Fernando Haddad, qui a quand même confirmé sa solide ascension. Cette hausse du candidat d’extrême-droite a tout de suite été mise sur le compte de ce qu’on appelle « l’anti-petisme » (opposition au PT). Après des années du PT au pouvoir, et ensuite durement poursuivi à la fois par des médias acharnés autour du vrai-faux problème de la corruption (qui est endémique et ne se résume pas à un parti en particulier), et par le “juge” Moro qui persécute Lula jusqu’à réussir à le mettre en prison, il s’est établi un sentiment de défiance contre le parti, qui a pu, en effet, favoriser un mouvement “Plus jamais le PT”, menant beaucoup d’électeurs d’autres candidats de centre-droite (Marina Silva, João Amoêdo, Henrique Meirelles) à voter pour Bolsonaro, dès le premier tour.
Mais, toutefois, cela n’est pas suffisant pour expliquer un tel bond de ce candidat en quelques jours. Un fait a alors attiré l’attention. Dix jours avant les élections, des centaines de milliers, sinon des millions de *fake news* ont été diffusées par messages sur la plate-forme de communication Whatsapp, très populaire au Brésil. Des “nouvelles” très perverses, mensongères, ayant toutes des connotations morales : des enfants de 6-7 ans censés effectuer des actes sexuels à l’école avec la légende “voilà ce que seront les écoles si le PT et Haddad gagnent”, des montages vidéos sexuels avec l’image de Haddad et de sa famille, des vidéos attaquant spécifiquement sa fille, et surtout une fausse information au sujet d’un “kit gay” que Haddad aurait distribué dans les écoles quand il était ministre de l’éducation de Lula. Selon ces messages, il aurait distribué dans les écoles un livre d’initiation sexuelle qui “inciterait” à l’homosexualité. Ce qui était faux, évidemment, même si le livre en question, Titeuf, d’un auteur suisse bien connu en France, n’a rien de terrible, mais est au contraire traduit et publié dans plusieurs pays. Mais cela n’a aucune importance, c’était une campagne de diffamation, très professionnelle, où la vérité est la dernière des préoccupations. (…)
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