Brésil : avis de tempête modérée sur Jair Bolsonaro (Sabine Grandadam / Espaces Latinos)


Neuf chefs d’accusation passibles de dizaines d’années de prison soufflent un vent mauvais sur le président brésilien, après la publication d’un rapport de sénateurs sur la gestion de la pandémie au Brésil. Cette nouvelle étape dans les dénonciations qui se sont succédé depuis plusieurs années contre le chef de l’État peut-elle mettre fin à la carrière de l’ancien militaire ?

Jair Bolsonaro à Brasilia le 21 octobre 2021.
REUTERS / Ueslei Marcelino

Jair Bolsonaro fait comme si de rien n’était, mais il se cherche de nouveaux amis (et il en trouve en ce moment de tractations de pré-campagne électorale). Des amis dans son pays, car au G20 comme à la COP26, le président brésilien a paru bien isolé : tout le monde le boude. Il faut dire que les dernières nouvelles de son mandat, notamment celles qui concernent sa gestion de la pandémie depuis mars 2020, ne sont pas très flatteuses. Et cette fois, ces nouvelles reposent sur le travail de longue haleine d’une commission sénatoriale. 

Le 20 octobre dernier, à l’issue de six mois de travail, cette commission d’enquête du Sénat brésilien (CPI) a rendu son rapport de plus de mille pages sur la gestion de la pandémie par le président Bolsonaroson gouvernement et des responsables locaux. La CPI a demandé des poursuites pénales contre le président et 77 autres personnes, dont les trois fils de Jair Bolsonaro. Neuf chefs d’accusation ont été présentés, dont celui de “crime contre l’humanité“, qui ouvre la voie à une requête auprès de la Cour pénale internationale de La Haye. 

Une semaine plus tard, ce lourd dossier de la CPI était déposé sur le bureau du procureur général fédéral du Brésil, Augusto Aras, et sur celui d’un juge du Tribunal suprême (STF), Alexandre de Moraes. Une partie du document a également été remise au parquet de l’État de São Paulo, qui instruit une sordide affaire dite Prevent Senior, liée à l’application sur six cents patients, sans leur consentement, d’un traitement expérimental anti-Covid basé sur l’hydroxychloroquine, dans un groupe hospitalier appartenant à des mutuelles privées, Prevent Senior.  La justice doit maintenant suivre son cours, souvent chaotique et indéchiffrable au Brésil. 

Pas d’orage immédiat en vue 

Les mots sont tranchants qui reprochent au président d’avoir délibérément exposé sa population au Covid-19, en réagissant avec lenteur, en refusant tout confinement et mesures barrière, en fustigeant les élus locaux qui imposaient ces mesures, en refusant la mise à disposition de services et d’infrastructures de soins et en écartant d’emblée toute idée de vaccin, lorsque les laboratoires commencèrent en 2020 à proposer des précommandes. Et bien sûr, en défendant, aujourd’hui encore, l’hydroxychloroquine, au mépris de la vaccination. 

“Apologie du crime““propagation d’une épidémie““prévarication“ ou encore “charlatanisme“ et “crime en responsabilité“ sont autant d’accusations portées par le texte des sénateurs contre le dirigeant et son entourage. Sans oublier l’accusation de crime contre l’humanité pour avoir, en particulier, refusé toute assistance aux populations amérindiennes, une attitude qui a par exemple conduit à des milliers de décès évitables en Amazonie, à Manaus, faute d’oxygène, au plus fort de la pandémie. (…)

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Scandale politico-sanitaire au Brésil (revue de presse)
Brésil : de nombreux manifestants exigent la destitution de Bolsonaro (France 24)