COP 16 Biodiversité à Cali : le bilan (revue de presse)


La COP16 biodiversité s’est terminée, samedi 2 novembre à Cali, échouant à obtenir un accord sur le financement de la feuille de route que l’humanité s’est fixée pour stopper la destruction de la nature d’ici 2030. Si des avancées importantes ont été enregistrées sur la question des ressources génétiques et sur l’adoption d’un statut renforcé pour les peuples autochtones dans les COP biodiversité, les négociations n’ont pu aboutir sur l’enjeu majeur des financements. Revue de presse.


Colombie : les lendemains heurtés de la Cop16 (Frédéric Thomas / CETRI / Le Soir)

La Cop16, le sommet mondial pour la biodiversité qui s’est tenu à Cali, en Colombie, vient de se terminer sur un bilan contrasté. La paix proclamée avec la nature a buté sur le clivage Nord-Sud ainsi que sur les contradictions internationales et colombiennes.


La Cop16, le sommet mondial pour la biodiversité qui s’est tenu à Cali, en Colombie, à peine achevée, l’attention se tourne déjà sur la prochaine Cop climat qui se tiendra à partir du 11 novembre en Azerbaïdjan. Le bilan contrasté de la conférence qui s’est conclue samedi dernier en Colombie met en évidence le clivage Nord-Sud et les contradictions à la fois internationales et colombiennes. Il annonce des négociations difficiles dans la capitale azerbaïdjanaise de Bakou.

Côté face, des avancées notables dont la plus importante est sûrement la reconnaissance du rôle essentiel des peuples autochtones et des communautés locales dans la préservation de la biodiversité, et à qui une place plus significative dans les discussions devra désormais être accordée. D’ailleurs, le président de gauche, Gustavo Petro, voulait faire de cet événement la « Cop des gens ». Il fut, en tous les cas, marqué par une large participation des organisations locales, notamment paysannes, indigènes et afrodescendantes. « La Cop a constitué un événement paradigmatique en matière de participation populaire » affirme à juste titre Tatiana Roa, vice-ministre de l’Environnement.

Au sein de la « zone verte » dédiée à la société civile – en contrepoint de la « zone bleue », lieu des discussions officielles –, le foisonnement de présentations et de conférences fréquemment trop courtes, avec peu de place pour le débat contradictoire, n’a qu’imparfaitement rendu compte de la dynamique en amont qui a catalysé les discussions et rencontres des organisations colombiennes et de leurs relais et partenaires internationaux. Autre réussite, tout aussi transversale, selon la vice-ministre, la mise en avant du thème de la biodiversité et de son étroite relation avec le climat ; le rendez-vous de Cali a réussi à ce que « les trois Cop (Conférences des Parties sur la biodiversité, le climat et la désertification) s’articulent davantage ». (…)

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Cali, Colombie : Cop 16. Une double dénégation ? (Jean-Jacques Kourliandsky / Espaces Latinos)

Cali, capitale du sud colombien, accueillait fin octobre la COP 16, rendez-vous bisannuel des signataires en 1992 de la Convention sur la diversité biologique. Ce rendez-vous colombien, crucial pour l’avenir de la biodiversité, sanctionnait l’engagement de l’Amérique latine pour la protection de l’environnement. En novembre 2025, le Brésil prend le relais. Il organise une grande rencontre sur le changement climatique, à Belém, la COP 30.


Souvent sur la sellette pour leurs manquements supposés à la nature, à la forêt, aux animaux, Brésil et Colombie ont décidé de monter au créneau, en défenseurs modèles. La Colombie depuis l’accession à la présidence de Gustavo Petro, en 2022, a interdit la fracturation hydraulique pour extraire le pétrole, elle a été la première signataire d’un traité dit de non-prolifération des combustibles fossiles, elle a officialisé un plan national ambitieux en faveur de la biodiversité. Mais au soir du 2 novembre, 2024, dernier jour de la COP 16, le bilan s’est révélé décevant, pour la Colombie et l’Amérique latine, pour l’avenir de la biodiversité.

La Conférence de Cali s’est terminée en queue de poisson, certes avec beaucoup de bla-bla. Mais faute de financement, il y a eu dénégation des objectifs affichés. D’autre part victime d’une autre dénégation, médiatique celle-là, la COP16 a révélé les limites d’un exercice contraint par les puissants de ce monde. Les autorités colombiennes avaient déroulé le tapis rouge. Bogotá voulait rompre l’image collant à la peau du pays et de la ville de Cali : violences, trafic de stupéfiants, destruction des ressources naturelles. Cali a été choisie pour cet exercice parce qu’elle avait été en son temps le refuge d’un « cartel », parce qu’elle est la ville la plus dangereuse du pays. Les choses se sont de ce point de vue là bien passées. Les organisateurs avaient réparti de façon rationnelle les lieux de travail et de sensibilisation, en zones de couleurs différentes, bleue pour les officiels, et verte pour les associations et les curieux.

Le sujet était d’importance. Les diagnostics ont dans le passé été bien identifiés, en particulier à la dernière COP 15, au Canada. En décembre 2022, les 196 délégations présentes à Montréal avaient négocié et adopté un accord proposant quatre objectifs mondiaux et vingt-trois cibles pour agir, réduction de l’utilisation des pesticides, protection de 30% de la surface de la planète, restauration de 30 % des espaces dégradés. Un fonds avait été créé pour faciliter la mise en œuvre de ces projets. Or depuis deux ans les avancées constatées ont été modestes. Et le fonds a reçu de bien maigres contributions.

Et la COP16 n’a pas fait bouger les lignes. Le 2 novembre 2024, dernier jour de la conférence, la frustration a été palpable. Un grand nombre de délégués avait quitté les lieux, le 1er novembre, empêchant toute décision le 2, faute de quorum. La prise de conscience, la reconnaissance universelle du problème, n’a pas débouché en l’absence de moyens. Quelques accords nouveaux se sont ajoutés à la liste préexistante, concernant notamment les peuples autochtones et afro-descendants.

Mais les liquidités destinées à faire tourner le moteur sont restées dans les pompes à finance nationales. Le fonds créé en 2022, pour concrétiser les bons vœux unanimement applaudis, est toujours à sec. La création d’un comité de suivi, chargé d’assurer le respect des résolutions votées dans la chaleur des rendez-vous biannuels, n’a pas pu être actée. Le refus de transformer l’essai a valeur de dénégation. Une première dénégation. Première parce qu’il y en eu une autre, étroitement liée à la première. (…)

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COP16 : un échec cuisant sur le financement (Sarah Krakovitch / Reporterre)

Après d’intenses négociations, la COP16 s’est achevée avec l’obtention de textes inédits notamment sur les peuples autochtones, mais aucun accord financier n’a été trouvé.

La présidente de la COP16 et ministre de l’Environnement colombienne Susana Muhamad (au centre) assiste à la dernière séance plénière de la COP16 à Cali, en Colombie, le 2 novembre 2024. – © AFP / Joaquin Sarmiento

Combien de fois a-t-on entendu depuis l’ouverture de la COP16, le 21 octobre, qu’il ne restait que six ans pour appliquer les vingt-trois objectifs de l’accord de Kunming-Montréal, adopté en 2022 ? Combien de scientifiques, représentants d’ONG, de peuples autochtones et de la société civile se sont époumonés pour rappeler l’urgence ? À Cali, en Colombie, tout le monde semblait prévenu de l’état alarmant de la biodiversité, et prêt à en découdre. Mais il aura fallu attendre les tout derniers instants de la COP16 pour que certaines des questions les plus épineuses soient tranchées.

Il faisait déjà nuit noire depuis bien longtemps le 1er novembre lorsque l’assemblée réunie en plénière a finalement mis les pieds dans le plat, après des heures passées à disserter sur les crochets d’une dizaine de textes annexes. Sur les coups de 5 heures du matin, le partage « équitable et juste » des bénéfices tirés des ressources génétiques numériques (DSI en anglais) a finalement été adopté, après plusieurs objections de l’Inde ou du Japon, sous une pluie d’applaudissements, réveillant ceux qui commençaient à piquer du nez.

Prélevées par les industries pharmaceutiques, agricoles, cosmétiques et biotechnologiques, elles sont souvent récoltées dans les pays en développement mais bénéficient aux pays développés. Le texte adopté stipule que les entreprises qui utilisent ces ressources devront verser 0,1 % de leur revenu ou 1 % de leurs bénéfices dérivés des données génétiques de la nature au nouveau « Fonds Cali », sur la base de contributions volontaires. Des délégations comme le Canada et le Chili ont salué un accord historique, tandis que le représentant du Brésil a rappelé le bras de fer habituel sur cette question, pointant les pays du Nord qui « pillent les richesses des pays en développement ».

« C’est une avancée majeure, nous étions inquiets de voir des pays comme la France défendre des entreprises qui piochent dans la nature depuis des décennies sans jamais rétribuer les populations autochtones qui en prennent soin », commente Arnaud Gilles, responsable diplomatie verte du WWF France. Rapport au fait que ce fonds, sous la garde de l’Organisation des Nations unies (ONU), répartira ensuite l’argent entre les pays en développement et les peuples autochtones.

Ces derniers se sont réjouis de cette décision, quelques heures après avoir célébré dans la salle bondée de la séance plénière le premier accord majeur de la soirée : la création d’un organe permanent de la Convention sur la diversité biologique (CDB) représentant les peuples autochtones et les communautés locales. Hautement plébiscité par ces derniers, cet organe leur permettra d’avoir un statut renforcé dans les futures négociations. Joseph Itongwa, coordinateur d’un Réseau mondial des populations autochtones et locales, rappelle qu’il y a « un lien entre les peuples autochtones, l’utilisation des ressources et la pérennité de la biodiversité. Et que créer cet organe permet de le renforcer ».

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COP16 biodiversité : les peuples autochtones obtiennent un statut renforcé (Le Monde / AFP)

Les 196 pays réunis en Colombie ont adopté la création d’un groupe permanent de représentation des peuples autochtones au sein de la Convention des Nations unies sur la diversité.

COP16 de Cali, en Colombie, vendredi 1ᵉʳ novembre 2024. Joaquin Sarmiento / AFP

Les peuples autochtones du monde, qui réclament la reconnaissance de leur rôle de gardiens de la nature, ont obtenu vendredi 1er novembre un statut renforcé dans les négociations des Nations unies sur la biodiversité, par une décision adoptée à Cali. Les pays réunis à la 16e Conférence des parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (COP16), en Colombie, ont adopté en plénière la création d’un groupe permanent – un « organe subsidiaire » – destiné à assurer la représentation des peuples autochtones et des communautés locales au sein de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB).

Des représentants de ces peuples ont multiplié les acclamations et les chants de joie au fur et à mesure de l’adoption de plusieurs textes sur ce sujet. « C’est un moment sans précédent dans l’histoire des accords multilatéraux sur l’environnement », s’est réjouie Camila Romero, une représentante des peuples quechua du Chili. Les 196 pays membres de la CDB « ont reconnu le besoin constant de notre participation pleine et effective, de nos connaissances et innovations, de notre technologie et de nos pratiques traditionnelles ». (…)

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COICA sur la COP16 : avancée historique et appel à la cohérence (Traduction: Cocomagnanville)

Même si la COP16 n’a pas pu se conclure comme prévu, son déroulement a montré à la fois les progrès et les profondes inégalités qui persistent dans la gouvernance mondiale. La COICA célèbre la création du nouvel organe subsidiaire comme un triomphe pour les peuples autochtones, mais réitère sa demande de justice et d’équité dans les mécanismes financiers. 

Photo : Coordination des Organisations Indigènes du Bassin Amazonien (COICA)

La COP16, qui s’est tenue à Cali, en Colombie, restera dans les mémoires comme un moment historique dans la lutte pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones et des communautés locales à la préservation de la biodiversité.

Cependant, l’esprit de collaboration et de justice qui devrait guider ces rencontres a été assombri par la position de plusieurs pays développés, qui ont bloqué la discussion sur un fonds spécifique pour la biodiversité, réclamé depuis plus de trois décennies. 

De la part de la Coordination des Organisations Indigènes du Bassin Amazonien (COICA), nous exprimons notre rejet et dénonçons cet acte d’incohérence et de manque d’engagement envers les pays du Sud.

Malgré les défis, l’une des étapes franchies lors de cette COP16 a été la création d’un organe subsidiaire pour l’application de l’article 8J de la Convention sur la diversité biologique (CDB). 

Cet espace, fruit d’une lutte de plus de 26 ans, assure aux peuples autochtones et aux communautés locales une place à la table des décisions sur la biodiversité.

Avec cet organe, les peuples autochtones auront non seulement une voix, mais seront également en mesure de formuler des recommandations et des conseils au Conseil des Nations Unies sur les questions qui relèvent de l’article 8j, renforçant ainsi la reconnaissance de leurs savoirs traditionnels et de leur rôle indispensable dans la conservation des la biodiversité mondiale.

La création de cet organe subsidiaire marque un précédent dans l’histoire des accords multilatéraux sur l’environnement, renforçant l’engagement de la communauté internationale en faveur de l’inclusion des peuples autochtones.

Cet organe rejoint les deux autres organes subsidiaires de la CDB – l’organe consultatif scientifique et l’organe de mise en œuvre –, permettant d’intégrer les connaissances et pratiques traditionnelles des peuples autochtones dans l’évaluation et la mise en œuvre des accords sur la biodiversité.

Cette réalisation répond au mandat de l’article 8J, qui promeut le respect et la préservation des pratiques et des savoirs des communautés autochtones, reconnaissant leur rôle fondamental dans la protection de la diversité biologique.

Selon les mots de Camila Paz Romero, porte-parole autochtone : « Il s’agit d’une occasion sans précédent dans l’histoire des accords multilatéraux sur l’environnement. Les peuples autochtones et les communautés locales du monde, connectés par nos systèmes de connaissances au service de la vie et de la biodiversité, se souviennent du long chemin que nous avons parcouru dans le cadre de cet accord. » (…)

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Leer en español : COICA: Avance histórico y llamado a la coherencia


La COP16 biodiversité se termine à Cali, échec des négociations sur le financement (Le Monde / AFP)

La COP16 biodiversité s’est terminée, samedi 2 novembre à Cali, échouant à obtenir un accord sur le financement de la feuille de route que l’humanité s’est fixée pour stopper la destruction de la nature d’ici 2030.

Les négociations ont été suspendues au matin par la présidente colombienne du sommet des Nations unies quand Susana Muhamad a constaté avoir perdu le quorum des délégués, partis attraper leur avion après une nuit blanche en plénière. La conférence a été suspendue après l’échec des négociations cruciales sur le financement et sur un mécanisme de suivi, censé assurer que les pays remplissent leurs engagements pris il y a deux ans à Montréal pour sauver la nature.

La présidence colombienne se félicite en revanche d’avoir obtenu l’adoption de décisions dont elle avait fait sa priorité : un statut renforcé pour les peuples autochtones dans les COP biodiversité, un texte sur la reconnaissance des « afrodescendants », et la mise en œuvre d’un fonds multilatéral. Ce dernier vise à partager avec les pays en développement les bénéfices réalisés par des entreprises grâce au génome numérisé de plantes et animaux de leurs territoires. (…)

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À Cali, la COP16 sur la biodiversité s’achève sans accord sur des sujets cruciaux (Perrine Mouterde / Le Monde)
La COP16 biodiversité s’achève entre échec cuisant sur le financement et avancées notables(Julie Renson Miguel / Libération)


Pour rappel, voir aussi :
COP 16 : entre négociations et “COP des gens” (revue de presse)
COP16 : la Colombie, un pays hôte dont la biodiversité est très menacée (Sarah Krakovitch / Reporterre)
COP16 Biodiversité : “Les peuples autochtones sont de meilleurs acteurs que les ONG en termes de protection de la nature” (Maya Elboudrari / TV5 Monde)
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